Beaucoup de femmes concernées par le haut potentiel possèdent une grande capacité à se sur-adapter… Comment s’assumer, en tant que femme au fonctionnement atypique, sans suivre des voies toutes tracées ? Comment vivre sa singularité de façon authentique ?
Claudia San Filippo Wissler, consultante, coach et conférencière, partage son parcours de femme hypersensible et livre de précieuses clés pour oser occuper sa place quand on ne se sent plus aligné.
Le sentiment de décalage
En tant que femme concernée par le haut potentiel, on ne fonctionne pas forcément de la même manière que la plupart de son entourage. Le fort sentiment de décalage se déclare très tôt.
Claudia Filippo Wissler, en tant qu’hypersensible, s’est très vite intéressée à la thématique de la spiritualité. Dès l’âge de 15 ans, elle s’est intéressée au bouddhisme et a eu ce besoin de comprendre le monde autrement, alors qu’il était très cartésien. Elle était très bonne élève et a toujours visé l’excellence à l’école, pour compenser le regard de ses parents qui l’ont toujours trouvée différente.
Elle avait ce besoin permanent de découvrir plein de choses : bouddhisme, phytothérapie, numérologie, lecture, etc. Une vraie boulimique de connaissance.
Au regard de ses parents, elle était très douée et il fallait qu’elle continue dans cette voie-là. Eux n’ont pas fait beaucoup d’études et viennent d’un milieu ouvrier. Pour cette raison, son sentiment de décalage avec eux est arrivé très fort et très tôt.
Claudia San Filippo Wissler pense que son hypersensibilité par rapport au monde, qu’elle trouvait féroce, a été très dure pour elle. Elle avait une autre façon de penser, était toujours beaucoup plus rapide que les autres. Parfois, elle se taisait en classe car les professeurs ne voulaient pas l’interroger.
Exprimer sa sensibilité
Il est très important de pouvoir exprimer son hypersensibilité. Claudia n’a pas été préparée à cela. Son hypersensibilité n’était pas nommée et il fallait la cacher. Comme elle se sentait seule et incomprise, elle a pris l’habitude de la dissimuler. Pour cela, elle se forçait à se montrer “forte” et à démontrer qu’elle allait réussir seule.
Elle devait cacher les choses qui la touchait, car on ne la comprenait pas. Elle avait l’impression que ses parents ne l’auraient pas aimée s’ils ne la comprenaient pas dans tout ce qu’elle faisait.
Quand on est concerné par la douance, pour compenser son sentiment de décalage, on a énormément besoin d’amour. On fait en sorte d’être comme les personnes souhaiteraient que l’on soit. On se force à être l’enfant sage qui travaille bien à l’école, qui fait tout bien et pour qui tout va bien.
En parallèle, Claudia s’interdisait de faire les choses comme bon lui semblait. Elle s’est beaucoup empêchée d’être elle-même et de faire certaines choses, car les intérêts qu’elle avait paraissaient impensables pour ses parents. Du coup, elle s’est inscrite en FAC de droit, pour leur plaire, puis elle a fait des cours d’astrologie par correspondance pour elle-même.
L’importance de s’écouter : le déclic
L’expérience personnelle de Claudia San Filippo Wissler fut difficile, car elle prenait des arrêts maladies les uns après les autres. Elle a fini par se dire stop. Elle a montré à ses parents qu’elle pouvait réussir tout en faisant ce qui l’anime au plus profond de son être depuis très jeune : l’astrologie, le conseil, des choses beaucoup plus humaines qui la nourrissent davantage.
Elle ne voulait plus être dans un monde hyper compétitif, très difficile, très masculin, où on lui demandait d’être ce qu’elle n’était pas. Sa sensibilité était heurtée chaque jour, dans sa façon de travailler et dans la façon dont on lui demandait de travailler.
Il y a eu un point de non retour où elle n’était plus capable d’aller au travail, malgré l’aspect extérieur. Quand elle a annoncé à ses parents qu’elle voulait quitter le droit, ils ont tout de suite pensé qu’elle n’allait pas bien. Au contraire, pour la première fois de son existence, elle ne s’était jamais sentie aussi bien. Elle a pris la plus belle décision de la vie qui est la sienne. Elle ne sait pas où elle va, mais en tout cas elle y va.
C’est se choisir finalement. C’est arrêter de vouloir faire plaisir aux autres et commencer à s’aimer et à se faire plaisir à soi. C’est pouvoir enfin être soi-même et enlever tous ces faux-selfs, tous ces rôles, tous ces masques que l’on a portés pendant des années:
Faire confiance à sa petite voix intérieure
Quand on sent qu’effectivement on n’est pas aligné avec soi-même, que l’on se sent en permanence dans le plaisir de l’autre et que l’on sait que l’on joue un rôle, il faut très vite se dire stop. C’est important de se dire que l’on doit arrêter, car on se sent mal en permanence. Quelque chose ne va pas intérieurement.
De nos jours, on a tous pris conscience de l’importance de la méditation et de prendre des petits moments pour soi. Chaque jour, prenons quelques minutes de méditation pour s’écouter et écouter notre petite voix intérieure, que l’on oublie trop souvent.
Quand on est enfant, on l’écoute en permanence. Cette tendance s’étouffe souvent avec l’éducation, l’école, nos parents, le monde de l’entreprise, le monde lui-même. Quand on sent que l’on n’est pas bien, c’est que quelque part on n’écoute pas assez notre petite voix intérieure.
C’est important de prendre le temps de systématiquement s’écouter, de se demander si ce que nous faisons actuellement nous plaît vraiment, si on est bien dans ce que l’on fait. Ce sont des questions très simples. Nous devons prendre l’habitude de nous les poser très tôt et d’inculquer cela à nos enfants. Il faut toujours être en harmonie avec soi.
Lorsque l’on est dans l’angoisse, que l’on commence à avoir peur, c’est que l’on a créé une distorsion entre notre petite voix intérieure qui nous parle tous les jours et notre mental qui nous conditionne. Cet écart est ce qui crée l’angoisse, les peurs ou encore le burn-out. L’écart est tellement important entre ce que l’on est vraiment et ce que notre mental nous dit de faire, que l’on arrive à un point où ce n’est plus possible d’avancer.
C’est une petite discipline à avoir rapidement dans sa vie pour savoir si on est aligné avec nos valeurs et nos propres besoins. De quoi avons-nous besoin pour être dans la joie ? Quand on se retrouve dans une situation qui ne nous apporte plus de joie, on ne se sent plus connecté à son âme. Quand on n’écoute pas assez ses besoins et que l’on n’écoute pas sa petite voix, la vie nous rattrape tôt ou tard.
Se reconnecter à sa puissance intérieure
En tant que femme, on a beaucoup à apprendre au niveau de notre féminin, à faire la paix avec lui, à le mettre en avant dans tout ce qu’il y a de plus beau.
Par rapport à ce féminin, Claudia San Filippo Wissler s’est rendue compte qu’elle avait beaucoup caché sa sensibilité en disant qu’elle était forte et capable de faire seule. Elle a maintenant pris conscience qu’elle pouvait se faire aider et que les autres pouvaient lui apporter.
La force n’est pas masculine et pas forcément dans l’action brute.Toute la valeur d’une femme est sa douceur. C’est ce qui fait que tout ce féminin peut vraiment s’exprimer avec toutes les qualités qui sont les siennes.
Ne pas avoir peur d’exposer sa sensibilité est essentiel. Il faut en être fière. Si quelque chose nous émeut, il faut rester dans cette émotion en l’exprimant. La douceur est notre plus grande force. C’est une qualité féminine qui est d’une puissance incroyable.
Claudia est fière en tant que femme de s’être connectée à cette dimension qu’elle avait complètement occultée quand elle était petite par système de défense. C’est un travail de tous les jours de devenir une femme à part entière.
Quand on a l’impression d’avoir atteint un palier, la vie nous fait comprendre que l’on pourrait encore avoir une marche à franchir.
Se relier à son moi authentique
Devenir soi-même, authentique, enlever tous les masques, éviter de jouer un rôle : ce n’est pas évident. Quand on arrive à un certain âge, on trouve encore plus important d’être aligné avec qui l’on est.
On ne se projette plus sur l’autre. On ne se demande plus si l’on va plaire ou non, si cela va heurter ou pas la personne. On est comme on est. On n’a plus envie de montrer que l’on va bien, alors que ça ne va pas, de sourire alors que l’on n’en a pas envie, de dire que quelque chose est bien, alors que l’on ne le pense pas…
Si la personne est heurtée, on sait que c’est son problème. On n’en est pas forcément responsable. Tout le travail d’apprendre à être authentique est fondamental, car ça nous donne une confiance que l’on n’avait pas. On acquiert une assurance et une force de conviction qui sont imparables.
Quand on parle avec son cœur, lorsque l’on est aligné avec soi-même, on ne parle pas avec sa tête. Les personnes sont beaucoup plus réceptives à ce genre de messages par rapport à un message purement conditionné, qui n’est pas ressenti pleinement par la personne.
Soyez authentique ! C’est un long chemin qui n’est pas facile. Beaucoup de personnes peuvent vous tourner le dos en cours de route, mais on en trouve des plus belles et des plus grandes. C’est cela qui est merveilleux. Être soi-même, ça n’a pas de prix.
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