La relation à l’argent est un sujet encore tabou qui nous parle de beaucoup de choses… C’est un sujet qui peut fâcher, qui peut nous confronter aux autres et à nous-même, et qui peut également nous donner les moyens de nos ambitions. Il n’est pas toujours évident de trouver cette juste distance et en particulier quand on est concerné par le haut potentiel, la relation avec l’argent n’est pas toujours simple. Martine Louis, consultant financier et Money mindset coach, nous explique quelles sont les croyances limitantes récurrentes chez les personnes concernées par la douance et surtout, comment nous pouvons (ré)apprendre à voir les choses autrement.

Parler d’argent : pourquoi est-ce tabou ?

L’argent est un des derniers tabous dans nos sociétés occidentales, tout comme la sexualité et la religion avec lesquelles il est lié. C’est un tabou ici en France, bien plus qu’en Angleterre par exemple, où vit Martine Louis. Le coaching qu’elle pratique sur la relation à l’argent lui vient des Etats-Unis. 

Aux Etats-Unis, Il y a vraiment une différence culturelle énorme sur la relation avec l’argent par rapport à l’Europe. Là-bas, on aborde ce sujet très facilement alors qu’en Europe, c’est un sujet qui aura tendance à rester secret.

 

Argent et HP : une relation particulière ?

Les hauts potentiels ont ce côté très émotionnel : tout leur est surdimensionné. Et l’argent donne encore plus de puissance à cette caractéristique, ce qui complexifie le processus. 

Beaucoup de personnes ont des problèmes relationnels avec l’argent. En effet, il n’y pas d’école de l’argent : la manière dont on est éduqué construit notre vie et notre relation avec l’argent. Une croyance très forte existe dans notre société occidentale : c’est celle du manque. On manque d’argent, on manque de temps, etc. Et chez les hauts potentiels que Martine a coachés, elle a relevé que cette obsession du manque est très présente. On projette nos croyances sur l’argent. 

Par exemple, on peut projeter notre insécurité, qui est une deuxième croyance qui touche au plus profond les hauts potentiels. Ce besoin de sécurité que l’on met sur l’argent est une chose que font beaucoup de personnes. Mais quand on est concerné par la douance, cela est encore plus exacerbé. On pense que plus rien ne peut nous arriver car on a des épargnes, des investissements… On se sent en sécurité alors qu’en réalité, c’est purement une projection. 

Chez les personnes à haut potentiel, cette notion est accrue, car cela touche tout particulièrement les émotions. Si les marchés financiers chutent, elles vont ressentir immédiatement des sentiments de peur. Le surdoué a ce côté émotionnel qui domine sa vie.

La peur du manque qui se creuse peut prendre de l’ampleur et pourrait expliquer pourquoi cela peut être compliqué pour les hauts potentiels. Cette notion d’obsession du manque d’argent touche tous nos domaines de vie : le manque de temps, le manque de confiance en soi… Quand on projette en plus la sécurité sur l’argent, on touche vraiment des choses qui viennent éveiller les peurs les plus profondes, comme ces peurs ancestrales de survie. 

Si au cours de sa vie, on se retrouve avec une perte de revenus, on peut penser que l’on va se retrouver dans la rue, que l’on n’aura plus de quoi se nourrir. Avec la crise que l’on vient de vivre, même si les États ont énormément aidé pour protéger les personnes, se retrouver sans travailler a pu donner l’impression d’être sans sécurité aucune. Tout cela va se projeter sur la relation avec l’argent en prenant des dimensions qui bloquent, car tout le côté émotionnel est perturbé. On ne peut être dans son talent et l’exprimer si on a ces perturbations émotionnelles en arrière-plan qui viennent brouiller la clarté de l’esprit et l’alignement que l’on peut avoir par rapport à qui on est vraiment.

L’argent dans les relations : quelle symbolique ?

C’est le cœur de cette problématique de relation à l’argent. Quand on commence à travailler sur sa relation avec l’argent, on va travailler sur sa relation à soi-même, à la vie, aux autres. 

Que l’on soit dans les affaires et que l’on s’associe, ou que l’on soit dans un couple ou dans un autre type de relation, l’argent est présent. On ne peut pas vivre dans nos sociétés actuellement sans argent. Peut-être que dans le futur, quand l’Homme aura pris suffisamment de maturité et d’autonomie dans sa propre essence, l’argent pourra peut-être disparaître, mais ce n’est pas encore le cas pour l’instant. La relation à l’autre et dans le couple est présente : d’ailleurs plus de 90 % des causes de divorce sont inconsciemment liées à l’argent. 

Quand on fait un travail sur soi, sur sa relation à l’argent avec son partenaire, que cela soit un partenaire d’affaires ou de vie, cela mène vers une meilleure connaissance de soi-même et de l’autre. On est beaucoup plus dans l’empathie pour pouvoir comprendre et avancer ensemble. 

Dans les affaires ou dans les couples, c’est la même chose : tant que le business fonctionne, on compose avec cette relation sans vraiment la comprendre. Dès lors que l’on commence à avoir des problèmes relationnels, c’est l’émotionnel qui va prendre le dessus et probablement altérer la relation, voire même la mener à sa fin. 

L’importance que l’on donne à l’argent n’est pas forcément liée à sa valeur, mais plutôt à la notion qu’on lui donne, à la qualité qu’on lui prête.

 

Entrepreneurs HP : pourquoi cette peur de facturer ses services ?

Martine a coaché des entrepreneurs à haut potentiel ou à haute sensibilité qui ont des problèmes pour facturer leurs services. Beaucoup, dans le monde du coaching, dans les thérapeutes ou dans le monde spirituel, se retrouvent avec une dissonance cognitive car pour eux, ce sont des services pour lesquels ils ne devraient pas être rémunérés. On a tous droit à l’abondance, mais il faut savoir monnayer son talent, car ce travail à un prix. C’est compliqué pour les hauts potentiels ayant ce souci, d’avoir une entreprise rentable.

Sur le plan collectif, notre relation à l’argent est dirigée par notre inconscient : celui-ci dirige nos actions en matière d’argent et de décision. Martine a coaché énormément de femmes en statut d’auto-entrepreneur, et celles-ci ont encore plus de difficultés à facturer, à se faire payer, à avoir confiance. Encore aujourd’hui, même dans les nouvelles générations, dans les levées de fonds pour les starts-up par exemple, les femmes ne sont représentées qu’à 10 %, malgré qu’il y ait de plus en plus de femmes auto-entrepreneures. Les femmes ne travaillent que depuis environ un siècle, ce qui fait que notre inconscient collectif porte encore les stigmates de cette vision des choses en termes de relation avec l’argent. Les choses évoluent, mais très lentement.  

Le fait d’avoir des dons spirituels fait souvent référence à la croyance de ne pas être payé car il s’agit d’un don. Alors qu’avoir un don, un talent quelconque que l’on exprime, ne devrait pas empêcher d’avoir un retour financier. Certaines personnes ayant ce type de dons pensent que si elles monnayent leur talent, elles pourraient perdre leur âme car elles auraient le sentiment d’avoir de l’argent sale, ou que les personnes riches sont malhonnêtes… Toutes ces croyances sont vraiment ancrées en nous. 

L’argent est là pour nourrir nos projets et nos talents. Et le problème n’est pas l’argent en soi, mais bien la manière dont on entre en relation avec lui, et donc avec la vie. Travailler sa relation à l’argent, c’est vraiment travailler sa relation à la vie. C’est redonner confiance en soi, aller chercher son talent et pouvoir l’exprimer. C’est un travail très profond à durée souvent infinie. 

Améliorer sa relation avec l’argent

On parle beaucoup de croyances. Il est important d’aller chercher à l’intérieur de soi quelles sont les croyances qui nous habitent et qui nous font agir de telle ou telle manière. 

Il faut aller chercher dans sa vie passée comment nos parents ont agi dans notre plus tendre enfance. Ces croyances s’impriment dans l’inconscient, comme une vidéo, et c’est ce qui dirige ensuite toute notre vie d’adulte. Sans aide extérieure, il est très compliqué de chercher les croyances, car ce sont parfois de tous petits détails dans l’inconscient ou dans le corps qui peuvent avoir une incidence sur notre relation avec l’argent. 

Martine propose à ses clients un test qui permet d’aller voir quels sont les archétypes qui dirigent leur vie, leur relation à l’argent et à la vie. De manière ludique, elle symbolise les archétypes par des jouets de façon à aller chercher de manière inconsciente et innocente le fait de ne pas vouloir consulter son compte en banque, de ne pas vouloir facturer ses clients, de ne pas réussir à annoncer son tarif… De cette façon, ce n’est plus nous qui agissons, mais c’est l’archétype qui se nomme l’innocent, la victime ou le martyr. On ne s’identifie alors plus à ce comportement, ce qui permet de se détacher et de se défaire de cela plus facilement. 

Pour simplifier, on a par exemple l’archétype du fou : ce sont les personnes qui ont une addiction à dépenser ou à pouvoir gagner de l’argent facilement, mais qui le perdent aussitôt car elles n’arrivent pas à gérer leurs dépenses. 

Quand il y a une mauvaise nouvelle financière qui arrive, cela peut être très émotionnel car cela touche le corps, selon notre réaction face au fait de payer une dette. Si on a la gorge serrée, le corps qui se rétracte, on peut dire qu’il y a une croyance à travailler, et il faut aller voir comment on peut s’en détacher. Il faut observer et ressentir dans notre corps où est-ce que cela nous parle, si on se sent frustré, en colère… Toutes ces émotions représentent notre relation avec l’argent. 

Il est essentiel de retrouver cette paix et cette fluidité pour payer ses factures, et de considérer son percepteur comme un partenaire plutôt qu’un ennemi. Tout comme les personnes qui cachent à leur banquier des problèmes de trésorerie qu’elles auraient, cela signifie qu’elles se cachent à elles-mêmes des choses. 

Le fait de pouvoir ressentir est très en lien C’est un travail spirituel sur la relation avec l’argent qui va toucher au plus profond nos peurs les plus archaïques. C’est un travail de développement personnel de toute une vie. C’est un chemin avec des étapes, des paliers : c’est le travail de notre relation à la vie. 

On peut avoir un travail qui nous permet de bien gagner notre vie, d’avoir ce sentiment de sécurité, de ne jamais avoir à se préoccuper de problèmes financiers. Il se peut que ce travail ne corresponde plus à nos valeurs, et que l’on décide d’y mettre fin. À ce moment-là, on va ressentir un sentiment d’insécurité, comme si on n’avait pas régler des problèmes d’adolescence, de confiance en soi. Tout ce qui n’a pas été réglé dans notre enfance peut ressurgir de façon exacerbée, car on se retrouve sans revenus. 

Quand on est entrepreneur, cette perception et ce travail sur la relation à l’argent est pratiquement indispensable, parce qu’on n’a plus cette sécurité de salaires fixes chaque mois. On est face à soi-même et face à cette confiance. C’est là où l’on doit se demander ce que l’on peut donner au monde, et comment on peut contribuer. Les hauts potentiels doivent trouver un sens à leur vie et l’exprimer. Ce travail est difficile, et travailler sur sa relation à l’argent va vraiment aider à transformer ce manque de confiance, cette insécurité et cette dépendance. C’est également un immense travail sur l’indépendance.

L’importance de s’aligner avec nos valeurs

Parfois, on peut observer des personnes concernées par le haut potentiel qui vont avoir de fabuleux projets et qui, par peur du manque, ne se lancent pas et restent dans un travail qui ne leur correspond plus. Cela les épuise et finalement, elles n’ont pas forcément plus de sécurité. 

Le conseil de Martine serait d’écouter son coeur. Quand on n’est plus en alignement avec un employeur, il faut s’écouter et se lancer. En général, celles qui osent se lancer éprouvent un bonheur intense de faire ce qu’elles aiment au plus profond d’elles-mêmes. 

Quand on a des perturbations émotives, on ne peut pas être dans la créativité et dans son plein potentiel, car toutes ces dissonances que l’on a en soi nous empêchent d’exprimer notre talent. L’idéal serait d’avoir un petit travail à mi-temps, le temps de démarrer une activité, pour avoir un minimum de rentrée d’argent car sans cela, la personne peut vivre difficilement émotionnellement ce changement. 

Faire le grand pas permettra de donner du sens à sa vie. Quand on se lance dans l’entrepreneuriat, c’est un fabuleux travail de développement personnel qui permet de combattre toute une série de peurs. Le travail sur sa relation à l’argent est vraiment un travail essentiel pour lever ses croyances, ses peurs et tout ce qui nous empêche d’avancer. Cela change également la relation à la vie. 

 

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