Pas toujours simple de vivre en couple de manière générale… Alors quand l’un ou l’autre est concerné par le haut potentiel ou toute autre forme de singularité, cela peut s’avérer un peu plus complexe voire excessivement intense. Cela peut faire des étincelles dans tous les sens du terme.
Comment vivre en couple en dehors de cette norme que nous reflète cette société tout en étant épanoui ?

Nathalie a interviewé Anne-Cécile Marquis, thérapeute, qui va nous livrer des clés pour une relation amoureuse épanouie.

Couple atypique : est-ce plus compliqué ?

À la base, le couple n’est pas facile. C’est peut-être la chose la plus complexe dans les formes de relations humaines. Le fonctionnement des personnes à haut potentiel va amener parfois à une complexité dans cette notion du couple. Il faut déterminer comment un couple est perçu dans la norme.

On pourrait se questionner sur la complexité du HP, qui ne soulève pas de choses assez importantes et assez essentielles dans la conception de la vie en commun ou en couple. 

La façon dont s’est construite la personne à haut potentiel va beaucoup dépendre de son éducation et de la société, car l’environnement de l’enfant à haut potentiel va avoir son importance. Il peut exister une certaine complexité si l’enfant a beaucoup souffert quand il était précoce. Il va se trouver avec une vision complexe de la relation à l’autre. 

Chez le haut potentiel, on retrouve la recherche d’intensité. Il va être intègre dans ses sentiments. Dans le fonctionnement du couple, cette intensité peut avoir tendance à retomber, et pour éviter cela, il faut mettre en place les choses. Cette intensité représente également la qualité de la relation, et n’est pas forcément un problème à vivre.

En effet, à partir du moment où on gère et on accepte nos émotions et tout ce qu’elles vont amener, toute cette intensité pourra être un élément qui peut être vraiment vécu. Elle sera donc à chercher et à mettre en œuvre dans des petites choses du quotidien. Pour vivre intensément, il faut expérimenter les choses, se laisser transporter et traverser par cette intensité, pour ensuite être acteur dans son quotidien et venir pimenter la relation à l’autre. 

L’intensité est moins présente chez le partenaire : comment faire ?

Il faut pouvoir mettre en place une communication en finesse. Si on ne sait pas exprimer ses émotions à l’autre, on ne peut pas parler de l’intensité que l’on souhaite dans sa relation. On peut avoir du mal à exprimer ce que l’on ressent intensément et ce qui pourrait être partagé avec l’autre. Cela peut venir du fait que certaines situations nous ont appris à faire attention, à ne pas laisser transparaître ces choses-là.

Dans le cas d’une personne qui a cette intensité face à une personne qui en aurait moins ou qui ne se laisse pas transporter par cela, il faudrait commencer par avoir une communication franche, claire et simple autour de cette notion. La relation sera toujours cette mise au point entre deux individus. On en revient à la connaissance de soi, l’accueil de nos émotions, et au fait de pouvoir exprimer ce qui est important à l’autre.

Certaines personnes à haut potentiel vont avoir beaucoup de difficultés à exprimer ce qu’elles ressentent, car elles n’ont pas eu l’habitude de le faire durant leur enfance et n’ont pas été accompagnées pour cela. Du coup, elles peuvent paraître froides et sans émotions aux premiers abords, alors qu’en elles ce n’est pas du tout le cas. Il se trouve qu’elle est juste effrayée par la tiédeur de la relation et qu’elle voudrait s’engager plus, vibrer, et vivre intensément cette relation. Mais s’il y a des peurs, ou pas de répondant en face, cela donnera la sensation qu’elle ne souhaite pas s’engager, car elle se mettra en retrait. 

Comment mieux vivre la baisse d’intensité en tant que HP ?

Dans tous les couples, il y a cette phase de passion, où on ne voit pas les défauts de l’autre… Puis à un moment donné, cette phase va redescendre. C’est probablement un moment clé qui est encore plus difficile pour le haut potentiel, car il aimerait que cela ne s’arrête jamais.

Si on communique, si on se connaît bien soi-même, que l’on connaît ses besoins et que l’on est capable d’aller dans le couple en déterminant d’abord ses propres besoins personnels, ainsi que les besoins du couple, on peut se projeter : « Comment voit-on le couple ? Quelle est la vision du couple ? ». Ceci doit être discuté avec des échanges profonds qui ont du sens. Chez les hauts potentiels, il y a une forme de nécessité d’idéal, car c’est quelque chose qui va donner du sens aux choses pour les comprendre de l’intérieur. Si la relation avec l’autre n’a pas de sens, cela ne fonctionnera pas. Il faut que ce sens soit alimenté.

Pour Anne-Cécile Marquis, il y a une différence entre l’idéal et l’idéalisation. Avoir un idéal est aussi quelque chose qui pose un objectif et qui permet d’avancer avec de l’ énergie : c’est-à-dire que l’on va vers la chose. L’important, c’est le chemin que l’on va parcourir, ce n’est pas forcément l’objectif. Mais s’il n’y a pas d’objectif, on ne parcourt pas de chemin non plus. C’est très énergisant. Cela permet d’avancer par rapport à une relation. Il faut avoir un idéal de relation, mais sans être dans l’idéalisation. 

On doit toujours garder à l’esprit ce que l’on est et ce qu’est l’autre. 1 + 1 n’est pas égal à 2 mais à 3, afin de pouvoir placer des objectifs de partage, de la créativité. C’est là où on va mettre de la profondeur dans l’échange, qui est très important pour la personne à haut potentiel. Le 3 est la relation, car un couple est comme une troisième entité : une entité d’enrichissement. Ce que chacun va mettre en place va créer cette entité, et on va probablement de plus en plus vouloir partager des projets.

Une fois la phase de passion passée, on connaît l’autre, mais il y a toujours une évolution dans les projets en commun pour donner matière à rebondir, avoir des objectifs à atteindre à deux. Sans oublier qu’une personne n’est pas définie seulement par sa douance. Elle est définie par ce qu’elle est vraiment au fond d’elle.

Le sentiment de décalage dans les relations amoureuses

Ce que l’on peut constater est que beaucoup de personnes se découvrent  haut potentiel à l’âge adulte, et peuvent enfin mettre un mot sur leur mode de fonctionnement. Avant cela, elles s’imaginaient qu’elles n’étaient pas adéquates, qu’elles étaient inadaptées, qu’elles étaient folles, incomprises. 

Ce sont souvent des personnes ayant un sentiment de décalage, qui ne se sentent pas aptes à être aimées. Lorsqu’elles rencontrent une personne, cette recherche d’intensité se met en place. Parfois, elles subissent complètement pouvant dans certains cas mener à des situations dangereuses. 

La personne concernée par la douance ne va pas chercher ce sentiment de fusion, mais plutôt de communion, car elle a besoin de profondeur dans la relation. La fusion n’est pas une bonne chose, car elle fait qu’on s’oublie soi-même, alors que le but est de se connaître soi-même dans sa propre maturité. On ne peut pas aller vers l’autre si on ne s’est pas complètement accepté. La personne à haut potentiel a souvent besoin de faire ce travail d’acceptation car soit elle est rejetée, soit elle ne s’accepte pas elle-même.

Cela peut venir d’un manque d’identification par rapport à une certaine norme, ou par le fait d’être entouré de personnes qui mettent des normes. L’autre peut avoir un besoin de contrôle, ce qui peut compliquer la relation de couple. La personne HP peut être contrôlante parce qu’elle veut se sécuriser. Quand elle maîtrise, elle n’est pas débordée dans ses émotions et se met à l’abri. Elle peut être murée par rapport à cela et ne vit pas toute sa vie affective et émotionnelle. Elle peut également contrôler l’autre. À l’inverse, on peut trouver des personnes manipulées. Dans leur fusion, elles vont se laisser absorber dans la relation. 

Si on fait un travail sur soi, on va le sentir, le repérer, et avoir des alertes pour le capter. 

Quelles clés pour un couple atypique harmonieux ?

En premier lieu, il faut faire un travail personnel. Plus on a travaillé sur soi, sur ses plans, mieux la relation s’établira. Entrer en couple, c’est entrer en couple en conscience. Quand on établit une relation, il faut être en conscience, ce n’est pas juste l’envie d’être aimé. Il ne faut pas omettre qui nous sommes, comment on se détermine, comment on détermine sa vision de l’amour, et ainsi sa vision du couple.

Anne-Cécile Marquis tient à préciser qu’il est très différent d’être amoureux et d’aimer. Tomber amoureux peut arriver à tout moment et n’est pas une chose que l’on contrôle. Alors que pour construire une relation de couple, il est important de déterminer ses besoins, sa vision et de communiquer avec son partenaire. Il faut se demander quelles sont les valeurs en commun, surtout pour la personne à haut potentiel, car c’est important pour celle-ci. 

Il faut s’abandonner, se donner pleinement à l’autre et accueillir pleinement l’autre en laissant de côté nos égos. Il faut trouver de la profondeur dans la relation. S’abandonner réellement dans la relation n’est pas toujours facile pour le HP.

Nous devons réaliser quand sont réunies les valeurs que l’on souhaite dans la relation, comme l’honnêteté, ce qui nous tient à cœur au plus profond de soi. C’est quand il y a eu toute cette mise à plat dans la profondeur de ce que l’on est, que l’on peut alors s’abandonner sans hésiter. Cela n’empêche pas de faire des erreurs malgré l’image que l’on a du couple où tout fonctionne toute la vie. C’est pour cela que le travail intérieur est très important, car il va venir alimenter notre relation à l’autre. Cette pigmentation est à travailler tous les jours. Pour que le couple fonctionne, il faut qu’il reste constamment en alimentation de quelque chose sans mettre à l’écart son individualité.

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