Avez-vous déjà remarqué qu’en tant que haut potentiel, multi potentiel, voire même hypersensible, votre parcours de vie, entre autre au niveau professionnel, dans vos prises de conscience, est tout sauf linéaire ? Vous avez pu passer toute une série d’étapes, vous avez pu avoir même parfois l’impression de faire marche arrière, de partir dans tous les sens, d’être hyper stimulé, de ne plus l’être, d’avoir du mal à faire vos choix… Ce n’est pas toujours simple, effectivement ! Et puis parfois, il y a aussi votre entourage qui vous dit que vous devriez suivre une voie un peu plus classique, ou en tout cas qui vous fait passer des messages pour vous emmener dans cette voie-là, dans cette autoroute qui ne vous correspond pas du tout.
Dans cet article en lien avec la théorie de la désintégration positive de Dabrowski, Patricia Lamare vous donne des pistes pour vous expliquer ce qui est important pour pouvoir déployer votre potentiel.

La théorie de la désintégration positive : DE QUOI PARle-t-on ?

La théorie elle-même n’est pas très compliquée, mais il y a beaucoup de concepts qui ont été traduits en français, donc avec des mots un peu lourds. Dans un premier temps, il faut resituer cela dans le temps puisque Dabrowski est né en 1902 et a élaboré sa théorie essentiellement dans les années 70. À la base, ce n’était pas dans l’optique de parler de la douance. Sa théorie a ensuite été adoptée pour l’accompagnement des HP aux États-Unis et au Canada.

Pour résumer, ce que dit Dabrowski, c’est que l’itinéraire potentiel d’un humain pourrait se dérouler en cinq étapes, qu’il appelle cinq niveaux, dont le premier et le dernier sont des étapes d’intégration, et les trois intermédiaires sont des étapes de désintégration.

L’intégration, c’est un état d’équilibre, c’est-à-dire un état où on fonctionne. Au tout début du processus, il y a une intégration primaire, où on fonctionne basiquement, on survit quelque part. C’est un peu les deux premières marches de la pyramide de Maslow. Puis la dernière étape, le niveau cinq, c’est ce qui correspondrait dans certaines cultures à l’état d’éveil avec une dimension spirituelle.

Entre ces deux étapes de fonctionnement, on trouve les trois étapes de désintégration. La désintégration, c’est évidemment l’inverse de l’intégration. C’est-à-dire que c’est là où l’équilibre est perturbé. Cela correspond à la première étape de désintégration. Le niveau deux : on est perturbé par un événement de la vie. Ça peut être un deuil, une mise au chômage, un burn out… Et là, soit la personne possède ce que Dabrowski appelle un potentiel de développement suffisamment élevé pour passer au niveau trois, soit le potentiel de développement est insuffisant et la personne revient au niveau 1.

Il n’y a pas de jugement de valeur de la part de Dabrowski et c’est ça qui est intéressant : cela ne se réfère pas uniquement au haut potentiel. La plupart du temps, Patricia Lamare reçoit dans son cabinet des personnes qui sont déjà au niveau trois.
Cela signifie qu’elles ont le potentiel de développement pour aller plus loin, et sont munies de ce que Dabrowski a appelé les cinq surexcitabilités qui sont en fait les cinq types d’intelligence. En France, par exemple, on teste les HP essentiellement sur l’aspect intellectuel car il figure dans les surexcitabilités. Mais il y a aussi la surexcitabilité imaginative, la surexcitabilité émotionnelle, la surexcitabilité sensorielle, et ce que Dabrowski appelle la psycho-motrice. Issus de ces surexcitabilités, il y a ce qu’on appelle les dynamismes, un point très intéressant.

Les personnes qui vont consulter arrivent avec des demandes du type : “Je n’ai pas confiance en moi, je ne m’estime pas, j’éprouve de la culpabilité, je suis honteux, je réfléchis toujours tout le temps sur moi, sur mon rapport au monde…”. Tout cela, c’est ce que décrit Dabrowski dans les dynamismes du niveau trois, c’est le moteur de notre évolution : le déclic pour avancer.

Souvent, les HP que Patricia Lamare rencontre sont entre le niveau trois et le niveau quatre, en sachant que le niveau cinq est rarement atteint. En général, ce sont des personnes comme Mère Teresa, Saint-Exupéry, Eléonore Roosevelt qui ont eu un parcours particulier.

Plus on va du niveau trois au niveau quatre, plus les valeurs deviennent larges, universelles, humanistes et moins on est centré sur soi. Pour passer du niveau trois au niveau quatre, nous passons des crises. Certains pourraient qualifier cette étape de dépression, mais ce sont en fait des crises de croissance. Évidemment ce n’est pas très agréable, mais quand on a ce regard en se disant que c’est son âme qui évolue, c’est tout de même beaucoup plus positif. Surtout qu’il y a ces surexcitabilités qui sont là pour nous servir, ce sont nos ressources, notre essence.

Et on a aussi ce que Dabrowski appelle l’échelle de valeurs : c’est l’ensemble des valeurs que nous portons au plus profond de nous-mêmes et qu’au cours de notre évolution, on va être invité à mettre de plus en plus dans nos vies. Patricia Lamare appelle cela s’aligner par rapport à ses valeurs.

haut potentiel : quel lien ?

Quand on commence à aborder la théorie de la désintégration positive sur des personnes qui se savent HP, souvent, il y a cette vision seulement intellectuelle. Dabrowski offre cette ouverture sur d’autres types d’intelligence et sur les cocktails de surexcitabilité. C’est-à-dire qu’on peut avoir une, deux, trois, quatre, cinq surexcitabilités. Dabrowski dit aussi que c’est que le cocktail le plus efficace qui donne lieu au plus gros développement : le cocktail intellectuel, émotionnel et créatif.

Il est intéressant d’aborder cela parce que souvent, même s’ils le savent, même s’ils ont passé le test, même après des années, les personnes concernées par le haut potentiel peuvent encore douter. Il faut alors leur dire de faire attention, que ce n’est pas qu’une histoire d’intellect. En fait, notre cerveau est surexcitable.

Aux États-Unis, on parle des personnalités intenses. Ce n’est pas pour rien qu’on cherche de l’intensité, et cela parle beaucoup plus. Cela parle aussi pour les HP car souvent, ils ont connu des crises ou sont en pleine crise quand ils viennent consulter. Souvent, si on regarde cela au travers d’une prise en charge médicale par exemple, il va ressortir que la personne est en dépression ou qu’elle est bipolaire : la plupart du temps, c’est faux.

Dabrowski ne nie pas que la pathologie psychiatrique existe, mais dit que bien souvent ce n’est pas cela qui entre en jeu. Ne plus être considéré automatiquement comme bipolaire ou dépressif, même si les ébats d’humeurs peuvent faire penser à cela. Il est nécessaire de prendre le temps de regarder s’il s’agit bien de cela ou pas.

Il faut bien noter que Dabrowski était psychiatre et que sa théorie a été mise en place en connaissance de cause. Il faut faire prendre conscience aux HP que s’ils sont au niveau trois, ils ne peuvent pas revenir en arrière, malgré leurs crises profondes. Il ne faut pas penser que si une personne est au niveau un ou deux, c’est un signe d’incompréhension.

Très souvent quand les personnes découvrent qu’elles sont HP, elles sont d’abord sous le choc. Ensuite vient l’étape de l’acceptation qui peut prendre beaucoup de temps. Aborder cette notion par Dabrowski permet d’accélérer l’acceptation pour ensuite mettre en place l’exploitation de cette découverte.

Souffrance et décalage : comment l’apaiser ?

Quand on sait que l’on a un fonctionnement cérébral différent car on a fait le point sur le fait d’être haut potentiel, Dabrowski explique que l’on n’est pas comme les personnes qui sont de niveau un ou deux. Selon Patricia Lamare, il y a deux voies : la première est de vouloir leur ressembler et de ne pas évoluer, et la seconde est de vouloir continuer son développement à partir du niveau trois et d’aller aussi loin que possible.

Cela signifie que le décalage dont on a souvent souffert durant des années, il faut le mettre dans sa vie. On va faire le choix des personnes qui nous accompagnent dans nos vies en mettant en avant la qualité par rapport à la quantité. On choisira également de se protéger en évitant les situations désagréables. Il faut apprendre à adapter ce que l’on vit par rapport à sa sensibilité.
Il ne s’agit pas de retourner en arrière en faisant semblant d’être une autre personne, mais plutôt de donner le maximum de soi aux choses essentielles.

Pour sortir de la souffrance, il faut d’abord accepter qui nous sommes. La théorie de Dabrowski nous aide à nous accepter et à nous développer. Il ne faut pas hésiter à se faire accompagner par quelqu’un qui peut nous aider dans ce cheminement, même à soixante-dix ans, il n’est pas trop tard pour améliorer sa vie.

 

Les 5 surexcitabilités : quelles sont-elles ?

Une surexcitabilité est quelque chose qui va exciter notre cerveau et celui-ci a plusieurs façons d’être excité. Les personnes ayant une surexcitabilité intellectuelle auront besoin de se nourrir intellectuellement : en faisant des voyages, en lisant des livres, en se rendant à des expositions, des conférences…

Il y a la surexcitabilité émotionnelle qui correspond aux personnes hypersensibles qui vont réagir très fortement, et peuvent se sentir très gênées par le fait de ne pas savoir « gérer » leurs émotions.

La surexcitabilité créative concerne les personnes qui ont besoin de créer : peinture, tricot, sculpture, composition de musique… Tous les processus créatifs sont concernés, y compris en entreprise comme construire un projet.

On a aussi la surexcitabilité sensorielle qui est aussi souvent très présente. C’est la surexcitabilité des sens, comme l’hyperesthésie ou la synesthésie. Il y a souvent des personnes qui sont atteintes d’hyperesthésie auditive : elles trouvent pénibles les lieux publics car elles entendent les diverses conversations autour d’elles et ont dû mal à suivre la conversation qu’elles ont avec leur interlocuteur. Elles se sentent souvent très fatiguées après ce type de situation. Cela peut également être en relation avec d’autres sens comme le goût, l’odorat, ou bien certaines personnes peuvent avoir leurs cinq sens bien développés et cela devient compliqué à vivre.

Enfin, on retrouve la psycho-motrice, qui se remarque plutôt jeune qu’à l’âge adulte. Elle concerne les personnes qui ne peuvent pas s’empêcher de bouger. Chez les enfants, cela ressort souvent dans le fait d’être toujours en mouvement. Chez un adulte, cela peut se traduire par le fait, par exemple, de devoir faire de la course tous les jours, de la danse, du sport…

L’idée des surexcitabilités pour Dabrowski est de se dire qu’il faut les nourrir pour se sentir plus heureux.

 

Les clés pour avancer dans les différentes étapes

On peut retenir que cette notion de surexcitabilité, d’intelligences multiples et combinables à l’infini, nous ouvre sur des aspects plus larges que l’intelligence exclusivement intellectuelle, et nous dégage de cette notion de réussite sociale, scolaire et professionnelle.

Les dynamismes sont issus des surexcitabilités et sont les signes de ce qui est à l’œuvre, que les personnes apportent spontanément en pensant à tort que c’est quelque chose de négatif. Il faut savoir les repérer afin de pouvoir les développer comme un terreau de travail.

Une dernière notion qui est très belle chez Dabrowski, c’est la notion d’ajustement. Quand 8 personnes et demi sur 10 sont dans la conformité et la normalité, et que soi-même on n’y est pas, le danger est de vouloir retourner en arrière, alors que l’on n’est pas équipé pour cela. Plus on va vers ce désajustement positif, plus nous allons pouvoir être nous-mêmes et apporter des choses au monde et à son entourage.

 

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