Etre parent… le plus beau défi au monde ? Pas toujours simple d’être parent, de prendre les « bonnes » décisions, d’éduquer, d’encadrer – nous n’avons pas reçu de formation pour être parent. Nous débarquons et nous faisons du mieux que nous pouvons. Pas de mode d’emploi et encore moins de diplôme du « parent parfait version 2020 » d’autant plus quand nos enfants sont concernés par le haut potentiel et/ou l’hypersensibilité.
J’ai choisi de vous parler d’un moment de l’interview de Nancy Doyon et Martin Daigle lors du Congrès Douance 2020.
Nancy annonce d’emblée « Même quand on a reçu la formation, ce qui est notre cas, ce n’est pas facile. Même dans des contextes où tout le monde est typique, l’éducation ne se fait pas forcément avec des techniques, des stratégies, cela se fait avec le cœur. Avant d’être intervenants et d’utiliser une technique, nous sommes d’abord des humains. » Et Martin d’insister « Avant d’être un intervenant, je suis un papa. Ce qui joue avant tout, ce sont mes émotions. Étant un petit peu hypersensible, mes émotions sont encore plus intenses parfois. »
Nous avons beau vouloir assurer cette discipline positive, parfois nos loulous haut-potentiel hypersensibles mettent de l’intensité dans la vie !
Dans une même famille, on peut avoir un enfant HP ou hypersensible, un autre qui a un TDAH, un autre qui est typique, mais plus lunatique, plus calme, un autre qui a besoin d’autre chose… D’une façon ou d’une autre, travailler à travers la dynamique familiale, la systémique familiale, respecter les besoins et l’espace de chacun, adapter notre éducation aux besoins de l’enfant qui est là, d’emblée, ce n’est pas facile.
Comment accompagner nos enfants ?
« ça dépend » nous dit Nancy !
De nombreux intervenants tentent tant bien que mal de donner des recettes aux parents en disant : « voici quoi faire quand votre enfant fait une crise, voici la bonne stratégie, voici le bon moyen de les motiver à l’école, voici… » Malheureusement, cela dépend ! Ce n’est pas si simple. Le rôle de parent est un des plus complexes qui peut exister, et c’est pour cela que c’est si fascinant.
Fascinant, complexe aussi, car en tant que parents, il y a tout le reste : notre rôle dans la société, notre challenge personnel, le temps pour soi, nos besoins professionnels, notre posture dans le temps que nous consacrons au couple. La plupart des personnes, même si ce n’est pas simple, se cassent la tête pour rien en se mettant énormément de pression. C’est l’un des aspects que Nancy trouve le plus important d’aborder : être parent, ce n’est pas être parfait, il n’y a pas de recette qui va nous mener du point A au point B. Les enfants ne sont pas de la glaise que l’on peut modeler comme on veut. Il faut aussi une bonne dose de lâcher prise et d’indulgence envers soi. Non, nous ne serons pas toujours disponibles pour nos enfants. Oui, parfois, nous allons hausser le ton.
Ce qui est intéressant, c’est qu’il se peut que l’on soit obligé d’intervenir d’une façon différente d’un enfant à l’autre dans la même famille.
Martin illustre son propos en nous expliquant qu’il a deux fils et qu’il n’intervient pas de la même façon et que ses interventions n’ont pas le même impact chez son plus jeune fils que chez son autre fils car ils n’ont pas du tout le même type de personnalité. Un des pièges dans lequel de nombreux parents peuvent tomber, en particulier les parents HP, est le perfectionnisme. Habitués à la performance, habitués à réussir rapidement tout ce qu’ils font, la parentalité n’est pas si simple. À ce moment-là, il y a également un risque quand on se met la pression d’avoir LA bonne stratégie d’intervention et LE bon encadrement parfait pour notre enfant HP et, un autre encadrement parfait pour notre enfant qui n’est pas HP. Se mettre cette pression, c’est risquer de tomber dans une rigidité excessive.
Quand le résultat ne se fait pas sentir…
Même lorsque « j’ai mis une bonne routine, parfaite, telle qu’écrite dans le livre X du Docteur Machin, mais tiens, mon enfant ne dort pas… » Panique !
C’est là où nous risquons de tomber dans l’anxiété que l’on risque de transférer à notre enfant. Celui-ci, quelque part, devient notre « bulletin de parent ». Pour être un parent performant, mon enfant doit bien se comporter. Quand il se comporte mal, on tombe vite dans une espèce de panique…
« J’ai mal fait mon rôle de parent », « Je ne fais rien de façon adéquate » : « Que vont penser de moi les personnes autour ? »
Et on peut devenir fébrile dans la recherche de LA bonne solution, LA bonne intervention qui va marcher du premier coup. Or, les enfants ne fonctionnent pas ainsi, la réussite n’est pas à court terme, mais à l’autre bout. Ce qui ne fonctionne pas à 4 ans va peut-être tout de même être gagnant à long terme. J’aurais peut-être quand même donné de bonnes habitudes de sommeil à mon enfant, je lui aurais peut-être quand même appris à être capable de se passer de moi, etc.
À l’heure actuelle, il existe tellement de livres et de recettes au niveau de l’éducation que l’on peut vite tomber dans le : « voici la bonne façon d’éduquer les enfants, tout le reste étant mauvais ». Quand j’essaye celle-là et qu’elle ne fonctionne pas parce que j’ai un modèle particulier à la maison, ou parce que cette recette n’est pas la bonne pour l’enfant qui est là, c’est comme si cela remettait tout en question. On se demande si l’on est défectueux en tant que parent, si notre enfant est défectueux, et où est la bonne recette.
Quand il y a plusieurs méthodes, c’est un peu comme les régimes, on ne sait plus non plus. On essaye celle-ci, puis une autre, et finalement, on essaye pleins de trucs qui ne sont pas congruents, et cela peut être aussi un piège.
Quand, en tant que parent, on tombe dans ce piège du perfectionnisme, on oublie de faire l’essentiel, à savoir observer, se brancher à son intuition, essayer de voir quels sont les besoins de chacun des enfants plutôt que d’adopter une recette toute faite de ce livre.
Imaginons un enfant hypersensible qui arrive de l’école, on ne le sent pas bien, il est agressif, il est en sur-stimulation, il y en a trop, et je réalise que moi aussi, je suis hypersensible. Dans le livre, ils disent que l’enfant hypersensible a besoin d’un espace-temps tout seul, tranquille. Or il se peut qu’aujourd’hui, l’enfant n’ait pas besoin de cela, et qu’aujourd’hui, si j’observe, si je suis branché.e sur mon intuition, si je l’écoute, si je prends le temps de l’accueillir plutôt que de me dépêcher d’appliquer LA bonne recette que je crois, peut-être vais-je découvrir que présentement, l’enfant, ce dont il aurait besoin, c’est d’un long câlin. Peut-être vais-je découvrir, sentir que ce qui ferait du bien à l’enfant, serait d’aller dehors et de jouer. À vouloir chercher LA bonne recette, on peut tomber dans le piège de tenter d’appliquer la même recette à tous les enfants de la famille et de se demander quelle est la bonne routine dans laquelle tous les membres de la famille vont devoir embarquer et être confortables. Il se peut que la routine de l’un ne convienne pas à l’autre.
Envie d’aller plus loin avec Nancy et Martin ?
Nancy Doyon est éducatrice spécialisée, coach familial, formatrice et conférencière de renommée internationale, mère d’une fille de 20 ans et femme de cœur qui œuvre dans la domaine de l’intervention depuis plus de 27 ans. Auteure de 6 livres à succès dont le best seller « Parent gros bon sens », elle est également très active dans les médias (télé, radio, magazines et journaux) à titre de spécialiste de l’enfance. Elle a fondé la première école de coaching familial au Canada. Son entreprise a remporté le prestigieux pris Fidéides en 2016.
Martin Daigle est également éducateur spécialisé et coach familial, père de 2 garçons de 19 et 13 ans, il œuvre dans le domaine de l’intervention depuis maintenant 12 ans, dont 4 à titre de coach familial.
Passionné d’éducation bienveillante et de soutien à l’enfant en difficulté, il cherche constamment de nouvelles façons de soutenir les parents dans leur rôle, parfois complexe.
Bonjour,
C’est effectivement compliqué au quotidien… mais j’ai appris à fonctionner à l’intuition avec chacun de mes enfants…
J’ai appris que j’étais HP il y a peu. Grâce à mon 3ème enfant.
Cette petite fille d’un an nous a fait nous poser tant de questions que nous avons assisté à une conférence et à dévorer toutes les lectures possibles et inimaginables sur le sujet.
De là, j’ai fait tester ma fille de 20 ans…aux multiples difficultés de parcours, j’ai hésité de nouveau presque trois ans avant de me faire tester moi-même…pour finalement faire tester tout le monde…
Quatre enfants donc, de deux unions différentes, tous HP, avec des sensibilités et des comportements différents.
Le plus paradoxal, c’est que mes filles et mes garçons ont chacun le même comportement que leurs aînés respectifs.
J’ai très tôt laissé tomber les manuels et le suivi des conseils extérieurs. Et j’ai très tôt appris à gérer chacun d’eux individuellement selon mon ressenti.
Cela me rassure de voir mes grands aujourd’hui (22 et 24 ans tandis que les petits ont 6 et 7 ans) et je e dis que j’ai bien fait.
Mais cela n’empêche que je suis toujours intérieurement à la recherche de cette mère parfaite que je voudrais être… et que c’est une discussion que j’ai régulièrement avec mes aînés.
Excessivement compliqué au quotidien. Je suis usée, au bout du rouleau. J’ai un petit garçon de 5 ans et demi et une petite fille de 2 ans et demi, tous les deux à forte suspicion HP. Je ne les ai pas fait évaluer car je ne vois pas l’intérêt de mettre un chiffre derrière une intelligence et puis ils sont trop petits pour faire un test fiable. C’est une thérapeute systémique qui nous a « diagnostiqué » tous les 4 mon mari, les enfants et moi HP. Pour mon mari, je ne suis pas très étonnée, mais en ce qui me concerne je reste très sceptique. Bref, mes enfants me rendent chèvre et je n’en peux plus. Ils se battent, se disputent du réveil au coucher. Je suis au bout de l’épuisement et je pense que mon instinct est tombé en panne du fait de cette charge émotionnelle bien trop importante à gérer pour moi. Je n’essaie pas d’être la meilleure des mères, j’essaie de leur donner les meilleurs bagages pour leur futur et les élever dans le respect. Mais rien ne rentre dans leur tête. Mon grand fait des crises de pleurs et de colère très impressionnantes et ma petite est insolente et n’écoute rien. J’ai la sensation d’être émotionnellement connecté avec mon fils. Ses crises se déclenchent souvent lorsque lui et moi sommes sur les nerfs. Disputent à répétition, menaces, dédain, mots méchants… Cette tension il arrive à finalement la faire sortir à travers ses crises et moi les larmes mais c’est d’une telle violence que ça me fait peur pour lui et son équilibre émotionnel plus tard. Comment faire lorsqu’on est nous même hyper sensible et que nous n’arrivons plus à gérer avec nos enfants?