Lorsqu’on aborde un sujet complexe tel que la douance, il s’avère crucial de toujours considérer les nuances afin d’éviter les amalgames pouvant nuire à la compréhension des personnes qui vivent avec une douance. En fait, ces nuances sont aussi importantes que les concepts qui y sont liés.

 Ce qu’il faut considérer à tout prix est que les personnes douées sont avant tout des êtres humains qui possèdent une personnalité unique, qui ont été élevés dans une culture spécifique et qui ont eu une éducation familiale toute aussi unique. De plus, certaines personnes qui ont une douance peuvent aussi vivre avec d’autres conditions (par ex. dyslexie, dyspraxie, autisme, etc). Tous ces facteurs, qui n’ont rien à voir avec la douance spécifiquement parlant, interviennent dans le comportement et le vécu d’une personne douée.

 La douance est une différence neurophysiologique qui génère entre autres une constellation de caractéristiques. Cependant, la manifestation de ces caractéristiques est influencée par les facteurs variables mentionnés ci-haut, qui ne sont pas inhérents à la douance (personnalité, autres conditions associées, éducation, etc).

Donc, lorsqu’on fait de l’introspection, si l’on désire réellement se comprendre et être en mesure d’évoluer, il est important de ne pas faire d’amalgames et d’être en mesure de différencier les comportements ou émotions qui ne sont pas nécessairement corrélés à la douance.

Le danger : Les réseaux sociaux peuvent en effet exacerber les fausses croyances en rapport avec la douance. Plusieurs internautes partageront leur vécu, leurs émotions, en attribuant à leur douance pratiquement tout ce qui les anime. Ce qui peut nuire aux surdoués, puisque les lecteurs qui ne sont pas familiers avec ces nuances croiront ce qu’ils lisent et partageront peut-être ces mêmes fausses croyances à leur tour. 

La solution : En tant que personnes douées, nous avons le devoir d’apporter ces nuances lorsque nous partageons notre vécu sur les réseaux sociaux ou dans la vie en général, afin d’éviter que nos semblables et nous-mêmes soient encore plus incompris dans le futur. Et je ne fais pas exception à la règle. Voilà pourquoi dans mon ouvrage Univers surdoué – La douance un potentiel fragile, lorsqu’il s’agit de partager mon expérience personnelle je le réitère régulièrement ‘’voici comment se manifeste telle ou telle caractéristique chez moi’’.

Certes, chaque personne douée a une douance unique qui est générée par la douance couplée avec tous les facteurs variables, donc il est certain que quand une personne parle de son expérience avec la douance, cette dernière sera sans doute relativement unique. Bien sûr, il existe un tronc commun, mais la manifestation de ce tronc commun est variable d’un individu à l’autre.

 Comme pour dans la population en général, les doués, il y en a de toutes les sortes. Par exemple, on a tendance à croire que tous les doués sont bienveillants puisqu’ils sont empathiques. Mais non, en fait ce n’est pas parce qu’on est empathique qu’on manifeste nécessairement un comportement bienveillant. Alors non, tous les doués ne sont pas bienveillants et non, tous les doués ne sont pas gentils et compréhensifs. Comme pour chez les humains qui n’ont pas de douance. 

En somme, notre douance n’est pas responsable de tous nos comportements, toutes nos difficultés ni de toutes nos prouesses. Non, tous les doués ne sont pas manipulables et non, tous les doués ne sont pas victimes de leur auto sabotage. D’ailleurs, l’auto sabotage n’est pas nécessairement lié à la douance, mais plutôt à la personnalité qui accompagne la douance. L’auto sabotage est un sujet très populaire et c’est pourquoi je l’aborde ici. Bien que plusieurs doués se sentent concernés par ce concept (et légitimement), il faut absolument prendre conscience que ce n’est pas quelque chose d’inhérent à la douance mais plutôt quelque chose que certaines personnes douées et certaines personnes non-douées aussi vivent et qui est expliqué par leur personnalité et leur vécu en tant qu’être humain et non pas quelque chose qu’ils vivent à cause de leur douance.

Le problème est qu’en attribuant à notre douance toutes nos difficultés, on se victimise sans même s’en rendre compte. On se dit ’’ah c’est à cause de ma douance’’. Mais non, nos difficultés sont souvent beaucoup plus en lien avec nos propres capacités d’adaptation, nos personnalités, etc. En attribuant nos difficultés à la douance on ne se responsabilise pas, on se dit implicitement que ce n’est pas notre faute, qu’on est victime. Comment évoluer si on ne se responsabilise pas, si on ne prend pas conscience de ce sur quoi on peut avoir un contrôle? 

Oui, dire ‘’j’ai des hypersensibilités sensorielles qui nécessitent un besoin d’adaptation’’, c’est tout-à-fait correct, c’est un fait lié à la douance. Maintenant, de dire ‘’à cause de mes hypersensibilités sensorielles je ne sors pas de chez moi et je suis incapable d’être aux études’’. Ce dernier énoncé, ce n’est pas la douance, c’est la gestion personnelle de ses caractéristiques qui sont liées à la douance. C’est purement un vécu personnel. 

À la fin, on doit se rappeler que dans la vie on a toujours le choix. Même quand on fait le choix de ne pas avoir le choix. On est responsable de notre façon de gérer les situations, de se gérer soi-même. Certes, certaines situations sont hors de notre contrôle (par exemple, les caractéristiques de la douance), mais notre façon de les gérer, ça, nous la contrôlons et ça n’a rien à voir avec la douance.

Article rédigé par Tanya Izquierdo, oratrice du Congrès Douance 2018.

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