« Tu passes du coq-à-l’âne », « Tu es instable », « Mais pourquoi ne restes-tu pas plus longtemps dans ton poste ? » … Ces phrases-là nous sommes nombreux.ses à les avoir entendues en tant que hauts et multi potentiels.
Et si être touche-à-tout pouvait au contraire être un atout et permettait à la société de réinventer le monde du travail ?
A l’heure où les modèles traditionnels de travail semblent être chamboulés, contraints et forcés de s’adapter à une situation extérieure sans précédent, j’ai choisi de revenir sur une interview d’Audrey Chapot lors du Congrès Douance 2019.

En tant que personnes à haut et multi potentiel nous comprenons vite, nous apprenons vite… et, revers de la médaille, nous nous questionnons vite et nous nous ennuyons vite aussi. Ce que certains jugeront comme de la dispersion, pour nous, cela fait viscéralement sens et répond à un cheminement légitime et cohérent.
Pourtant, face à cette différence à laquelle nous sommes souvent confrontés dans le monde du travail traditionnel, nous en arrivons trop souvent à être complexés par nos multiples envies et à douter de notre possibilité à être épanouis. Accentuant par la même occasion d’autres maux : sentiment de solitude, estime de soi fragile, syndrome de l’imposteur, bore-out…

Dans son interview « Créer son métier hybride : la solution multi potentielle ! », Audrey nous partage un magnifique message : « À ces personnes-là, je leur dis : Mais non, justement, vous avez toutes ces envies, il faut foncer, il faut y aller ! » Et je ne peux que saluer cette approche optimiste. Car ce qui est important, ce n’est pas que nous cherchions à nous transformer, à rentrer dans le moule, mais plutôt que nous cherchions à nous trouver nous-mêmes afin d’exploiter pleinement nos multi potentialités.
L’histoire regorge d’exemples d’inventions qui sont aujourd’hui rentrées dans la norme, et à l’origine faites grâce à la curiosité de quelques personnes qui ont osé sortir du rang, explorer de nouvelles pistes, faire des liens inattendus, bouger l’ordre établi. Henry Ford a dit un jour : « Si j’avais demandé à mes clients ce qu’ils voulaient, ils m’auraient répondu : un cheval plus rapide. » Contre toute attente, Henry Ford a inventé une voiture…

Et si créer son métier hybride était la réponse pour les multi potentiels ?

Un métier hybride, tel que le définit Audrey, c’est un métier que l’on invente et qui répond à notre besoin d’épanouissement. Il peut être nouveau de plein de manières différentes : par une mise en application, par une déclinaison, par un public cible, par une combinaison de plusieurs éléments existants…
C’est bien au-delà de l’accumulation de plusieurs professions. C’est avant tout créer un fil rouge entre ces activités pour créer une identité professionnelle plus aboutie et porteuse de sens pour nous, à un moment donné.

Plus que de trouver une profession ici, il s’agit de trouver son verbe, celui qui va lier toutes les activités pour créer un projet épanouissant et unique, que l’on soit à son propre compte ou salarié en entreprises, qu’ils s’agissent d’activités rémunérées, bénévoles ou extra-professionnelles. Le métier évolue au fil des années, mais le verbe, la mission de vie perdurent longtemps.

Comment faire pour inventer son métier hybride ?

On ne va pas se cacher que cela ne se fait pas en un claquement de doigts… (La patience n’est pas notre fort, j’en suis bien consciente 😉) Cela demande réflexion, observation, introspection… quelques (très longues) listes et une reconnexion à soi-même…
Voici la méthode qu’Audrey nous préconise :

Etape 1 : Listez tout ce que vous aimez, savez faire ou avez envie de faire
Vous listez tout ce que vous aimez, tout ce que vous savez faire, tout ce dont vous avez envie de faire, vos motivations, sans vous limiter à la sphère professionnelle, sans aucun frein ni filtre. J’aime faire de la pâtisserie. J’aime marcher en forêt. J’aime la biologie moléculaire. Je sais faire des mindmaps. J’ai envie d’apprendre le Chinois… Donc, en bon multi potentiel, vous allez vous retrouver avec une liste normalement assez conséquente !

Etape 2 : Listez toutes vos expériences passées à connotation positive
Il s’agit ici de lister toutes les expériences que vous avez pu avoir qui vous ont provoqué de la joie, de la satisfaction et de la fierté. Il peut s’agir d’expériences professionnelles ou extra professionnelles, de quelques secondes à plusieurs années. Même le détail le plus furtif compte. « J’ai réussi à faire ça, je suis super fier.ère de moi ! »

Etape 3 : Listez vos peurs
Nos peurs sont des obstacles. Ce sont elles qui nous empêchent d’agir et de penser, d’oser imaginer. Donc, les lister, c’est déjà commencer à en prendre conscience.

Etape 4 : Listez vos croyances
Les croyances, ce sont toutes ces petites phrases que l’on répète sans arrêt et qu’on nous a souvent transmises. « Les patrons sont des c** ». « Je suis nul.le, je ne suis pas comme les autres et je n’y arriverai jamais. ». « Sortir du rang, c’est risqué ».
Nos croyances sont des résistances. Donc, c’est pareil, il est bon d’en avoir conscience.

Prenez les 4 étapes des listes dans l’ordre que vous préférez. Un seul mot d’ordre : aucune limitation. Le fait de faire des listes très longues, ça permet aussi au bout d’un moment de faire lâcher le mental pour que ce qu’il y a à l’intérieur puisse ressurgir.
Faire ces listes, c’est une manière d’apprendre à mieux se connaître, de plonger en soi et de cartographier qui on est.

Etape 5 : Du désencombrement à l’émergence
Une fois que l’on a ces listes immenses, il faut faire le tri, désencombrer, supprimer tout ce qui ne nous appartient pas ou qui nous empêchent de revenir à nous.
Pour se faire, on peut s’aider d’un ou de 2 verbes qui supportent notre mission : transmettre, éveiller, accompagner, éclairer, transformer, prendre soin, rassembler… quel que soit le vôtre.
Une fois le ménage fait, on voit ce qui en résulte. Il va commencer à se dessiner des archipels entre toutes ces lignes listées. Puis on va découvrir des passerelles qui existent entre elles, ou voir émerger d’autres îlots dont on n’avait pas conscience et qui apparaissent désormais très distinctement sur la carte. On explore son territoire intérieur, on ressent ce qu’il se passe en nous. On reste à l’écoute de sa petite étincelle que l’on attise enfin pour voir émerger de nouvelles motivations et stimulations.
Tout ce qui reste, on va le structurer pour finir par ne conserver que les plus belles pierres avec lesquelles on peut construire son métier hybride ou en tout cas se laisser inspirer.

Témoigner de mon parcours « atypique » ou hybride en l’occurrence a souvent été une source de joie pour moi. Et en particulier en tant qu’entrepreneuse parce que j’en ai eu des métiers, des idées, des apprentissages, des débuts et des fins.
Parfois, il m’est arrivé d’entendre que je n’étais pas « stable »… ça m’a toujours surprise. Parce que pour moi la stabilité c’est avancer de façon ancrée et en phase avec ce qui est juste et écologique pour soi, pas rester coincer sur une autoroute toute tracée et sans surprise. ⠀⠀
Ah ça c’est certain, une autoroute toute tracée c’est probablement plus calme mais aussi épuisant à force de se forcer à regarder devant soi sans s’autoriser à vivre avec intensité.
J’ai toujours considéré que mon expérience variée faisait ma force et je maintiens que c’est ce qui m’a mené là où je suis aujourd’hui (entre autres bien sûr). Voilà ce que je vous souhaite, inventer votre métier, suivre votre verbe pour que votre épanouissement contribue à co-créer un monde meilleur. ⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀⠀

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