Surdoués, HP, Emotifs Talentueux … mais parfois Torturés !

 La souffrance est un thème qui revient régulièrement dans la littérature sur le sujet, certains forums et groupes sur les réseaux sociaux font état de nombreux partages en ce sens. D’après Monique de Kermadec que j’ai eu le plaisir de rencontrer lors de son intervention dans le cadre de l’initiative « Regards Croisés HP »*, la souffrance trouve son origine dans la différence incomprise qu’ils vivent depuis leur enfance. Mettre des mots sur ce que l’on vit permet de donner du sens à cette grande sensibilité et à cette fameuse pensée rapide, à mieux comprendre ce sentiment de décalage et parfois même de rejet. 

Reconnaître qui on est, apprendre à mieux se connaître et déceler ses comportements dans différentes situations, c’est dans ce sens que je partage l’avis de Monique de Kermadec. Cela passe parfois par un test de QI mais pas toujours … 

Aperçu d’un entretien avec une personne qui m’a touchée par sa grande gentillesse et le respect qu’elle dégage. 

Entretien avec Monique de Kermadec – le 15 novembre 2013
Nathalie A : Bonjour Monique de Kermadec, merci d’avoir accepté cette invitation à notre première conférence « Regards Croisés HP »
Monique de K : Je suis ravie d’être à Bruxelles
Nathalie A : On parle souvent de la souffrance des surdoués. Quelles sont, selon vous, les raisons pour lesquelles ils sont dans la souffrance ?
Monique de K : Les raisons viennent essentiellement d’une différence qu’ils perçoivent dès l’enfance. Une différence qui peut leur donner le sentiment de ne pas être ce qu’ils devraient être et d’avoir du mal à trouver la place dans le groupe et avec les autres. Bien évidemment, certains surdoués la trouvent naturellement et ceux-là n’ont aucun problème. C’est aux autres d’apporter des conseils pour leur permettre d’utiliser pleinement leurs atouts et donc d’avoir le sentiment de réussir leur vie.
Nathalie A : Et justement, vous dites des conseils, qu’est-ce que vous donneriez comme conseils à ces personnes ?
Monique de K : Le premier conseil, je crois que c’est pour eux de prendre conscience de ce qu’ils sont. De ne pas vivre cette différence comme un malaise, comme quelque chose qui devrait être modifié qui devrait être soigné. La douance n’est pas une maladie c’est un atout. Bien évidemment, on n’en parle pas suffisamment aux enfants et les adultes d’aujourd’hui n’en ont jamais entendu parler quand ils étaient petits. Donc il est important de les aider à se connaitre, à bien identifier leur type de comportement, leur personnalité, pour qu’ils puissent, au lieu de vivre en négatif cette sensibilité dont on parle très souvent ou cette pensée rapide, leur permettre de le prendre comme quelque chose de positif et qui au contraire va être un atout supplémentaire dans leur vie.
Nathalie A : Parfois certaines personnes donnent un sens à leur souffrance et d’un autre côté, j’ai parfois le sentiment que ces personnes ont besoin de rester dans leur souffrance. Comment expliquez-vous cela ?
Monique de K : Alors certaines personnes sont tentées d’y rester dans la mesure où elles ont construit leur identité autour de cette souffrance. Mais quand on travaille avec eux quand on leur permet de comprendre qu’en effet c’est un phénomène tout à fait passager et qu’ils peuvent accéder à un autre mode de fonctionnement. A ce moment-là ils sont prêts à renoncer à cette souffrance mais vous avez raison, pour certains c’est une identité et c’est ce qui leur permet de rencontrer d’autres personnes avec ce sentiment de partage.
Nathalie A : Quel type d’accompagnement proposeriez-vous à ces personnes ?
Monique de K : Alors, personnellement j’ai l’occasion de recevoir de nombreux adultes en entretien. Certains ont besoin de passer à cette étape de l’identification, du test, ou tout au moins d’un entretien qui leur permettre de consolider cette image de surdoué qu’ils ont tant de mal à accepter. Après en fonction de l’histoire de la personne, quelques entretiens peuvent suffire. D’autres ont une souffrance, je dirais plus profonde parce que dépressif et à ce moment là, l’accompagnement est bien sûr d’une toute autre nature.

Nathalie A : Qu’en est-il du test Q.I  ? Le conseillez-vous systématiquement ou pas, et dans quel cas ?
Monique de K : Personnellement, je ne le fais jamais systématiquement. J’ai besoin de comprendre ce qu’il représente pour la personne. Si c’est simplement mettre une étiquette, je trouve que c’est utiliser de manière injuste ce test qui en fait peut-être révélateur de certains atouts dont nous n’avons pas conscience.
Donc j’ai besoin de savoir ce que la personne attend par rapport au test. Si elle attend simplement une étiquette, je dirais que celle-ci me mettrait très mal à l’aise. J’ai besoin de sentir que ce n’est qu’une étape pour la personne et que cette étape passée, le véritable travail peut s’engager c’est-à-dire, un travail sur une reconnaissance de qui on est, et ensuite on va pouvoir enfin laisser tomber un masque qui, jusque là était une protection, et permettait d’être plus confortable dans la vie. Donc enfin de devenir humain.
Nathalie A : Une dernière question. Vous parlez dans votre livre du test d’intelligence émotionnelle, est-ce que vous l’utilisez ?
Monique de K : Alors, ce test d’intelligence émotionnelle est avant tout destiné à l’entreprise.** Il est vrai qu’on peut sur un plan purement clinique (je dirais lorsqu’on a l’habitude de l’entretien) percevoir quelques difficultés sur certains points qui rendent la relation à l’autre et la gestion de ses propres émotions plus difficile. Ceci nécessite un travail clinique et une certaine connaissance de la personnalité et du fonctionnement. Parce qu’on peut être surdoué mais aussi avoir ce surdon accompagné parfois hélas de symptômes qui ont besoin aussi d’être identifiés pour permettre à la personne de bénéficier pleinement de ses atouts.
Nathalie A :  Merci Monique de Kermadec
* J’ai eu le plaisir de co-organiser cette initiative qui prendra prochainement un autre forme.
** Si vous souhaitez passer un test d’intelligence émotionnelle (pour adultes), je suis certifiée EQ I 2,0 > pour en savoir plus : contactez moi