HP et troubles de l’attachement ? Un terrain fertile ou pas plus qu’un autre ?
Sujet à la mode s’il en est, les hauts potentiels occupent une belle place dans la littérature actuelle. Y a-t-il plus de HP qu’auparavant ou sommes-nous tout simplement plus sensibilisés à cette thématique ? Sommes-nous occupés à voir naître une génération d’Hp issus d’une société hyper-médiatisée qui a un accès quasi illimité à de multiples sources de plus en plus rapides d’informations telles que le web, les médias, la télévision ? Une chose certaine est que cette surconsommation d’informations, plus ou moins fiables, créent également une génération souvent coupée de lien social ou d’une vie vécue au quotidien avec de vrais contacts physiques avec l’autre et, par cela même, d’un apprentissage des relations humaines… Beaucoup de ces jeunes, de ces HP sont à la fois en lien de plus en plus virtuel et de moins en moins dans le réel. Et la tentation est grande lorsque nous sommes, en tant qu’HP, par nature plus hyperémotif et hypersensible de se réfugier dans le virtuel, les jeux, notre intellect, notre questionnement sur le sens, etc.
Y aurait-il donc une corrélation possible entre cet aspect de HP et une présence plus grande de troubles de l’attachement ?
Si nous reprenons leurs caractéristiques principales qui se traduit notamment par une hyper sensibilité émotionnelle nous pourrions, en tout cas, présupposer qu’il y a bien là un terrain fertile… L’attachement, en tant que tel, n’est clairement pas nécessairement un trouble pathologique mais il nous révèle tout aussi clairement une fragilité évidente. Cette sensibilité peut rendre plus complexe la résolution d’autres événements de vie qu’ils soient, ou non, de type traumatique. Mais, avant d’aller plus loin dans cette réflexion, il serait peut-être bon de préciser ce qu’est théoriquement l’attachement ? L’attachement peut se définir de plusieurs façons mais se caractérisent par les divers éléments suivants :
- Manque de reconnaissance ou de nourritures affectives qui empêchent l’individu de se construire dans un environnement rassurant, aimant et sécure
- Souvent liés aux parents, à un deuil parental, à un manque d’éducation et de reconnaissance émotionnelle, abandon, absence
Il en existe de différents types, Ainsworth en déduit 3 types d’attachement :
- 1°) Attachement sécure : le nourrisson recherche la proximité avec sa mère après chaque séparation ou situation stressante et montre nettement qu’il la préfère. (65%)
- 2°) Attachement insécure évitant ou détaché : le nourrisson évite le contact avec sa mère avant et après la séparation et ne semble pas la préférer aux autres. (21%)
- 3°) Attachement insécure ambivalent : le nourrisson est confus et craintif et adopte des comportements contradictoires (va vers sa mère mais ne la regarde pas).
Cet attachement est aussi appelé attachement insécure anxieux et peut se repérer par des personnalités abandonniques qui réellement pètent les plombs lorsque l’Autre, l’aimé, s’absente… Si nous comparons les sensibilités émotionnelles de l’HP, nous pouvons à mon sens retrouver plusieurs des symptômes d’un attachement insécure… qu’il soit détaché ou ambivalent anxieux… Car effectivement le HP est plus sensible effectivement à cet isolement social car il a souvent du mal à trouver, dès son plus jeune âge des amis, des camarades de jeux, une compréhension et la capacité d’expliquer ce qu’il ressent, vit, …
Et c’est là que se joue l’attachement sécure ou non sécure. Les premières années de vie sont primordiales même si nous savons maintenant que nous pouvons , heureusement, récupérer d’un attachement insécure par un travail d’accompagnement thérapeutique adhoc. Il existe un courant intitulé Ego States Therapy qui regroupent divers outils ou approches tels que le Système Familial Intérieur (IFS de Richard Schwarz), la Compassion Focused Therapy (Paul Gilbert) ou Family Strategies souvent présenté avec l’EMDR…
Toutes ces approches vont s’intéresser à la carte de lecture intérieure de la personne. Nous parlons de la carte de lecture du monde du HP car c’est de cette grille de lecture que tout se joue. Et si ses parents ne repèrent pas, ne comprennent pas son fonctionnement unique et particulier cela ne peut que créer un plus grand enfermement de cet être humain en devenir… Il se renfermera dans son monde, sa difficulté à accepter de ne pas tout maîtriser, réussir tout de suite ou bien expliquer comment il comprend son environnement proche. Il commencera, par exemple, à douter, à s’auto-saboter, ou à se mettre une pression de plus en plus grande… et à nouveau, c’est son isolement ou sa difficulté à s’exprimer qui l’isolera une fois encore.
Terrain fertile ? Terrain fertile ? Bizarre, comme c’est bizarre ! Cela pourra effectivement se traduire par un cercle vicieux… c’est pourquoi il me semble plus qu’important de repérer un enfant plus curieux que les autres, plus centré sur des sujets inhabituels à son âge ou s’intéresser à ses questions sur le sens de la vie, de la mort, les « pourquoi » perpétuels qui peuvent être des indices à relever… Et peuvent nous amener, en tant que parents, ou accompagnants à mieux chercher comment communiquer avec eux. Si nous nous focalisons sur leurs centres d’intérêts hors de leur âge qui risquent de les isoler auprès de leurs condisciples, de les faire paraître différents, la recherche de la maîtrise consciente ou inconsciente qu’ils mettent en pratique dans leur quotidien…
Les processus d’évitement, les « je ne sais pas » qui cherchent à éviter le mal faire ou le mal dire, le mal être ou l’angoisse de ne pas être dans le « juste »… l’hypersensibilité, l’amnésie – souvent – de passages entiers de leur enfance – et pas nécessairement à la suite d’abus ou de traumas -, une hyper vigilance, des angoisses récurrentes; Si nous observons cette concordance d’indices comportementaux ou émotionnels, je pense qu’effectivement les HP me semblent plus enclins aux troubles de l’attachement. Du fait même de leurs personnalités à part, différentes et qui se savent différents et qui souvent va de pair avec la difficulté à se reconnaître dans l’autre… ou la difficulté à lâcher prise ou à se sentir reconnu ou entendu…
Tout ce faisceau me font personnellement être plus attentifs à leur évolution personnelle, à leur sensibilité et me font insister sur la nécessité, plus encore que pour l’individu lambda, d’un environnement familial, éducationnel et un enseignement sécure.
Yves Wauthier Freymann
Bonjour,
Est ce que pour prévenir cela il vaut mieux vérifier de façon certaine que notre enfant soit ou non HP (même si j’ai du mal avec ce terme), ce qui permettra d’adapter notre comportement et peut-être de lui permettre de mieux comprendre ce qu’il vit ?
Et si la réponse est oui, comment en parler avec lui ? Au fil de l’eau en fonction des événements et de ses questions ?
Pas simple tout cela !
En tout cas merci pour l’article.
Bonjour Vanessa, c’est une question parfois difficile car cela dépend de l’enfant, de la personne qui va tester
A mon sens, si tout va bien cela n’est pas nécessairement utile. Par contre, bien comprendre son enfant dans son mode de fonctionnement c’est augmenter la possibilité de répondre à ses besoins, qu’il se sente compris et écouter – et c’est le plus important à mon sens.
J’ai écris un autre article qui répondra à votre question je pense : http://emotifs-talentueux.com/enfant-a-ete-diagnostique-haut-potentiel-necessaire-de-lui-dire/
Bonne journée
Le problème aussi c’est que lorsque que l’on commence à comprendre vraiment que l’enfant est précoce, il a souvent déjà bien grandi et déjà accumulé beaucoup de frustration de l’abandon. Voire même s’être déjà confectionné une carapace. Et dire que son enfant est précoce dès ses premiers mois de vie.. Je l’ai vécu, on ne m’a pas cru. Forcément, j’avais vécu cela avec ses demi frères 23 ans plus tôt d’où ma clairvoyance, mais prêcher dans le désert c’est tellement courant pour nous
Comme tous les enfants, cela fait partie de l’apprentissage des relations. Précoce ou pas. Et il n’est jamais trop tard pour construire
Sans avoir lu votre article , je suis diagnostique hp a 60 ans. mes lectures m’ont fait découvrir la théorie classique de l’attachement dans la population normale. Ayant rencontré une hp me semble t il non diagnostiquée, j’ai fait le paralléle entre le fil de la théorie normale et le fil que je rencontrais dans ma personne hp(évitant je crois.) mais aussi dans la sienne.(désorganisée, je crois) Cette théorie s’applique pour Moi parfaitement au hp et à tout le monde…Elle rencontre toutes les approches Monte Soury, dolto etc
Bonjour,
Comment réagir alors avec un HP Adulte «mesuré » à l adolescence, avec une relation dans l enfance très conflictuelle avec le père, sans arrêt dans la fuite de la relation amoureuse, malgré son désir de l’entreprendre?
Quelles attitudes adopter? Quels mots utiliser pour essayer de panser les blessures?
Merci beaucoup pour votre article,
Bien cordialement,
Suzon