Vous avez enfin compris d’où venait ce sentiment de décalage intense !
Vous n’êtes pas fou ou folle, vous fonctionnez juste autrement que les autres et ça porte un nom : le Haut Potentiel !
Une appellation qui ne vous met pas particulièrement à l’aise mais qui donne tellement de sens à tout ce que vous avez vécu et à votre manière de fonctionner. Une vraie révélation pour certains, une mise en lumière d’aspects longuement oubliés pour d’autres. Mais d’ici à dire qu’on est haut potentiel …
Une fois la nouvelle acquise, faut-il encore la digérer ! Et cela demande un certain temps. Pas question de plaquer votre mari ou votre travail du jour au lendemain… Laissez-vous le temps de le digestion. L’étape d’intégration est belle et bien nécessaire pour ré-apprendre à se connaître avec ses besoins si spécifiques et hors normes. Un pas à la fois. Et c’est souvent en en parlant que le processus continue.
En parler ? Pas toujours simple. Certains auront envie de hurler cette fracassante nouvelle sur tous les toits tant cela fait sens à tout ce que vous avez vécu des années durant sans comprendre pourquoi vous viviez en marge de ce que vous pensiez être les repères d’une bonne santé mentale et d’une attitude appropriée. D’autres auront juste envie de partager avec les personnes concernées. Ou encore, aller porter la bonne nouvelle à ceux qui n’ont pas encore compris qu’ils sont eux aussi concernés !
Que dire, à qui le dire et quand le dire ?
Les questions qui reviennent régulièrement dans mes échanges.
Le premier aspect à creuser : l’intention
Quelle est votre intention quand vous partager cet aspect de vous ? Être reconnu certainement mais de quelle façon ?
J’ai la ferme conviction que plus vos attentes sont importantes vis-à-vis de l’autre, plus vous risquez de vous prendre une claque. Parce que l’autre ne va peut-être pas comprendre, parce qu’il n’a pas envie de parler de cet aspect si cela le concerne et qu’il rejette cette grille de lecture par exemple. Ou tout simplement parce qu’il a peur.
« Toi haut potentiel ? Qu’est-ce qui me prouve cela ? Tu as fait un test ? C’est à la mode ça alors tout le monde croit qu’il est surdoué, pffff. »
Ouch, je vous promets que cela fait mal et j’en sais quelque chose parce que cette phrase m’était adressée il y a quelques années. Et j’ai eu des témoignages qui allaient dans ce sens également.
Comme le dit Fabrice Micheau (qui intervient régulièrement sur le Congrès Douance) : soyez prêt au pire comme au meilleur.
Parce que le meilleur existe aussi, comme la tante de cette cliente qui a découvert sa propre singularité lorsque sa nièce lui a partagé son vécu et ce qu’elle venait de comprendre. De beaux moments d’échanges pour ces deux femmes qui ont pu parcourir ensemble une partie du chemin.
Ensuite : à qui dire qu’on est haut potentiel ?
Je propose souvent d’y aller une étape à la fois. En posant des questions.
Par exemple « Ah une collègue m’a parlé du haut potentiel de son ado, tu en as déjà entendu parlé ? »
Vous saurez rapidement si la personne sait de quoi il s’agit et comment elle se positionne par rapport au sujet.
Cela vous donnera des indices sur sa connaissance du sujet et sa capacité à entendre ce que vous avez envie de lui partager.
Mon expérience : les gens qui savent et qui ont avancé sur cette piste en découvrant la douance et ses caractéristiques se reconnaissent assez vite. A priori, peu de danger donc dans ce cadre là.
Si par contre, la personne ne semble pas ouverte ou n’a aucune idée de ce que cela représente, allez-y un pas à la fois surtout si l’enjeu est important pour vous.
Et enfin : comment annoncer qu’on est adulte haut potentiel ?
« Je me présente, je m’appelle Henry et je suis surdoué » … Pas sûre que cela soit la formule la plus adéquate, sauf si vous arrivez dans une réunion Mensa dans laquelle tout le monde est concerné et au clair avec ce que cela implique. Votre collègue Pierre n’aura peut être pas tout à fait envie d’entendre cela de cette façon-là à moins que votre intention soit de le faire fuir. S’il est comme moi il y a quelques années, j’associais les surdoués aux gens qui font Harvard et j’avais l’impression d’avoir un cerveau de poisson à côté d’eux (si si je vous assure que c’est vrai).
Si l’intention est de vivre plus fluidement en groupe et d’exprimer vos besoins spécifiques, utilisez votre intelligence pour raconter des histoires (dixit Fabrice Micheau à nouveau) et pour expliquer comment vous fonctionnez de manière pratique, ce qui est important pour bien vivre et travailler ensemble. Par exemple, « à l’école on m’appelait Speedy Gonzalez, si je vais trop vite STP dis le moi car je ne m’en rends pas toujours compte ».
Faire son coming out passe par sa capacité à s’accepter dans sa singularité et à occuper sa place sans nécessairement mettre des mots tels que « haut potentiel » ou « surdoué » dans vos échanges.
Pour vivre pleinement son haut potentiel – Découvrez mon livre ==>> « Emotifs Talentueux : Etre soi autrement« – Editions Josette Lyon.
J’étais en burnout quand j’ai pris conscience de ma douance. Ce fut d’abord un déni de situation puis une prise de conscience renforcée par le congrès en octobre dernier. J’ai réalisé que je me trouvais nulle ou mal adaptée dans quantité de situations alors que C’était le produit du décalage cognitif.. un soulagement, une sensation de temps perdu (j’ai 49 ans) et aussi de temps à rattraper. J’en ai parlé autour de moi, cela n’a pas trop surpris les plus proches. c’est une amie qui a 80 ans qui m’a mise sur la piste car elle même se doutait de quelque chose pour elle.. nous partageons beaucoup. J’ai un conjoint qui a un ami à Mensa, bref, j’ai découvert que je connaissais déjà des personnes qui le sont aussi. Alors oui, tester d’abord, voir comment les gens prennent l’idée avant de s’avancer. J’ai eu la surprise d’en découvrir autour de moi, ce qui semble logique, la plupart des gens avec qui je m’entends bien ont des caractéristiques communes. Précaution et échange certainement. Et voir les forces que cela donne, je vois parfois passer trop de « nous contre eux » dans certains groupes consacrés à ces échanges. C’est une richesse qui peut être partagée !
comment en parler, s’en parler, le dire … quand et à qui ?
D’abord, ne faut il pas attendre que l’intéressé s’aime ainsi ? ça me parait essentiel
Nous sommes bien d’accord, aucun terme ne résume bien ce tempérament !
Puis citer des exemples de comportement dans une situation donnée, aussi bien dans les forces que dans les fragilités. ça a l’avantage de demander aussi de l’autre dans des contextes « limites ». La communication aux autres est certainement LE point de départ. Le taire est la meilleure façon de se louper, tant pis si certains ne comprennent pas. Au moins, ça aura fait du bien à celui qui l’émet … s’il s’aime ainsi
Bien à vous
Patrice de Dompsure
J’ai fait mon coming out dans des circonstances plutôt tristes, alors que je n’en avais pas l’intention au départ.
Cela c’est passé lors d’un conseil de famille qui a suivi le décès de mon père. Quelques jours auparavant, je n’ai pas supporté l’attitude maladroite de mon frère aîné qui a secoué mon père comme un prunier pour le réveiller, alors que vous étions venu le voir à la clinique. Je ne lui en veux absolument pas. C’était sa manière à lui, fort maladroite, d’exprimer sa peur de voir mourir notre père, alors que nous savions tous ce dernier condamné par un cancer en phase terminale. Je n’ai pas voulu monter avec lui en voiture pour rejoindre notre mère dans la même ville, prétextant que je devais marcher, conformément aux conseils de mon médecin (ce qui était par ailleurs vrai).
Mon refus m’a été reproché par mon frère aîné pendant le conseil de famille. Je n’ai plus en tête le déroulé exact de la discussion, mais nous en sommes venus à parler d’hypersensibilité et j’ai cru alors, pour justifier mon empathie excessive, devoir parler de ma surdouance et des tests que j’avais passés. Une belle-sœur, assise à ma droite, a répliqué que « les tests de QI, ça sert à rien, il suffit de s’entraîner ». Sur coup, j’ai été complètement déstabilisé et je n’ai plus rien dit. Lors de la préparation de la cérémonie religieuse, j’ai eu droit à une réflexion narquoise du genre « toi qui lit vite, tu pourras lire tel texte… ».
Depuis, nous n’abordons plus ce sujet en famille, ce qui m’attriste, car l’un des petits-enfants de mon frère aîné est très certainement surdoué. J’ai eu l’occasion de discuter de surdouance avec ma nièce (la mère de cet enfant), car je soupçonne qu’elle-même est surdouée. Elle m’a dit d’ailleurs avoir effectivement réfléchi à cette possibilité pour son enfant. Dans la branche de mon frère cadet, ll y a également des soucis avec un petit-enfant qui a un léger handicap. Je ne serais pas étonné que ce soit au contraire une forme de surdouance proche du syndrome d’Asperger mal identifié.
Mes trois enfants sont également surdoués : deux ont passé des tests et le troisième a refusé, mais sa surdouance ne fait aucun doute : il a sauté une classe, suivi un parcours scolaire sans faute et parle l’anglais à la perfection au point de passer pour un américain natif.
Comment leur dire ? Bonne question !
Comment j’ai pu faire comprendre à quelqu’un que « j’en étais » ?
Et bien ça c’est fait par personne interposée.
En fait, j’ai commencé à parler de la douance de mon fils et du remue-ménage que ça créait au sein de la famille.
Et quelqu’un m’a fait justement remarqué qu’il me ressemblait beaucoup, que les chats ne font pas des chiens etc…
Un autre m’a dit son étonnement à me voir être surprise par ce que je décrivait puisque j’étais, selon lui, pétri de la même pâte, que j’avais de nombreuses similitudes dans mon comportement…
J’ai alors fait celle qui était surprise par son analyse et l’ai accepté ce qu’ils en pensaient.
Je ne suis pas la maman biologique de cet enfant et pourtant il y a tellement d’aspects dans lesquels je me retrouve dans son mode de fonctionnement ! Nous concernant, il n’y a donc rien de génétique dans cette histoire, juste une rencontre entre deux HPI qui se découvrent mutuellement.
J’ai donc choisi de laisser toute liberté à mon entourage pour qu’il mette tout seul des mots sur ce mode de pensée. Ensemble, nous avons l’impression de découvrir par petites touches, au cours des conversations, des échanges d’expérience, eux et nous deux, ce monde et ses codes spécifiques, en avançant, côte à côte.
Et finalement, tout devient plus simple. Plus simple pour moi qui découvre alors qui je suis et plus simple pour eux car, je ne leur assène pas MA vérité. Nous faisons juste un bout de chemin ensemble dans cette découverte pour qu’ils avancent eux aussi à leur rythme…
Voilà comment j’ai fait, ou plus justement comment cela c’est fait…
PS : J’aimerais vous dire merci pour votre intention d’ouvrir des portes, des fenêtres et qui sait faire même tomber des murs au sujet de la douance. Mais le mot merci est bien court. Il me paraît si creux par rapport à mon ressenti.
Alors tant pis, je ferais avec ce mot, et comme je n’ai pas trouvé mieux pour m’exprimer, je vous le dis tout simplement : MERCI !
Bonjour Nathalie,
Pour ce coming-out, je pense qu’il faut être très prudent, avec les « typiques », c’est plus simple avec les atypiques car ils se reconnaissent rapidement. Le sujet a été très médiatisé, trop, avec bcp de raccourcis mal interprétés, et trop de personnes se disent HP sans avoir passé les tests. L’hypersensibilité est certainement plus simple à dévoiler…Ma neuro psy m’a signalé une polémique en cours, à savoir qu’il suffisait de passer les tests( avec leur prix conséquent) pour être de facto admis chez les HP.Ce fact news circule sur le net et c’est assez odieux pour le professionalisme et l’honnêteté des Npsy. Personnellement, je n’en parle pas trop, je digère…L’annonce m’ a fait bcp de bien, m’a permis d’expliquer mon histoire, en partie seulement.
En révélant cela à un Typique, le danger est grand car il se sentira dévalué, complexé et ceci à cause de ces fameux tests, pris toujours comme un examen de passage, quoiqu’on en dise…Un très grand merci pour votre travail et la richesse des intervenants. J’ai découvert un auteur très brillant sur le sujet que je recommande: Les surdoués et les autres : Carlos Tinoco
Cordialement
Depuis la rediffusion du congrès, j’ai décidé/compris que j’en souffrais depuis trop longtemps, et j’ai partagé sur Facebook un article que j’avais timidement écrit il y avait quelques mois sur le sujet. J’ai des retours touchants, tandis que certains vont probablement me trouver vantard ou je ne sais quoi. Dans tous les cas les deux aspects sont présents chez moi : l’envie constante d’être le meilleur, et une grande sensibilité. L’enjeu est probablement de concilier ces deux aspects en une forme de sagesse et d’humilité, qui seront peut être alors reconnues comme telles. En attendant, je bosse sur moi, je me questionne et je questionne, j’explore, j’essaie de changer peu à peu ce qui me dérange pour aller vers plus de liberté et de légèreté !
Merci pour ce super article Nathalie !
La terminologie « coming out » est en fait attachée a la communauté gay où un gay décide d’exister comme gay dans la société en révélant publiquement sa différence. Sur base de mon expérience comme gay, ce n’est pas tant le dire à lexterieur qui est le plus important. C’est d’abord pleinement habiter cette identité en la reconnaissant pour soi même et en apprenant a l’apprécier. La communication a l’extérieur vient plus tard et elle me semble secondaire aujourd’hui. Apprendre a s’aimer tel qu’on est est la base, la fondation du bien-être.
Je ne sais pas si je suis concernée par le HPI puisque je n’ai pas encore fait de tests. Mais quand une personne avec qui j’avais travaillé m’a fortement suggéré de m’informer sur le sujet parce qu’elle estimait que j’étais concernée, je me suis aussitôt tournée vers mes meilleur(e)s ami(e)s ou collègues pour leur demander comment ils me percevaient. La première réponse (celle de Béatrice) m’a sciée. Aussitôt, c’était une évidence pour elle : « je ne sais pas comment tu fais pour faire tout ce que tu fais. Pourtant moi je travaille. Mais toi, tu n’es pas comme nous. Tu as toujours plein d’idées. » J’ai poursuivi mes investigations. Je note les retours au fur et à mesure et cela finit par m’amuser. Comme récemment un jeune collègue qui me disait que je n’étais jamais dans la case où j’étais attendue mais déjà loin devant. En fait, j’ai l’impression que pour les autres c’est une évidence et que moi je suis complètement miro.
J’aime beaucoup le témoignage de Xavier : « (…) ce n’est pas tant le dire à l’exterieur qui est le plus important. C’est d’abord pleinement habiter cette identité en la reconnaissant pour soi même et en apprenant a l’apprécier. La communication a l’extérieur vient plus tard et elle me semble secondaire aujourd’hui. Apprendre a s’aimer tel qu’on est est la base, la fondation du bien-être. »
Je n’ai passé aucun test (le fait de savoir que je passe un test me bloque complètement, même si on m’a déjà évoqué l’idée d’en passer mais en vrai je m’en fiche de savoir si j’ai un Q.I. de 70 ou 140 car pour moi, le sujet n’est pas tant dans le niveau d’intelligence tel qu’on l’entend habituellement que dans la forme d’intelligence que nous avons. Pour cela je ne suis pas à l’aise avec les terme « douance » ou « haut potentiel » car ils émettent cette question de niveau alors que, selon moi, il s’agit plutôt d’une nouvelle forme d’intelligence (faisant notamment place à l’intelligence émotionnelle). Je ne me sens donc pas à l’aise d’expliquer ma différence par ces termes, par contre, le fait de me reconnaître m’a beaucoup aidé à me comprendre et ne plus vivre cette différence comme une tare ou, comme ma famille m’a stigmatisé, comme « malade mentale »… je ne sais pas pour vous mais pour moi, ce qui se révèle comme un cadeau a été un fardeau toute ma vie, pour le rejet qu’il provoque, de notre perception/analyse alternative qui dérange, bouscule les codes, les lignes … Ce rejet est d’autant plus difficile à vivre quand on a des facultés de capter décuplées… Donc, pour résumer : ça m’a bien aider à comprendre ce que j’étais et ça c’est énorme (parce qu’être perçue comme un animal bizarre ça n’aide pas à se construire) mais perso j’éviterais d’en parler car cela me semble trop compliqué à expliquer à des gens « normaux » qui fonctionnent avec un système à cases et je n’ai surtout pas envie d’insinuer un quelconque notion de « niveau » en intelligence car j’estime que chaque forme à sa valeur… je veux juste qu’on me laisse avoir la mienne et je crois qu’en prenant conscience de la chose, non plus comme un fardeau mais comme un cadeau (même si c’est vite dit…), ca change le rapport entre soi et soi et le reste se réaligne tranquillement par la suite à l’extérieur… Pour cela je trouvais la comparaison de Xavier (avec le coming out sexuel) bien adapté.