L’adolescence n’est pas toujours une période confortable. Ni pour l’adolescent lui-même, ni pour ses parents. Quand les adolescents sont concernés par le Haut Potentiel, cela peut s’avérer être un défi de taille.
En tant que parents, beaux-parents, voire même grands-parents, vous ne savez peut-être pas toujours comment vous y prendre. Cela peut parfois être un vrai défi. Heureusement, il y a aussi de chouettes moments partagés, lorsque tout le monde est dans un bon état d’esprit.
Mais quels sont les codes ? Comment guider nos adolescents ? Comment leur permettre de voir leurs points forts et de capitaliser dessus ? Des questions auxquelles vont répondre Isabelle Jeanpert et Pablo Jean, mère et fils. Ils accompagnent tous les deux des adolescents à profil atypique à mieux vivre leur scolarité, ainsi que leurs parents à retrouver une belle harmonie familiale.
Former une vraie équipe dans la cellule familiale
Quand le système familial est malmené, l’intensité du mal-être de l’adolescent et de la cellule familiale augmente considérablement. L’expérience scolaire, le bien-être et l’harmonie familiale sont tous liés d’une certaine manière. Cette connexion crée un cercle vertueux quand tout va bien, mais peut aussi créer un cercle vicieux quand les choses ne fonctionnent pas.
L’harmonie familiale est une grande force. Au sein du noyau familial, il faut fonctionner comme une équipe. Pour Isabelle Jeanpert et Pablo Jean, la voie professionnelle est arrivée comme une évidence. Ils ont trouvé leur mission : aider les personnes qui traversent les turbulences qu’ils ont eux-mêmes vécues.
Pablo Jean est coach scolaire. Il a passé le BAC en candidat libre. Après tout ce qu’il a accompli seul, il s’est rendu compte qu’il voulait aider les adolescents. Il a d’abord commencé par créer un site web, puis a remarqué que ses forces se cumulaient avec celles d’Isabelle. C’est alors qu’ils ont décidé de travailler ensemble. Cela s’est fait naturellement, car ils avaient traversé ensemble l’adolescence de Pablo. Cette période a été très difficile pour eux, mais ensemble, ils ont réussi à la surmonter.
L’influence d’Internet dans la recherche des points de repères
L’adolescence est une étape pendant laquelle on fait particulièrement attention à l’extérieur. On a beau se sentir bien dans le noyau familial, les repères extérieures exercent une forte influence : les amis, les professeurs, Google, etc.
En tant que parent, cela peut douloureux voir son adolescent effectuer des recherches sur Internet, même en sachant que c’est une attitude inhérente à la génération actuelle. Les adolescents concernés par la douance s’interrogent sur une multitude de sujet, et vont chercher toutes les réponses sur Internet. Le risque est que l’on y trouve tout et n’importe quoi. Cela peut amener par la suite à de fausses croyances.
Certains adolescents n’obtiennent pas de réponses auprès de leur entourage, Il est donc normal qu’ils les cherchent de leur côté. Parfois, ils peuvent en arriver à penser des choses très dures par rapport à eux-mêmes. Le problème d’Internet est que de jeunes adolescents peuvent croire tout ce qu’ils y trouvent. C’est comme quand on est malade et que l’on effectue des recherches sur internet. On va se mettre dans la tête que l’on a des symptômes correspondant à de graves maladies, alors que ce n’est pas le cas.
Internet est un outil formidable. Mais on retrouve parfois des adolescents à haut potentiel, qui mentalisent tellement tout, qu’ils vont aller en permanence se renseigner sur internet et naviguer de sites et sites. Cela leur permet de comprendre beaucoup de choses, mais certains se retrouvent avec des idées implantées en eux qui peuvent être très dures.
Améliorer l’expérience scolaire des ados HP
Sur le plan scolaire de l’enfant, qui n’est pas toujours au clair avec ce qu’il est capable de faire, Isabelle Jeanpert et Pablo Jean conseillent d’apprendre une méthodologie quand l’enfant Haut Potentiel arrive à l’adolescence. On ne peut plus se reposer sur certaines techniques de mémoire que l’on a apprises durant l’école primaire. Il faut trouver les méthodes qui nous conviennent, en sachant que chacun aura sa propre méthode. Il faut réussir à comprendre les exigences scolaires, et comprendre que l’on ne peut pas laisser son cerveau partir dans tous les sens. Il faut assimiler les codes.
Le Haut Potentiel, qui possède une intelligence dite rationnelle, a les capacités de réaliser cela. Il a aussi ce côté créatif qui peut parfois l’empêcher d’aboutir à ses réalisations, comme dans le cas de certains travaux pratiques. Il faut lui rappeler qu’il doit analyser la question, et faire ce qu’on lui demande sans sortir du sujet. En tant que Haut Potentiel, il faut savoir rester dans les codes sans se disperser, car malheureusement le hors-sujet est pénalisé.
La clé est de faire passer le message qu’il doit simplement accomplir ce qu’on lui demande de faire. S’appuyer sur ses forces en voyant si son profil est plutôt visuel ou auditif est un autre élément important. Le but est d’arriver à trouver des méthodes qu’il puisse se sentir à l’aise et mieux apprendre. Le Haut Potentiel peut s’ennuyer en classe. Si c’est le cas, alors il n’y apprendra plus rien. Son mental sera parti sur autre chose. Une de ses missions sera donc de réussir à trouver des moyens en utilisant ses sens et ses forces, pour qu’il puisse mieux assimiler les connaissances.
Mon ado détecte les failles du système
Pour les parents, c’est important d’avoir une stratégie et d’expliquer aux ados les raisons pour lesquelles il doit aller à l’école. On peut par exemple lui lister des bonnes raisons d’avoir le BAC : pouvoir suivre des études supérieures ou obtenir un travail plus intéressant…
Une fois que l’adolescent a compris l’importance de suivre son cursus scolaire, il faut adapter ses stratégies en fonction de son caractère. Si nous sommes dans le cas d’un enfant qui a beaucoup de difficultés à aller à l’école, on peut alors lui suggérer de se focaliser par exemple sur deux matières. Il choisira celles dans lesquelles il sait qu’il peut obtenir des points. Il peut alors les travailler du mieux possible, sans que cela soit douloureux. Pour le reste des matières, on peut convenir qu’il va faire de son mieux, sans pour autant attendre des merveilles de sa part.
Pour ceux qui n’ont pas le profil scolaire, aller à l’école représente une douleur vraiment intense. Ils passent la journée à s’ennuyer et à trouver les failles au système. La plupart du temps, ces failles existent et ils ont raison. Il faut alors leur expliquer qu’à l’école, il y a des codes qui ne sont pas forcément plus intelligents qu’ailleurs, mais que l’on est obligé de passer par ces codes-là pour avoir le Brevet ou le BAC. Beaucoup d’entre eux trouveront certains codes aberrants, comme la façon de calculer certaines choses en détaillant ses calculs par exemple.
Améliorer l’harmonie familiale
L’harmonie familiale peut être parfois difficile à mettre en place car, en tant que parent, on a tendance à se sentir coupable. Beaucoup d’idées reçues nous viennent de notre entourage, pas forcément par malveillance, mais cela peut créer un sentiment de solitude. Il faut oser se parler entre membres de la famille, avant de chercher des solutions à l’extérieur. Se parler, prendre des rendez-vous, connectez avec la personne, lui laisser des mots, exprimer ce que l’on ressent et écouter ce que l’autre veut nous dire.
Isabelle Jeanpert et Pablo Jean font ce qu’ils nomment des mini-contrats, en dégageant une ou deux choses : le parent s’engage envers l’enfant a, par exemple, ne pas soupirer comme nous faisons souvent en tant que parent. Bien sûr cela fonctionne dans les deux sens : l’adolescent peut par exemple débarrasser la table quand il terminé de manger. Ce sont des choses simples, qui amorcent un respect mutuel et permet de réinstaller la confiance.
Gérer les inquiétudes vis-à-vis de notre ado HP
Que peut-on faire quand on est inquiet pour notre adolescent ? On se dit qu’il va droit dans le mur. On aimerait l’empêcher de se faire du mal. Doit-on l’exprimer et comment ?
Selon Isabelle, cela passe d’abord par l’écoute. Parfois, on peut être inquiet par les résultats scolaires, ou par le fait que notre enfant fait tout au dernier moment. Il faut détecter quel est son mode de fonctionnement, et l’aider dans celui-ci. Cela peut ne pas être évident en tant que parent. C’est pour cette raison qu’il peut être intéressant de se faire accompagner.
Enfant, on entend beaucoup de phrases qui nous marquent. Par exemple, le fait que si l’on a un bureau mal rangé on va mal travailler, et que si notre chambre n’est pas rangée, cela signifie que l’on est désordonné. Or dans la vie adulte, nous pouvons très bien avoir un bureau mal rangé et bien travailler ou être bien organisé. Il est important d’aller dans le sens de son adolescent.
Isabelle partage le cas d’une maman qu’elle accompagne. Celle-ci est inquiète car sa fille a l’habitude de travailler dans son lit, et non à son bureau. Elle lui transmet qu’un lit c’est fait pour dormir, et non pour travailler. Isabelle a alors proposé une solution : si la jeune fille utilise son lit pour travailler, elle doit le recouvrir d’un plaid. C’est donc le plaid dédié aux temps de travail. Tout le monde est satisfait, car l’adolescent se sent reconnue dans sa façon de travailler. Son univers est respecté. On l’a aidée en trouvant un compromis.
Les clés pour prendre soin de vous
Ces situations de conflits au sein de la famille peuvent parfois être tellement douloureuses, que l’on devient soi-même une douleur. Plus rien de positif ne sort de nous. Il faut réussir à trouver ne serait-ce qu’une personne qui nous écoute, pour lâcher tout ce que l’on a emmagasiné en soi, quelqu’un qui peut écouter. On doit se réserver des créneaux pour soi, en allant chez le coiffeur ou se faire masser. S’autoriser à sortir de ces situations de temps en temps.
Pour rester en forme et aligné en tant que parent d’adolescent haut potentiel, il est préférable de se faire aider. Se faire accompagner signifie lâcher-prise et avoir du temps pour soi. Avoir du temps pour soi est indispensable pour pouvoir aider son adolescent, ou d’autres personnes en générale. Il faut s’aider soi-même en premier.
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