Dans la tête d’une personne concernée par le haut potentiel, c’est parfois le désordre ! Tout comme ça peut l’être dans son environnement quotidien. Y-a-t-il un lien entre le désordre que nous avons à l’intérieur et celui que nous expérimentons dans notre environnement ? Comment s’y prendre pour gagner en clarté et en créativité ? Nathalie Crahay, home organizer et consultante en feng-shui occidental, répond à ces questions.
Désordre intérieur vs désordre extérieur
Très souvent on entend dire que le désordre que l’on a dans sa maison est le reflet de ce qui se passe dans notre esprit. On peut avoir un lien entre les deux, puisque le fait de vivre dans un environnement très chargé et très encombré peut amener à des difficultés à penser, à réfléchir et à s’organiser intérieurement.
Quand on ne va pas bien dans notre esprit, qu’on a les idées mélangées, il peut être intéressant de ranger. Cela permet d’aider à passer à l’action et apporte un côté méditatif. Remettre les choses en ordre, bien séparer les choses, ce que l’on garde, ce que l’on jette peut effectivement bien aider.
Il arrive régulièrement que les personnes qui font appel à Nathalie Crahay aient déjà eu un diagnostic de haut potentiel ou ont un mode de fonctionnement qui n’est pas commun. Cela se reflète parce que souvent, on les a obligées à rentrer dans un moule en leur disant de quelle manière elles devaient ranger leurs affaires. Or, ces personnes ont besoin de trouver leur propre façon d’organiser leur environnement à elles, celui qui leur correspond typiquement.
Nathalie aime proposer de casser les codes de rangement : par exemple, on a l’habitude de ranger ses bijoux dans une boîte à bijoux qui se trouve dans sa chambre. Alors que le matin, quand on met nos bijoux, on peut se trouver plutôt dans notre cuisine. Donc leur place serait peut-être plus appropriée dans un tiroir de la cuisine pour éviter de retourner dans sa chambre pour les chercher.
En cassant un peu les codes, on peut réorganiser en dépareillant éventuellement un service si on utilise que quelques éléments au quotidien : on n’est pas obligé d’avoir tout le service à disposition. L’idée est de se mettre en accord avec soi-même et que cela nous corresponde. Plusieurs profils de personnes souffrent de leur désordre, ressentent un mal-être ; même s’il existe des personnes qui se sentent très bien dans leur désordre.
À partir du moment où on en souffre, où on ne se sent pas bien, on sent qu’il faut que l’on agisse mais souvent, on ne sait pas par où commencer.
Des personnes vont se sentir très angoissées par l’idée de démarrer un travail de tri, de désencombrement.
D’autres personnes vont plutôt être perfectionnistes et vont chercher à toujours faire le mieux possible et du coup, ne démarrent pas leur tri. Certaines personnes vont procrastiner et d’autres, qui sont très créatives, vont avoir l’impression de perdre la source de leur créativité en rangeant. Cependant, cette source de créativité peut être mise en péril si la personne ne retrouve plus rien dans ses affaires.
Différents profils selon le type de rangement
On observe différents profils types de personnes, sans oublier celles avec lesquelles on vit, qui est un facteur important. Le fait d’avoir deux conceptions totalement différentes du rangement, de l’ordre ou du désordre peut créer des conflits et là, il est important de se dire que l’objectif n’est pas une maison mieux rangée, mais plutôt une meilleure relation dans le couple ou la famille. On ne vit pas forcément seul avec soi-même, car il y a aussi les autres avec lesquels nous vivons. Une personne qui vit seule n’aura pas forcément le même rapport à l’ordre qu’une autre qui vit en famille ou en couple, ou qui reçoit du monde ; il y aura une nécessité d’avoir un minimum de rangement afin de retrouver facilement ses affaires.
Il existe différents types de désordre : le désordre du quotidien qui concerne les choses qu’on utilise tous les jours : les vêtements, la vaisselle… et il y a le désordre qui est provoqué par toutes les décisions qu’on a repoussées à plus tard : ce que l’on dépose à la cave, dans le débarras… On se dit : « Je le mets là car on a la place » et un jour, on réalise que c’est un trop plein, que l’on ne retrouve plus rien, et cela est difficile à gérer.
Un profil que rencontre souvent Nathalie, ce sont les personnes qui sont sentimentales. Elles vont garder les choses par émotion, car elles veulent se souvenir de chaque cadeau qu’elles ont reçu, de chaque objet qu’elles ont ramené de voyage. On peut très bien assumer et aimer le fait de vivre entouré de beaucoup d’objets. De nos jours, on nous dit que l’on doit vivre dans une maison épurée, alors que certaines personnes vont se sentir angoissées de vivre ainsi. Ce qui est dommage, c’est quand les affaires sont désordonnées car elles ne sont pas mises en valeur. Quand on aime ses objets, on peut leur offrir un écrin pour les choyer à la hauteur de ce qu’ils méritent. Ces questions de choix peuvent être liées au fait d’être une personne sentimentale qui a du mal à se séparer de ses objets.
encombrement et limites
Ce qui est essentiel, c’est d’être en accord avec soi et de se demander si c’est nécessaire d’avoir autant de choses. Si on a la sensation d’étouffer et que l’on s’interroge sur le fait de conserver tant d’affaires, c’est difficile à vivre car on peut ne pas savoir par où commencer. Pour Nathalie, la notion d’ordre et de désordre est trop figée. Elle préfère parler de désencombrement, car on peut ressentir la sensation d’être empêché de se mouvoir chez soi. Notre maison doit être considérée comme un nid, un refuge, un foyer qui nous protège. À partir du moment où on est en souffrance dans son intérieur, c’est difficile et il faut agir.
Beaucoup de personnes ont redécouvert leur intérieur suite au confinement dû à la crise sanitaire que nous avons vécue, et ne se rendaient pas compte qu’elles passaient peu de temps chez elles. Quand on souhaite avoir une maison qui nous correspond, avec l’ordre qui nous correspond, il est important d’être chez soi.
Certaines personnes conservent des livres sans nécessairement les avoir lus. C’est le fait d’acheter des livres et de ressentir le bonheur de les posséder qui les rend heureuses. Très souvent, si on se rend dans une librairie ou une bibliothèque, on repart avec une pile de livres alors que l’on ne va en lire qu’un seul, et que les autres livres resteront pendant des mois ou des années sans être ouverts. De savoir qu’ils sont là apporte un réconfort.
Cependant, les livres peuvent devenir des objets très encombrants, la bibliothèque personnelle peut vite être saturée et cela devient gênant. Quand on possède une grande quantité de livres et que l’on se décide à les trier, il est très fréquent d’en avoir en double exemplaire. À ce moment-là, il est intéressant de se demander si tel ou tel livre peut encore nous convenir actuellement, si on le lirait à nouveau avec plaisir, si on a intégré le concept…
Les choses évoluent continuellement et parfois, conserver des livres très longtemps peut devenir obsolète.
Je veux désencombrer : par où commencer ?
Lorsqu’une personne se rend compte qu’elle a besoin de désencombrer son environnement, Nathalie propose de commencer par la salle de bain, car c’est souvent une petite pièce où les rangements sont assez limités. En feng-shui, la salle de bain a la notion de la symbolique du soin de soi. On va démarrer par les produits, les médicaments en triant par rapport aux dates de péremption, les serviettes de bain en ne conservant que celles que l’on utilise vraiment… Ce type de tri provoque peu d’émotions et peut même permettre de faire des dons à des associations si on a des produits dont on ne sert pas. Le fait de débuter par la salle de bain donne rapidement un résultat. On peut se dire que c’est une chose de faite et surtout, on ne doit pas oublier de se féliciter en prenant un petit moment pour soi, car ce n’est pas une action anodine.
Il est important de commencer par un lieu petit et encombré, car cela donnera rapidement un résultat visible au quotidien. Si on commence, par exemple, par le grenier ou la cave, on n’aura pas cette satisfaction au quotidien car ce n’est pas un endroit que l’on utilise tous les jours. On peut poursuivre avec un placard de la cuisine, le porte manteau de l’entrée… sans omettre de délimiter le temps que l’on va passer à effectuer ces tâches. Si on s’oblige à remplir ce temps sans le dépasser, cela sera plus satisfaisant et on n’aura pas l’impression d’avoir fait un grand rangement. Certaines personnes se donnent un objectif d’une heure de désencombrement par semaine et cela permet d’avancer à petits pas avec plus d’efficacité.
C’est essentiel de faire la distinction entre le désordre quotidien et les choses qui ne sont pas rangées depuis longtemps, ou qui sont au fond d’un placard. Il faut faire une tâche à la fois afin de la terminer, plutôt que de commencer à plusieurs endroits et ne rien accomplir. Finalement, peu importe par quelle étape on commence, car il n’y a pas de bonne première étape, il faut s’écouter car le premier choix que l’on va faire sera le bon.
On peut aussi commencer le désencombrement en délimitant par catégories d’objets, par des choses qui peuvent nous agacer au quotidien comme par exemple, le fait de ne pas jeter les stylos qui ne fonctionnent plus. On peut rechercher dans toutes nos pièces les stylos défectueux et ainsi les jeter. En les conservant, ils ont une véritable fonction de remplissage mais n’ont plus aucune utilité.
Rassembler les mêmes types d’objets au même endroit peut être une bonne idée pour certains objets comme les piles, les ampoules que l’on cherche souvent car on ne sait plus où elles se trouvent. L’idéal est de les ranger au même endroit sans oublier d’en informer les membres de notre foyer. Il est intéressant de rassembler des objets de même catégorie et de se dire que leur place est à tel endroit. C’est beaucoup plus simple pour l’esprit de savoir où se trouvent les choses et que le tout le monde en soit informé. En général, plus on a une grande maison, plus on aura tendance à multiplier les lieux de stockage. Finalement, on se rend compte que l’on a un stock immense pour certaines catégories d’objets.
INVERSER LES PIÈCES POUR RENOUVELER L’ÉNERGIE
Il faut se donner le temps pour s’organiser dans ses rangements de façon à ce que cela soit pratique. On peut s’autoriser à changer certaines fonctions de nos meubles. Si certaines choses ne nous conviennent pas depuis longtemps, il ne faut pas hésiter à les modifier de suite pour se sentir mieux.
Le fait de changer de pièce pour dormir, d’inverser la chambre parentale avec celle des enfants peut être bénéfique pour certaines familles. En fonction de l’orientation de la chambre, des zones dans la maison, la personne ne va plus apporter la même chose à la famille. Les enfants grandissent, tout le monde change continuellement, on peut changer de vision des choses, de métier… Tout cela va se rééquilibrer dans la maison et il faut pouvoir se demander si on ne serait pas mieux dans une autre pièce. En essayant de changer, cela peut apaiser le sommeil, les relations… Le fait de changer les meubles sera plutôt pour une question de circulation d’énergie dans la maison. Si on a un meuble imposant qui nous gêne, on peut le déplacer afin de se sentir bien. Une maison dans laquelle l’énergie circule bien nous apportera du bien-être et du repos. Il ne faut pas hésiter à tester afin de savoir ce que l’on ressent à l’intérieur de soi pour se connecter à son corps.
Désencombrer son intérieur : LES AVANTAGES
Le désencombrement apporte une clarté. Souvent on se sent perdu et cette idée de clarifier son environnement peut permettre de clarifier nos idées. Quand on sent que l’on est bloqué, se mettre à faire du rangement, du désencombrement permet d’amener cette clarté.
Une autre dimension qui est importante aujourd’hui, c’est l’écologie. L’écologie au sens large, mais aussi l’écologie de soi. Aujourd’hui, on ne peut plus continuer à surconsommer et surproduire. On sent que l’on est dans cette ère de consommation plus durable, plus raisonnée. Par rapport à soi, c’est avoir le juste milieu, le bon nombre d’objets qui va éveiller notre créativité, nous servir sans forcément nous surcharger énergiquement.
Pour conclure, il y a le rangement qui se fait de façon physique et aussi toute une partie qui doit cheminer dans notre esprit : réfléchir où on va mettre les choses, ce que l’on va en faire, ce que l’on va garder… tout cela est un vrai cheminement intérieur.
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