Aperçu de l’entretien avec Béatrice Millêtre lors de son passage à Bruxelles lors de la conférence « Regards Croisés HP » en novembre 2013.

Rencontre avec une personne authentique dans ses propos et qui nous fait passer ses idées avec une pointe d’humour. 

Nathalie A : 

Béatrice Millêtre bonjour, ravie de vous accueillir à Bruxelles.

Béatrice Millêtre : De même.

 

Nathalie A : 

Dans vos livres, vous parlez d’intuition. Comment expliquez-vous que certaines personnes aient plus d’intuition que d’autres ?

Béatrice Millêtre :

On a tous des intuitions, mais c’est un sujet qui est peu abordé. Donc on pense souvent que nous n’en avons pas. Certains ont plus d’intuitions que d’autres. Moi, j’explique cela un peu par une question du cerveau. En fonction de la manière dont on utilise notre cerveau, on sera plus intuitif ou plus rationnel. On va être Archimède ou plus le penseur de Rodin.

 

Nathalie A : 

Archimède… Le penseur de Rodin …

Béatrice Millêtre :

Archimède : les pieds en éventails dans sa baignoire, tranquillement. Et puis il n’était pas crétin (on suppose quand même) donc il avait un tas d’éléments de mathématiques, de chimie, de physique, un ensemble de bruits de fonds dans son cerveau.  Et puis ça lui tombe, d’un coup, de sa tête : Ça c’est Archimède, c’est l’intuition. Le penseur de Rodin, il se prend la tête, il fume et mets un pied devant l’autre dans son raisonnement, il déduit mais ne sait pas très bien où il va. C’est un peu l’inverse.

 

Nathalie A : 

Est-ce que vous faites un lien avec la pensée globale dont vous parlez régulièrement ? 

Béatrice Millêtre :

Bien sûr, Archimède c’est la pensée globale.

 

Nathalie A :

Vous pouvez nous expliquer la pensée globale ?

Béatrice Millêtre :

La pensée globale, c’est de voir tout en même temps, tous les éléments, un peu comme la vision panoramique de l’appareil photo. Vous avez tout en permanence, y compris les petits détails là bas au fond. Vous voyez tout en même temps, ce qui fait que voyant tout en même temps, on ne peut pas verbaliser les différents morceaux du « puzzle » et donc cela nous donne encore une fois l’intuition, l’évidence d’Archimède. C’est ce qui fait que ces personnes là, vont commencer par la fin. Ils ont la vision globale dans un projet ; ils savent où ils vont mais ils savent pas comment. Le penseur de Rodin, de façon caricaturée, sait pas où il va mais il sait comment. Il a le chemin et le but, Archimède a le but sans le chemin.

 

Nathalie A : 

Est-ce que cela a un impact avec la rapidité à laquelle les gens avancent dans leurs projets ?

Béatrice Millêtre :

Alors oui et non. Cela a un impact parce que quand vous avez la vision globale, vous aller plus vite à traiter les informations. Cela vous tombe de la tête, d’un coup. Quand on a la pensée rationnelle, il faut d’abord dérouler le fil. Sauf qu’Archimède, pour que cela fonctionne, faut qu’il laisse mûrir. Donc il y a un temps de maturation qui est plus ou moins grand, que l’on peut accélérer ou pas. Ce temps de l’attente est important.

 

Nathalie A : 

C’est que qui peut par exemple, expliquer que certaines personnes sont mal à l’aise de vendre quelque chose, de transmettre des idées là, sur le moment même ?

Béatrice Millêtre :

Oui bien sûr parce que d’abord ils vous disent c’est comme çà, on va faire comme çà. Pouf c’est çà. Après vous les regardez et ils font comprendre que c’est évident tout le monde sait cela. Vous leur demander comment ils font ?  Et là, ils n’ont aucune réponse. Donc vous ne pouvez pas argumenter, justifier. Donc c’est plus compliqué. Par contre le lendemain, ils viennent vous revoir et vous disent : Mais au fait c’est comme ça et comme ça… C’est un peu l’esprit d’escalier.

 

Nathalie A : 

Merci Béatrice Millêtre.

Béatrice Millêtre :

Merci à vous