Se découvrir et se retrouver dans une grille de lecture « Haut Potentiel » est une étape importante dans la vie d’une personne. Cela demande une forme de digestion, la relecture de son histoire de vie avec un nouveau regard, de faire des liens. Ensuite vient l’étape d’appropriation de cette grille de lecture avec la juste distance. Mon expérience montre que souvent, cette découverte « Mais oui, je me retrouve tellement là dedans » donne du sens à notre vécu, à notre hypersensibilité, à notre façon de nous sentir tellement en décalage, aux raisons pour lesquelles on nous dit « tu es trop ceci, ou pas assez cela » … « c’est pour ça ! » …
Au fil de lectures, de rencontres, de partages, en cherchant à vous comprendre ou à comprendre votre enfant, vous avez découvert de quoi il s’agit quand on parle de HP, haut potentiel intellectuel, surdoué, zèbre et autres. Alors être « haut potentiel » ça n’est pas « être quelqu’un d’hyper intelligent à qui tout réussi » ? Avoir une autre façon de penser et être extraordinairement sensible, bien plus que la moyenne ne veut donc pas dire que je ne suis une personne dépourvue d’intérêt ….
Les caractéristiques et exemples avancés dans vos lecture se sont imposés dès les premières minutes avec, en arrière fond, un vrai doute « non ça n’est pas possible : moi ? Je me sens tellement en décalage et je n’ai jamais eu l’impression d’être très intelligent, voire je me suis parfois trouvé nul … je ne peux pas être HP ! D’ailleurs une part de moi déteste cette appellation « haut potentiel » qui semble mettre en lumière une posture haute, tellement loin de moi. Et une autre part de moi est rassurée comme si ce terme venait remonter cette basse estime de moi que je trimballe depuis des années. Finalement, ça équilibre et ça fait peut être de moi une personne normale ?
Et pourtant cette nouvelle grille de lecture rentrée dans votre vie comme un ami devenu très vite intime, du gabarit de ceux qui vous connaissent si bien, presque mieux que vous même, nous bouleverse. Voilà donc une révélation et pas la moindre. Un nouveau regard sur soi mais également sur les autres, une nouvelle grille de lecture qui nous permet de mieux nous comprendre et ouvre la possibilité de vivre plus présent à soi en quête d’une vie plus heureuse. Même si cette prise de conscience donne du sens à ce que nous avons vécu, à qui nous sommes et à ce malaise en lien avec une différence que nous ressentons depuis parfois bien longtemps, elle demande un temps de digestion. Et le doute revient « non ça n’est pas possible, j’ai dû me tromper ».
C’est alors que nous avons besoin de nous confronter à la réalité : est-ce que je préfère savoir au risque de m’être trompé ? Ou bien laisser planer le doute ? Pour certains viendra l’étape du bilan chez un professionnel (un test de QI et une anamnèse au minimum si l’on en croit les spécialistes) : l’angoisse est souvent là, en arrière fond pour certains ou en pleine face pour d’autres. Comme si ce nouveau regard, cette validation d’un professionnel étaient essentiels pour assurer notre légitimité. Pour d’autres, avoir enfin mis des mots sur un ressenti de longue date et avoir cette nouvelle grille de lecture est suffisant. C’est alors que vient la question (si elle ne s’est pas déjà posée) et l’envie de crier au monde la découverte la plus important qu’il soit !
A qui en parler ? Tout le monde ne sait pas ce que « Etre HP » veut dire, il existe des tas de mythes, de préjugés et d’aprioris sur la question par méconnaissance le plus souvent, par refus de constater que cela fait écho pour d’autres, et pour des tas d’autres raisons. D’une part, le risque en en parlant trop rapidement est de ne pas s’adresser aux « bonnes » personnes et d’autre part, je vous invite à explorer les raisons qui vous mènent à en parler. Quelques questions clés donc pour vous décider :
- La personne est-elle avertie ? Vous n’aviez aucune idée de ce que ce sujet englobait jusqu’à présent, pourquoi les autres le sauraient -ils ?
- Etes-vous dans une relation de confiance avec cette personne ?
- Cette personne a-t-elle une capacité d’écoute et d’accueil suffisante ?
Qu’est-ce que je recherche en exprimant ce nouveau regard sur moi ?
- La reconnaissance que je n’ai jamais eue de cette personne ? Pas certain que cela soit la meilleure piste !
- Le besoin d’être compris ? Dans ce cas, mettez en lumière votre mode fonctionnement différent pour donner des clés à la personne (c’est également le cas pour vos enfants dans le cadre scolaire d’ailleurs)
- le besoin de partager ? Il est clair que cela est une info difficile à garder pour soi et qu’en parler permet de prendre du recul. Sachez qui sont vos alliés et à qui vous partagez cette mise en lumière. Au bénéfice du doute, adressez-vous à un professionnel qui connait bien le sujet.
- La personne à qui vous voulez parler est, selon vous, également concernée ? Prenez le temps de vérifier que cette personne est prête à entendre cette information, allez-y pas à pas et surtout soyez conscient que tout le monde n’a pas forcément le même besoin de se comprendre que vous …
Voilà donc les quelques questions à se poser (parmi d’autres) pour limiter les risques :
celui de se sentir encore plus incompris, encore plus en décalage et parfois rejeté …
à l’inverse de ce qui faisait sens dans la démarche initiale.
Et pour terminer, se découvrir « haut potentiel » ou en avoir les caractéristiques est un vrai processus,
cela demande un temps d’intégration … chacun à son rythme !
Oui…ça fait 9 ans que ma Puce a été diagnostiquée HP, puis mon fils aîné ; le petit on ne lui a pas fait passer les tests…mais aucun doute là dessus. Mon mari je le savais…et pour moi, j’ai mis ça en veilleuse. Aujourd’hui, un énième conflit, une obligation de prendre distance, un énième coup au coeur et je réalise qu’il faut que je l’accepte maintenant.
Se découvrir HP donne une grille de lecture, c’est une première étape qui permet d’aller plus loin et de manière plus juste dans son propre développement personnel. Belle route à vous !
Oui…ça fait 9 ans que ma Puce a été diagnostiquée HP, puis mon fils aîné ; le petit on ne lui a pas fait passer les tests…mais aucun doute là dessus. Mon mari je le savais…et pour moi, j’ai mis ça en veilleuse. Aujourd’hui, un énième conflit, une obligation de prendre distance, un énième coup au coeur et je réalise qu’il faut que je l’accepte maintenant. Et je me demande : »Et maintenant je fais quoi? »
Je continue donc ma réponse. Quand on découvre sa douance, il est nécessaire de passer par une phase d’intégration et peut-être de relire les différents moments de sa vie avec cette nouvelle grille de lecture. Rien ne change concrètement mais le regard sur soi peut évoluer et parfois de façon radicale. Se faire accompagner peut-être important dans ce cas si vous vous sentez perdue.
je te remercie, Nathalie, d’exprimer aussi bien tout cela. c’est exactement ce que je ressens, les questions que j’ai pu me poser et les écueils dans lesquels je suis tombée !!!
tu sais y mettre les mots justes ! je me sens moins isolée et comprise !!! ;.))
Merci Johanne 🙂
Bonjour Nathalie, je croise ici et là des personnes qui sont très probablement hp, et je leur en parle ou je leur passe un livre… Quels sont les critères à ton avis qui montrent qu’une personne ne serait pas prête à l’entendre, ou au contraire serait prête? Comment expliquer brièvement ce qu’est une personne hp pour ne pas blesser et que la personne ne se ferme pas? J’ ai juste envie d’ aider la personne quand j’ en parle…
Bonjour Maryline, je pense qu’il est important d’y aller pas à pas et de questionner la personne sur ce qu’elle vit. Pour peu qu’elle aie envie d’en parler. Nul ne peut pousser un aveugle à voir. Et il me semble important de pouvoir respecter que la personne n’est peut-être pas prête. Personnellement, j’ai des amies qui pensent ne pas être HP et je n’insiste pas quand elles me disent « tu en vois partout ». Je les écoute régulièrement et les conseille si elles en ressentent le besoin mais je n’insiste pas, de temps en temps je fais un clin d’oeil du style « tiens c’est rigolo sur ce point là tu fonctionnes comme une personne HP »
Les etapes sont remarquablement decortiquees et decrites. Je m y reconnais exactement. Une question cependant, je me rends compte que les test ne sont pas toujours interpretables notamment quand il y a heterogeneite le QI n est pas calculable. Que faire lorsqu’on se reconnait dans le tableau clinique et que l exploration parle de TDA et pas de HP? Un de mes enfants vit cette situation alors que sa soeur et moi avons ete dignostiquees HP mais par une autre equipe. Lui n a vu qu une psychologue qui travaille seule.
Il met en doute son interpretation car sur certaines competences il trouve des contradictions entre les rresultas du test et ceux d’un test de competences qu un organisme financier lui a fait passer en entretien d embadess la meme sesemaine. Que lui conseillerez vous svp?
Bonjour,
je ne connais pas votre fils, ni les éléments complet de son bilan et il est difficile de répondre (d’autant que ma zone de compétence n’est pas liée aux bilans).
Bien souvent il y a amalgame entre différents aspects de « diagnostics » surtout s’ils ne sont pas posés par des spécialistes de la douance qui ont assez d’expérience pour aborder la question de manière globale.
D’autre part, il me semble risqué (voir dangereux) d’associer des tests de personnalités passés en entreprise à un bilan HP. Ces tests sont souvent basés sur des comportements et quand on les passe dans le monde de l’entreprise, il est possible que l’on réponde aux questions (consciemment ou pas) sur un mode « professionnel » et donc adaptatif à la fonction. Ils ne sont donc pas toujours le reflet de notre véritable essence. Quand ils le sont, ils mettent en avant des traits qui nous caractérisent et permettent de mieux nous connaitre. Si pour certains de ces tests les résultats montrent certaines tendances pour les personnes à haut potentiel, en aucun cas ils ne sont le reflet du haut potentiel en tant que tel. A prendre donc comme un outil de connaissance de soi, une grille de lecteur qui se superpose à d’autres grilles comme le TDA, haut potentiel etc …
Et après ?
Personnellement ce fut un pas de plus vers la réconciliation avec moi-même, un grand. Ce fut également l’occasion de donner du sens à un parcours singulier, de l’assumer et de (me) pardonner. Je n’ai pas eu besoin d’autre reconnaissance que celle que je me dois.
J’en ai bien sûr parlé à mes proches, ma famille, avec qui je partage une relation de confiance inconditionnelle. Diagnostiqué à 45 ans, l’annonce à mes parents et à ma soeur, accompagnée de l’expression de tout mon amour pour eux, fut un merveilleux moment de notre vie de famille.
Avec d’autres proches dans la confidence, j’ai eu à gérer la procuration qu’ils s’étaient accordés, affichant mon score avec fierté, comme certains parents le font de celui de leur enfant, comme on se ressent célèbre de connaître une célébrité. Ce point là est assez contrariant. Gérable, géré, mais contrariant.
Mais cela ne m’appartient pas… Cet « Et après » est le leur.
Merci pour ce témoignage qui illustre cette réconciliation avec vous même
Je n’aime pas le terme hp, je préfère nettement et cela raisonne mieux émotifs talentueux car je suis très émotive (cela m’arrive de pleurer devant la télévison, trop sensible) et j’ai à découvrir le potentiel qui est en moi dont je ne suis pas consciente. C’est en pointant du doigt ma différence ou certaines reconnaissant certes de mes capacités que je me découvre car pour moi j’ai un comportement normal et c’est l’autre qui me renvoie que je suis différente. Cela fait peu de temps que j’ai des couverts l’existence de grille de lecture et que chacun a la sienne. Je croyais que ma grille était la même pour tout le monde.
Ma mère vient d’avoir 88 ans. Elle a encore toute sa tête mais elle l’a perdue à la fin de la trentaine. Dépression majeure, elle a été internée et a reçu des chocs électriques. On l’a diagnostiqué bipolaire, ce qu’elle a toujours refusé d’accepter, encore aujourd’hui, elle refuse ce diagnostic. À l’observation, je commence à croire qu’elle est hp et qu’elle s’est suradaptée à la religion et à ce que «la société» attendait d’elle. Ça semble logique puisqu’elle m’a éduquée de cette façon. Je me demande si je devrais lui parler de ça, à mon avis, ça la libérerais mais comment savoir si elle est vraiment hp? Mais j’en suis presque sûre…
Bonjour nathalie
Mon mari est hp mon fils a 18 ans il a l hypersensibilité à ne pas en douter il a u son bac sans trop forcer
Il ne savait pas comment orienter sa vie professionnelle trop difficile pour lui de se projet de faire un choix
Nous avons choisi pour lui
A aujourd’hui il n arrive toujours pas à nous dire ce qui lui plairait
C un enfant qui est introverti qui ose difficilement s exprimer
Penser vous qu un bilan QI puisse l aider à trouver sa voie ??
Merci bcp pour votre réponse et bravo pour le congrès
Bonjour et merci pour cet article.
Moi une psy m’a dit que j’étais hp il y a quasi 9 mois je crois, en m’invitant à aller me faire diagnostiquer si j’en ressentais le besoin.
Je l’ai enfin fait vendredi dernier, et la psy a bien validé l’hypothèse de l’autre, mais sans pouvoir me faire passer la WAIS car je la connais (l’ayant faite passer de nombreuses fois en tant que psy). Je me retrouve donc avec un diagnostic se basant sur la clinique, qui ne laisse pas de doute selon ces deux psy…moi je les crois, mais force est de constater qu’il y a une partie de moi qui doute quand je vois mon extrême sensibilité sur le sujet de la reconnaissance. J’ai l’impression que les gens le remettent en question, ne me reconnaissent pas etc.
Pour revenir au début, lorsque la première psy m’a parlé du hp, j’ai eu un accès de confiance en moi comme jamais, comme si je revoyais toute ma vie en mieux, en beau, comme si enfin le monde entier voyait qui j’étais ! Le truc que je désirais secrètement depuis toujours, qu’on me voit moi et mes capacités, je retrouvais ma force, mes envies, mes projets grandioses de changer le monde…
Puis c’est retombé et petit à petit mon état s’est empiré je dirai, jusqu’à ces derniers temps où je perçois que je me renferme, je ne vois presque personne à part ma famille (mais pas souvent car sont loin) et mes amies proches que j’ai au téléphone (car loin aussi), mais je ne me sens pas comprise même par mes amies proches, je remets tout en question. C’est comme si je ne leur faisais plus confiance dans leur capacité à me comprendre. De toute façon ça a toujours été le point douloureux chez moi, j’ai toujours eu un extrême besoin que les gens me comprennent vraiment, et c’est rare que j’ai eu vraiment l’impression d’être comprise (si ce n’est avec un patient hp adulte que je reçois en ce moment, avec lui je me retrouve vraiment, je me sens sur la même longueur d’onde, même si c’est moi qui suis là pour lui et pas l’inverse 😉
Puis je ne me sens pas aimée (ça a toujours été ma corde sensible ça aussi ! puis je suis célibataire depuis un certain temps alors ça n’aide pas), j’en veux aux gens, j’en veux aux amis qui sont tous en couple et/ou avec des enfants, j’ai l’impression que tout le monde s’en fout de moi, que je passe toujours après…bref, tout ces ressentiments ne sont pas nouveaux mais là je dirai que c’est encore plus intense que d’habitude et pour le moment je n’arrive pas à revenir; comme si ce mot de hp posé sur moi et mon fonctionnement venait valider ce que j’appelais avant mes névroses ou mes délires, en terme négatif. Là je me dis, c’est pas un défaut à travailler en thérapie, c’est moi. Mais va falloir que j’apprenne à le gérer…
Donc pas facile pour moi d’accueillir tout ça pour le moment, je suis contente d’avoir un mot de poser dessus (même si je n’aime pas les mots qu’on utilise pour ce truc) mais je ne sais pas le digérer pour le moment. J’essaie de trouver une psy spécialisée hp pas loin de chez moi, mais pour le moment pas trouvé.
Auriez-vous des mots rassurants (ou pas après tout) pour moi ?
Merci !
Je comprends que cela soit difficile. Souvent je dis que nous sommes comme des aimants, nous attirons ce que nous avons à l’intérieur. Apprendre à ouvrir le coeur, à écouter le silence à l’intérieur de soi en prenant des moments pour soi, en se promenant dans la nature.
J’ai observé que plus nous cherchons nos réponses à l’extérieur de nous, dans le monde, dans la douance ou autre, moins nous trouvons des réponses satisfaisantes.