La notion de temps peut être perçue de manière particulière chez les personnes HP. Elles peuvent à la fois avoir l’impression d’aller plus vite que d’autres personnes, d’être très rapides, puis à d’autres moments, elles peuvent se dire que finalement, elles ne vont pas si vite que ça, parce qu’elles prennent leur temps dans certains détails.
Les personnes HP ont souvent l’impression de prendre beaucoup de temps pour réaliser certaines tâches, ou ont encore ce sentiment que les choses peuvent aller relativement vite, comme un coup de baguette magique, parce que dans leur tête, c’est très clair.
Ensuite, il y a les choses pour lesquelles elles vont prendre du temps, procrastiner, passer des heures à aborder le sujet. Tout cela fait que le rapport au temps n’est pas toujours facile.
Magali Barcelo a été invitée par Nathalie pour nous parler de ce rapport au temps quand on est concerné par le haut potentiel. Elle va nous donner quelques explications sur les causes de ce rapport particulier au temps et surtout les pistes d’amélioration.
UN RAPPORT PARTICULIER AU TEMPS
D’après l’expérience de Magali Barcelo, il y a trois caractéristiques, qui sont peut-être l’origine de ce rapport au temps un peu particulier.
Tout d’abord, il y a l’arborescence de la pensée : c’est la façon dont on a l’habitude de penser, de remplir nos pensées, d’être tout le temps dans la pensée.
Ensuite il y a l’hyperlucidité : c’est précisément cette capacité que nous avons à voir les choses de façon globale ; donc cette vision globale qui nous conduit aussi au perfectionnisme.
Enfin, l’hypersensibilité : c’est aussi une source essentielle de ce rapport au temps.
Pour Magali Barcelo, il y a ces trois piliers, même s’il existe d’autres caractéristiques liées au haut potentiel.
L’arborescence de la pensée, c’est ce qui nous conduit à penser tout le temps, à penser sans arrêt, à avoir des idées qui s’associent. Et c’est sans cesse cette façon de relier le temps qui, justement, nous permet ou pas de le considérer suffisamment parce qu’il faut toujours que celui-ci soit exploité dans son intégralité. Ce qui engendre que l’on se met facilement dans le débordement car il y a une surcharge : c’est-à-dire que si l’on arrête de penser, ou qu’il se trouve que l’on ne peut plus penser comme prévu parce qu’un événement est annulé, à ce moment-là on va tout faire pour combler ce temps. Mais cela ne cesse jamais. Il y a vraiment cette surcharge et ce phénomène d’avoir le besoin de remplir, le besoin de faire, le besoin d’avoir des choses. Tout cela va impacter notre rapport au temps.
Ensuite on peut aborder l’hyperlucidité, qui est cette vision globale et ce perfectionnisme qui fait que l’on voit les choses dans leur globalité : c’est-à-dire que l’on voit les choses en détail et tellement en détail, que l’on veut que tout soit parfait. Quand on fonctionne de cette façon, on ne peut pas se contenter de faire les choses à moitié, d’où un certain stress parce qu’on veut vraiment que les choses soient bien faites et on va y passer peut-être plus de temps que d’autres. On va aller dans des détails là où ce n’est pas forcément nécessaire, donc ça va demander beaucoup plus de temps.
Tout cela fait partie des éléments qui vont rendre notre rapport au temps assez compliqué, parce qu’on voudrait que tout soit fait, et on voudrait que tout soit fait très rapidement.
On voudrait commencer quelque chose et le finir au même moment, on voudrait aller du point A au point Z sans passer par toutes les autres étapes. Il s’avère que c’est une grande difficulté vécue par les HPI : à chaque fois qu’ils se lancent dans une nouveauté, dans un nouveau projet, dans un nouvel apprentissage, ils ne voient pas ou n’ont pas envie de voir les étapes intermédiaires, ils veulent de suite aller du début à la fin.
Quand on a envie d’apprendre quelque chose de nouveau, on sait bien qu’il va falloir du temps pour apprendre. Mais apprendre à apprendre, cela s’apprend ! Et on voudrait passer de A à Z, mais il se trouve que c’est vraiment un défaut, voire un handicap. Parfois pour les enfants, on se rend compte que quand ils ont eu l’habitude d’intégrer assez facilement et qu’ils se heurtent à des choses plus difficiles, ils n’arrivent pas à passer ces étapes-là, donc ça rend le rapport au temps un peu plus complexe.
Dans cette hyperlucidité, il y a aussi la notion de l’engagement sans mesure, au détriment de tout ce qui se passe autour dans sa vie. On sait précisément là où on veut aller, donc on y passe un temps interminable et on ne se rend même plus compte du jour, de la nuit, des heures et de tout ce qui se passe à côté, donc ça c’est assez fréquent aussi.
Il y a également la mauvaise estimation du temps : on peut avoir du mal à estimer le temps nécessaire pour réaliser un projet. Ce n’est pas tout le monde qui a ce fonctionnement. On le retrouve souvent chez des profils atypiques. Il faut réussir à observer, à cerner et puis trouver des solutions, parce qu’il y en a, fort heureusement.
L’hypersensibilité c’est quelque chose qui va aussi renforcer notre rapport au temps, parce que forcément, il y a ce besoin d’être dans l’intense, cette notion de pouvoir vivre longtemps les émotions et intensément; donc cela signifie aussi de prendre du temps. Bien souvent, on va avoir besoin de vivre l’émotion le plus longtemps possible car il faut qu’elle dure, il faut la sentir.. Beaucoup de HPI ont besoin de vivre l’émotion dans l’intensité un peu plus longtemps que les autres, et ça tout le monde ne le comprend pas.
lA TENDANCE À PROCRASTINER
Que peut-on dire de la procrastination ? Est-ce lié à des peurs ou à d’autres aspects ?
C’est très souvent lié à la présence de la peur de l’échec. La procrastination, c’est le fait de voir les choses, de penser rapidement, mais de ne pas savoir comment les faire. On se trouve coincé parce que l’on ignore par où commencer et pendant ce temps, on ne se met pas en action. Et pour si peu qu’il y ait une peur de ne pas arriver à ses fins, d’être jugé, d’être mal jugé, d’être dans l’échec, alors c’est suffisant pour arrêter la tâche et continuer à procrastiner.
Mais il peut y avoir aussi le bon côté des choses. C’est que bien souvent, on est dans l’action, quelque chose se réveille, et on va faire les choses dans l’urgence. On peut souvent être très surprenant avec cela. Au moment où on passe à l’action, tout le monde est surpris parce qu’à la dernière minute, tout s’est enclenché. Évidemment, ça ne veut pas dire que l’on a tout réalisé au dernier moment, car on a fait les choses au fur et à mesure, parce que notre cerveau a continué à travailler malgré nous : il a mis les choses en phase et puis à un moment donné, on est dans l’urgence, on sait qu’il faut le faire et donc on le fait. C’est étonnant et toujours bluffant chez les HPI, ce genre de phénomènes qui arrivent régulièrement. Donc ça c’est une force, par contre, il faut savoir s’en servir.
Certains diront qu’il faut fonctionner de cette façon avec modération, car cela peut épuiser au fil du temps. On peut se connecter à cette ressource, mais pas en continu. Cela peut être une source de stress énorme, d’attendre encore et toujours la dernière limite. En cas d’enjeux très importants, ce n’est vraiment pas à conseiller, parce que cela va demander une énergie terrible et cela peut basculer dans le dramatique.
AMÉLIORER SON RAPPORT AU TEMPS : LES ASTUCES
La structure : c’est vraiment la base, c’est apprendre à se structurer, apprendre à mesurer en fonction de vos projets, en fonction de vos actions, en fonction de vos rêves. Le temps qu’il faut pour réaliser les choses est souvent un aspect qu’on oublie quand on est HPI, mais c’est vraiment sur ce point qu’il faut s’arrêter.
Structurer son temps est très important et avant ça, il faut également travailler sur soi parce que savoir comment on fonctionne par rapport au temps, par rapport à soi, par rapport aux autres, est un point de départ incontournable. C’est à partir de là qu’on va pouvoir se structurer, qu’on va savoir ce qu’il nous correspond le mieux. On va voir comment on fonctionne et on va voir des choses qu’on ne voyait pas antérieurement. Quand on commence à réfléchir sur soi, on y voit plus clair. Donc il y a vraiment ce duo qui est le travail sur soi et la structure.
Ensuite, il faut se centrer sur l’instant car c’est la clé de tout :
Est-ce que vous êtes plutôt tourné vers le passé, est-ce que vous êtes plutôt centré sur ce qui se passe là maintenant, ou est-ce que vous êtes toujours tourné vers le futur, vers l’avenir et vous êtes impatient de réaliser des choses ?
Il est important de savoir comment vous vous situez par rapport à tout cela.
Beaucoup de HPI sont tournés vers le passé et prennent souvent référence au passé, parce qu’ils ont une très grande mémoire et une mémoire des émotions et forcément, ça les renvoie à des choses vécues.
Il est donc essentiel de toujours ramener la chose à l’instant présent, parce que le moment le plus important de la vie, c’est maintenant, qu’on le veuille ou non. Même si on fait des projets, même si on s’arrête sur ce qu’on a vécu, même si on pense à comment on s’est construit dans le passé, le plus important c’est ce que l’on vit, ce que l’on ressent.
On peut rajouter le corps, le mouvement : quand vous sentez que vous partez un peu trop et que vous avez du mal à vous rassembler pour suivre un projet et être vraiment dans l’instant, il est important de revenir au corps, à la sensation corporelle. C’est vraiment important pour les HPI. Se centrer vraiment sur le corps, sur un environnement qui vous convient, un environnement qui vous fait du bien : allez dans la nature, allez vous centrer, vous recentrer, tout cela a beaucoup d’importance. Chacun va apporter ses outils et surtout, une fois que vous aurez trouvé, partagez-les avec les autres et n’hésitez pas à dire aux autres comment vous fonctionnez et ce qui est important et bon pour vous.
Vous avez besoin d’être compris dans votre fonctionnement atypique, d’avoir des clés pour vous motiver et avancer en lien avec ce qui est juste pour vous ?
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