L’argent et le haut potentiel, est-ce que ça fait bon ménage ? Nous avons tous un rapport différent à l’argent selon notre éducation ou nos émotions par exemple. Pour certains, l’argent est quelque chose de génial ; pour d’autres, c’est plutôt quelque chose de négatif, qui peut nous dissocier de qui nous sommes vraiment.
Ce n’est pas toujours évident et pour nous éclairer sur le sujet, Christian Junod va nous donner des pistes pour pacifier notre relation à l’argent et ainsi avancer dans la direction qui nous convient.
Haut potentiel et argent : quelles spécificités ?
On retrouve évidemment beaucoup de points communs entre les personnes surdouées et l’ensemble de la population lorsque l’on parle d’argent. Cependant, les émotions sont très exacerbées pour les personnes à haut potentiel, du fait de leur sensibilité particulière. Il y a sans aucun doute un lien entre l’hypersensibilité du haut potentiel et l’injustice que l’argent peut engendrer.
Chaque fois que l’on ressent une blessure d’injustice, des émotions comme la colère ou la tristesse peuvent nous envahir. Le piège qui se trouve derrière cela est que si l’on pense que l’argent est une source d’injustice, on risque de craindre d’être injuste soi-même.
C’est souvent insupportable de passer pour injuste aux yeux des autres. C’est alors que les personnes sensibles vont pratiquer des prix bas et ne vont pas oser fixer un prix qui correspond à la valeur réelle de ce qu’elles apportent. Le piège est qu’elles sont prêtes à être injustes avec elles-mêmes, pour ne pas passer pour injuste aux yeux des autres.
Pourtant, cela même est déjà une forme d’injustice…
Vaincre ses résistances face à l’argent
Le thème de la relation avec l’argent est relativement complexe. Il vient nous rencontrer au plus profond de qui nous sommes. Cette relation peut être liée à la place que l’on se donne à travers la société ou sa famille. Ou bien à la valeur que l’on se donne, donc à l’estime de soi. Ça peut être aussi le droit à l’existence ou encore la peur de la mort. On peut avoir travaillé sa relation à l’argent, cela reste un chemin qui évolue en permanence.
Christian Junod, en tant qu’expert, a eu très peur alors qu’il gagnait beaucoup d’argent. Il a lui-même beaucoup travaillé sa relation à l’argent, et ce n’est pas pour autant que ce travail est définitivement terminé.
De la même manière que pour la gestion des émotions, on n’est pas au bout du chemin malgré le travail que l’on a fait. Il faut toujours avancer un pas après l’autre. Il faut trouver comment on peut être plus tranquille et serein dans son rapport à l’argent, de la même manière que l’on peut améliorer ses capacités pour gérer ses émotions et mieux les accueillir.
Donner vs recevoir : quel est le plus facile ?
Pour certaines personnes, il est plus facile de donner que de recevoir. Christian Junod rencontre très régulièrement des personnes pour qui c’est le cas.
Une des premières raisons est que la plupart du temps. on nous a appris à donner plutôt qu’à recevoir. Cela peut être à travers l’instruction religieuse ou l’instruction familiale. L’égoïsme est très mal vu. Il faut se donner pour les autres et ne pas trop penser à soi. Il y a quelques générations, c’est cela qui était inculqué.
La moitié des personnes qu’accompagne Christian sont concernées par ce qu’il nomme le symptôme de l’enfant non désiré. Il y a deux façons de l’être : soit à la conception si un ou les deux parents ne désiraient pas mettre d’enfant en route à ce moment-là, ou bien au moment de la naissance si un ou les deux parents ne désiraient pas un enfant de ce sexe-là.
Quand nous ne sommes pas désirés, même si nous ne le savons pas avec la tête, nous le savons à notre niveau, à l’intérieur de nous. Nous allons encoder que nous ne sommes pas pleinement légitimes. On va alors penser que l’on ne mérite pas de réussir. On va en faire beaucoup et s’épuiser pour montrer que l’on mérite d’être en vie.
Beaucoup ont une grande facilité à apporter leur soutien aux autres. Cependant, elles ont une grande difficulté à accepter de recevoir. Elles pensent qu’elles doivent se débrouiller seules et rencontrent des difficultés à accepter de l’aide quand elles en ont besoin.
C’est comme si on pensait qu’on ne mérite la vie qu’en donnant, et qu’on n’a pas le droit de recevoir. C’est souvent inconscient et subtil, mais c’est très courant. Il existe des processus à mettre en place pour réconcilier cette notion d’enfant non désiré et arriver à se percevoir comme un cadeau de la vie. Indépendamment du fait que l’on ait été désiré ou non, il existe des stratégies pour sortir de ce schéma qui nous poursuit parfois toute notre vie.
Quand on ne se retrouve pas intégré dans la vie parce qu’on se sent différent et en décalage, comme cela arrive à beaucoup de personnes concernées par la douance, cela peut potentiellement renforcer ce sentiment de ne pas être désiré.
L’argent et le syndrome de l’imposteur
Inconsciemment, nous projetons tous quelque chose sur l’argent. Certains vont projeter leur sécurité, leur liberté, leur autonomie, leur indépendance. D’autres vont être projetés sur le fait que l’argent n’a pas de valeur, qu’il est injuste, sale, et source de conflits.
En Europe, l’argent est un sujet dont on évite de parler. C’est encore tabou. Le piège est que la source de nos comportements avec l’argent n’est pas l’argent lui-même, mais notre projection sur lui. Si on pense que l’argent c’est la sécurité et la liberté, on va vouloir en accumuler en pensant que l’on sera plus sécure et plus libre. Cela vient compenser un manque de sécurité intérieur ou un manque de liberté intérieure, de ce qui est bon pour soi.
Ensuite on retrouve tous ceux qui ont des projections négatives sur l’argent, même inconsciemment. Cela dépend souvent de ce que l’on a entendu à la maison durant notre enfance. Ces personnes vont plutôt prendre leur distance avec l’argent puisque dans leur perception, l’argent est quelque chose de mal. Elles ne vont pas attirer l’argent autant qu’elles le pourraient. Elles vont attirer des situations où l’argent va se dilapider de façon à ne pas être gagnant.
D’autres de ces personnes vont en attirer d’autres dans leur vie qui vont se charger de dépenser leur argent à leur place. Elles peuvent se faire manipuler par des proches ou des personnes extérieures.
Le syndrome de l’imposteur chez les personnes qui ont de l’argent peut être en lien avec le fait de gagner de l’argent à distance. Il y a quelque chose d’inconscient qui entre en jeu. Cette notion d’imposteur peut être également ressenti par les personnes à qui on va donner une augmentation. Elles vont se sentir sous pression de peur de devoir donner plus en contrepartie.
Si c’est difficile pour ces personnes de gérer cette pression, elles vont préférer, consciemment ou non, éviter de se mettre dans cette situation. Elles vont donc garder des tarifs plutôt bas ou ne vont pas accepter de poste plus important. Il est important de prendre conscience de tout cela.
Pour tout ce qui concerne les notions d’imposture et de légitimité, on revient sur des notions de place dans la fratrie, d’enfant désiré ou non. C’est particulièrement vrai pour les personnes à haut potentiel qui ont eu beaucoup de peine parfois à trouver leur place, à l’école principalement. Elles ont une manière de fonctionner différente. Elles raisonnent et voient les choses autrement. Tout cela peut avoir été douloureux. Ce complexe peut être rencontré de plein de façons différentes. Il faut trouver la façon dont on peut s’autoriser à accueillir l’imposteur et l’illégitime en soi.
Les clés pour améliorer son rapport à l’argent
Christian Junod partage ses conseils pour faire bon ménage avec l’argent.
La première clé est de prendre l’habitude, pendant un certain temps, de noter chacun de nos comportements et pensées à chaque fois qu’il s’agit d’argent. Chaque jour, nous vivons des situations en lien avec l’argent. Ça peut être un simple repas au restaurant. À cet instant, il suffit d’observer nos fonctionnements et nos pensées. On comprendra alors si on s’autorise à se donner de la valeur ou pas. Cette simple habitude permettra de faire ressortir les mécanismes récurrents et on comprendra mieux notre fonctionnement.
La deuxième clé est à appliquer chaque fois qu’il y a des tensions ou que l’on ressent du stress dans une situation en lien avec l’argent. Ou bien si on a envie de consommer plus que nécessaire par exemple. On va ressentir du stress, car on n’est pas sûr d’avoir les fonds nécessaires. On va alors se faire des idées sur une situation future. À chaque fois que cela arrive, il faut s’inviter à s’arrêter, à respirer, à revenir dans le monde présent. À partir de là, l’action qui va découler sera différente de celle qui aurait lieu si l’on restait dans une forme de stress, d’agitation ou de mal-être. Il faut revenir à soi en s’ancrant pour se permettre de prendre les bonnes décisions.
La troisième clé est d’aller prendre un peu de temps pour voir ce qu’il se disait dans la famille sur les riches, sur les pauvres, sur le travail, sur le fait d’avoir de l’argent ou pas. Quels ont été les messages véhiculés dans la famille ? Ces messages ont été présents de manière explicite, mais aussi de manière subtile. Il faut voir jusqu’où, dans notre famille, les personnes se sont permis de vivre pleinement leur vie ou pas.
C’est aussi une observation de la manière dont ils ont géré leur argent : comment ils ont vécu, profité de la vie. Tout ceci n’est pas forcément exprimé verbalement. Même quand l’humour est utilisé, il peut être intéressant d’observer les messages cachés. L’idée n’est pas d’aller juger qui que ce soit, mais de mieux comprendre d’où l’on vient. Nous pourrons alors faire des choix en conscience, pour choisir ce que l’on garde et ce que l’on laisse avec respect et bienveillance.
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