Quelle est la différence entre un HP, un HPI (comprendre Haut Potentiel intellectuel), le haut potentiel émotionnel, être surdoué, haut potentiel ? Et que diable vient faire cette histoire de zèbres dans le paysage ? Pourquoi parle-t-on de sur-efficience, d’atypique et … au secours je n’y comprends plus rien !

Effectivement, il y a franchement de quoi se perdre en chemin quand on débarque dans ce nouvel univers. Et ces questions reviennent régulièrement lors de mes échanges avec les personnes qui arrivent dans les groupes que j’anime … Alors prêt pour un petit récapitulatif ?

Quand on parle de HP, on aborde le haut potentiel. La personne concernée par le haut potentiel est aussi appelée une personne surdouée. Ils sont concernés par la douance.

Qu’est-ce que la douance et comment la vérifier ?

C’est la qualité d’une personne douée voire surdouée. En (très) résumé, une personne surdouée est une personne qui dispose d’une intelligence et d’un fonctionnement qualitativement différent de la moyenne. La personne à Haut Potentiel (un autre terme) fait souvent preuve de rapidité d’analyse et de compréhension, elle réfléchit différemment et fonctionne de manière singulière. Son hypersensibilité peut être complexe à maîtriser. *

Pour détecter un surdoué (haut potentiel), il faut utiliser un outil de mesure : cette mesure détermine un quotient intellectuel. Le QI exprime un niveau d’aptitude évalué en fonction d’une population donnée. Les tests sont ajustés en fonction des lieux géographiques et des ethnies. **

Notons néanmoins un aspect essentiel mis en lumière par Monique de Kermadec : « La douance n’a que peu à voir avec un chiffre de quotient intellectuel : les tests permettent d’évaluer la douance, ils ne la définissent pas. »

Classiquement, on parle donc de douance, de surdouement, de personnes à haut potentiel ou à haut potentiel intellectuel, de personnes surdouées ou encore de personnes à haut quotient intellectuel. Et lorsque l’on parle d’enfants, on dit d’eux qu’ils sont précoces car en avance sur leur âge en termes d’apprentissage.

On évoque aussi les THQI (les personnes à très haut potentiel intellectuel, le terme se réfère aux personnes qui ont un QI à partir de 145).

Voilà donc un résumé de ce dont il s’agit quand on aborde classiquement la douance.

Surdoué, haut potentiel … pourquoi existe-t-il d’autres termes ?

Contrairement aux idées reçues, la douance est loin d’être une garantie de réussite absolue dans la vie. Les profils des personnes concernées sont variés et singuliers. Il faut parfois de nombreuses années avant de découvrir ce qui « cloche » car sans connaissance de son mode de fonctionnement, la personne HP risque de se sentir en décalage par rapport aux autres. Ce sentiment s’accompagne parfois de cette impression d’être un extra-terrestre, jamais à sa place, pas toujours convaincu d’être légitime. Être validé par un bilan qui confirme son haut potentiel est souvent libérateur. Ceci dit, cela n’aide généralement pas à se sentir un « Haut » potentiel ou un « Sur« doué car ces termes renvoient à une posture haute dans laquelle la personne HP se sent rarement à l’aise. Il faut souvent du temps pour se distancier de ces appellations et se sentir en phase avec cette nomenclature parce que finalement, c’est essentiellement de cela dont il s’agit à la base.

D’autres appellations …

C’est dans ce contexte que la créativité de nombreux auteurs s’est déployée ! Il ne faut certainement plus présenter le terme « Zèbre » que nous devons à Jeanne Siaud Facchin. Elle met en lumière leurs caractéristiques spécifiques à travers cette analogie: on peut les différencier des autres dans la savane, ils sont à la fois semblables et différents puisque leurs rayures sont uniques. Olivier Revol parle de sentinelles. D’autres termes tels que « Surefficient intellectuel (ou mental) », atypiques, multi-potentiels, cerveaux droits, neuro-droitiers, et plus récemment les philo-cognitifs… autant de façons de se reconnaître dans un mode de fonctionnement qui nous conviennent plus que des termes considérés comme hautains et loin du regard porté sur soi. Ils ont le grand mérite de dédramatiser mais sèment parfois la confusion chez une série de personnes. J’utilise moi-même le terme « Emotifs Talentueux« , inventé en famille au détour d’une blague entre mon beau-fils et moi : les extra-terrestres de la maison (E.T.). J’ai appris au fil du temps à nommer précisément les personnes HP ou surdouées afin d’éviter la confusion. Je reste convaincue que ces termes ont comme vertu de sensibiliser toute une partie des personnes qui ne se croyaient pas concernées. A titre personnel, je n’aurais jamais commencé par des livres qui portent des titres tels que « Trop intelligent pour être heureux », « L’adulte surdoué »,… je me sentais si loin de cette réalité.

Et l’hypersensibilité dans tout cela ?

Elle concerne la majorité des surdoués et je dis souvent qu’il s’agit d’une autre forme d’intelligence, celle des émotions. Attention néanmoins, on peut être hypersensible (20% de la population selon Elain Aron) et pas concerné par la douance (2% de la population). Que penser de l’appellation HPE, Haut Potentiel Émotionnel ?

Je m’intéresse à l’intelligence émotionnelle depuis des années et j’ai commencé ma carrière en tant que coach et formatrice à la lueur de cette passionnante thématique. Autant le QI est jugé globalement stable, autant le QE (quotient émotionnel) peut fortement évoluer pendant toute une vie, cela demande du travail personnel mais c’est accessible à tous. De mon point de vue, il me parait erroné de dire que l’on est HPE dans la mesure où chacun d’entre nous possède ce potentiel infini de travailler sur lui et de maîtriser ses émotions de manière extraordinaire, peu importe le milieu dans lequel on a grandi.

Asperger, dys et compagnie, TDAH, TDH …  Troubles associés ou pas au surdoué haut potentiel ?

Il n’est pas rare de rencontrer des « Twice Exceptional » (quoi encore, un nouveau terme ?), ces surdoués qui ont grandi avec la particularité que leur douance est associée à un trouble, l’un pouvant masquer l’autre, les 2E (« doublement exceptionnels » en français) cumulent des modes de fonctionnement qui leur donnent une coloration particulière, parfois pour le plus grand mystère des professionnels qui ne sont pas (encore) formés à cette grille de lecture singulière et sensible. Et une fois de plus, être concerné par la douance n’implique pas que vous le soyez par les troubles dys ou autres. L’inverse est également vrai : une personne aspie (asperger) n’est pas systématiquement concernée par la douance.

En d’autres termes, allez-y un pas à la fois. Même si c’est (encore) difficile à porter, soyez clair avec vous-même sur le terme avec lequel vous êtes le plus à l’aise dans la découverte de cette (ou ces) nouvelle.s grille.s de lecture. Un accompagnement par un professionnel aguerri et habilité à poser les bons « diagnostics » pourrait d’ailleurs vous être utile pour éviter de vous perdre dans les informations que vous découvrez.

Mon conseil pour parler de la douance

Rien ne vous empêche de communiquer sur d’autres termes avec votre entourage, mais évitons de faire l’amalgame. D’autant que certains milieux risquent de ne pas prendre certains termes au sérieux, je pense au monde professionnel … si certains termes sont autant de clins d’œil qui peuvent faire sourire nombre de professionnels, je n’ai pas le sentiment que de dire que vous êtes un zèbre lors d’un entretien de recrutement soit nécessairement bien perçu (sauf si votre interlocuteur est concerné de près ou de loin). A bon entendeur, salut 😉

*  Le propos de cet article n’est pas de définir la douance ! De nombreux ouvrages se sont largement penchés sur la question.

** Extrait de « Hauts potentiels : reconnaître et promouvoir »

Pour vivre pleinement son haut potentiel – Découvrez mon livre ==>>  « Emotifs Talentueux : Etre soi autrement«  – Editions Josette Lyon.