Est-ce que la critique est importante pour notre progression ?

Pierre Portevin rappelle que la critique à un moment donné nous a certainement rendu service. Elle nous a peut-être permis d’appréhender nos erreurs, d’entrevoir des pistes d’amélioration et même de nous faire accepter par notre entourage, nos professeurs…

Si la critique a du bon si elle est honnête et constructive… le risque de glissement vers une critique intérieure dépréciative et dangereuse n’est jamais loin dès que l’on ne parvient plus à s’en dissocier. Un piège allant trop souvent jusqu’à l’auto-sabotage dans lequel en tant que personnes hypersensibles et haut potentiel nous avons parfois tendance à nous emprisonner.

J’ai choisi de vous parler d’un moment de l’interview de Pierre Portevin « Arrêtez de vous saboter et apprenez à vous traiter en ami.e » lors du Congrès Douance 2018, dans lequel il nous explique que notre motivation à progresser est plus grande quand on se soutient comme un ami, plutôt que quand on se critique.

 

 

DE L’AUTO-CRITIQUE A L’AUTO-SABOTAGE

Plutôt que de se remettre honnêtement en question, nous sommes nombreux à vite tomber dans la critique virulente et destructrice. « Je suis nul.le », « Je ne vaux rien », « Je n’y arriverai jamais »… tournent désormais en boucle, nous empêchant de nous (re)mettre en action.
Dans son interview, Pierre illustre ce glissement vers l’auto-sabotage. Il nous décrit le mécanisme de biais cognitif (un travers du fonctionnement de notre cerveau qui fait des raccourcis) que Martin Seligman, le père de la psychologie positive, a appelé les 3 P.

Le 1er P, c’est la Personnalisation. A la base, je fais quelque chose, et ce que j’ai fait n’est pas à la hauteur. J’ai fait un rapport pour mon travail et mon directeur critique le rapport, il dit que le rapport n’est pas cohérent, qu’il est incomplet. La critique porte sur le rapport, mais je vais prendre ça pour une critique de ma personne. Je me dis que ce n’est pas le rapport qui est mauvais, c’est moi qui suis un mauvais rapporteur ou un mauvais auteur.

Le 2ème P, c’est la Perméabilité, c’est-à-dire que ce n’est pas que je suis seulement mauvais pour faire des rapports, c’est que je suis mauvais en général, je ne suis pas à la hauteur. C’est en fait dans toutes les dimensions de ma vie que je suis mauvais…

Et le 3ème P, c’est la Permanence, c’est-à-dire j’étais mauvais, je suis mauvais et je serai toujours mauvais. Et voilà, on est enfermé, immobilisé par notre médiocrité qui paraît bien réelle, incapable de passer à l’action.

 L’auto-sabotage peut alors prendre 5 formes différentes :

  • L’évitement : remettre à plus tard ce que l’on doit faire de peur d’échouer et de paraître imparfait
  • La sur-implication : on s’occupe tellement des autres, que l’on s’en oublie, on n’a « plus le temps » de faire ce que l’on rêverait de faire
  • L’auto-critique incessante : on est incapable de se réjouir ou de se féliciter
  • La cachette : le perfectionnisme nous empêche de montrer nos réalisations car elles ne sont jamais assez parfaites pour être dévoilées
  • L’état d’esprit : des croyances limitantes venues de notre enfance ou acquises au fur et à mesure des expériences

Alors, est-ce qu’en tant que personnes HP ou hypersensibles, avons-nous plus tendance à nous auto-critiquer et auto-saboter ? Lorsque l’on voit le monde dans une plus grande complexité et avec une plus grande sensibilité, cela ne simplifie pas forcément les choses. Si l’auto-sabotage n’est pas propre à notre communauté, il est en tout cas bien présent.

SE TRAITER EN AMI.E

La personne avec laquelle on passe le plus de temps, et de loin, c’est nous-mêmes. S’il y a une phrase que j’aime particulièrement dans l’interview de Pierre, c’est lorsqu’il nous parle de : « Se traiter en ami.e ».

Mais ça prend quelle forme au juste de se traiter en ami ? En voici une illustration :

Que diriez-vous à un proche qui traverse un moment difficile pour le rassurer et l’encourager ? Serait-ce du registre : « T’es nul de toute manière, tu n’y arrives jamais » ou « Tu as fait preuve de beaucoup de courage. Ta détermination finira par payer, tu vas y arriver c’est sûr. J’ai confiance en toi » ? Lequel choisissez-vous ? La deuxième très certainement. Et qui plus est, sans être dans l’hypocrisie.

Si l’on transpose ce même moment pour nous-même… alors quelle serait votre réaction ? Quelles seraient les paroles réconfortantes que vous vous diriez ? Réfléchissez… Vraiment, aucune ou tout du moins pas les mêmes que celles avec lesquelles vous avez enveloppé votre ami de bienveillance et d’affection ? Pourquoi ? Pourquoi votre valeur à vous ne serait-elle pas la même ?

Pas simple de s’apprécier de manière inconditionnelle, n’est-ce pas ? Voici quelques conseils que Pierre vous propose et qui devraient vous aider à y parvenir :

  • Je repère que je suis en train de me saboter. Tant qu’on ne se rend pas compte, on ne peut pas l’arrêter. Je repère la petite voix intérieure. Dans quelle mesure est-ce que je suis dans mon camp ou dans le camp adverse ? Est-ce qu’à ce moment précis, je me sabote ou est-ce que je me soutiens ?
  • Je prends conscience que c’est juste une partie de moi qui est en train de parler comme ça, et je me distancie de cette partie, qui ne me représente pas moi dans mon entièreté.
  • A partir du moment où je vois que je suis en train de me saboter, je remplace ça par l’attitude et les paroles d’un ami. Cet ami qui est là pour nous aider à exister pleinement.

Voilà comment se traiter en ami peut prendre forme :

  • Je m’accepte, je m’aime et je me respecte comme je suis.
  • Je m’accorde à moi-même une valeur affective.
  • J’identifie, j’accueille et j’accepte mes peurs et mes doutes.
  • Je clarifie mes valeurs et mes anti-valeurs. Qu’est-ce qui compte à mes propres yeux ?
  • J’accueille avec enthousiasme ma singularité : Quelles sont mes qualités, mes capacités, mes spécificités ? Qu’est-ce que je peux faire avec ça ?

Et cette attitude amicale à l’égard de soi, elle change tout. Quitter l’auto-critique destructrice et être « avec soi » plutôt que « contre soi » permet d’accéder à la confiance et la motivation. Cela nous met en mouvement. Sortis de l’auto-sabotage, nous osons avancer vers ce qui nous anime, ce qui compte à nos yeux et révèle le meilleur de nous. Nous existons vraiment !

Le monde n’en serait que meilleur. C’est d’ailleurs l’un des enseignements du Dalaï Lama : « Si tu ne t’aimes pas, tu ne peux pas aimer les autres ». On ne peut pas être bien avec les autres si on n’est pas bien avec soi-même.


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