En tant qu’hypersensible, vous avez déjà très certainement vécu une tempête émotionnelle. Le mot « tempête » correspond bien à cette intensité émotionnelle que l’on peut expérimenter par moment. Difficile, quand cela arrive, de prendre du recul pour retrouver le calme.
La plupart du temps, nous nous sentons démunis et n’avons pas les outils nécessaires pour faire face à ces situations. Alors, comment faire ? Comment s’équiper pour revenir à quelque chose de paisible ? Existe-t-il une trousse de secours pour nous soulager en cas de tempête émotionnelle ?
Pour répondre à ces interrogations, Nathalie a eu le plaisir d’interviewer Margot Diskin, facilitatrice certifiée du Travail de Byron Katie, qui va nous donner des pistes pour apaiser le mental quand celui-ci s’emballe.
Anticiper les tempêtes émotionnelles
On appelle « tempêtes émotionnelles » les situations dans lesquelles le mental s’emballe. Il est en ébullition, les pensées arrivent à grande vitesse, et cela vient nous secouer dans notre état émotionnel. On ressent de plein fouet soit la colère, soit le chagrin, la peur, la honte, la culpabilité, etc. Cela peut commencer à se manifester par des tremblements, des pleurs ou le fait de rougir. On a alors l’impression que plus rien n’est sous contrôle. On peut également se surprendre à réagir très fortement. On se demande ce qu’il nous arrive et comment on pourrait arrêter cela. Une fois que ce sentiment a commencé, il est pratiquement impossible de le faire cesser, sauf si on apprend à avoir un peu de recul par rapport à ce qu’il se passe.
Une des pistes pour anticiper ces crises, est d’aller repérer ce qu’il se passe dans notre tête. Il faut observer quelles sont les pensées ou les croyances qui commencent incessamment à se répéter et à frapper à la porte. Avant la tempête, on peut repérer ce qu’il se passe à l’intérieur de nous. Par exemple, on remarque que l’on est très en colère contre quelqu’un, que l’on a des pensées qui tournent en boucle et qui viennent critiquer cette personne sans cesse. Cela serait un point de repère. Les pensées précèdent toujours les émotions, même si elles sont un peu plus difficiles à détecter.
Le Travail de Byron Katie : une méthode puissante
La méthode que pratique Margot Diskin se nomme “Le Travail de Byron Katie“. Il s’agit d’une technique de questionnements, d’une remise en question de nos croyances. On les prend une par une et on se pose des questions à leur sujet.
La première question sera de savoir si cette croyance s’avère être vraie. Admettons que l’on a la pensée que telle personne nous manque de respect. Dès que cette croyance s’installe en nous, on va ressentir de la colère, de la déception, de la tristesse ou de la peur. Dans le Travail de Byron Katie, on prendra une telle pensée et on commencera à la remettre en question. Dans ce cas, il faudra se demander si c’est vrai que cette personne nous manque de respect. Rien que de se poser la question, même si on répond « oui », cela fait prendre un petit pas de recul à l’intérieur de soi. On devient alors l’observateur de nos pensées plutôt que d’être complètement hypnotisé par elles.
On a souvent l’impression que cette peur ou cette colère sont pour nous un besoin pour bien vivre. On s’accroche à cette pensée par rapport à d’autres croyances : si je ne me défends pas, cette personne va continuer; si je laisse faire, je me laisserai piétiner comme un paillasson; il faut bien que justice se fasse et il faut donc que je me défende…
Or, il ne s’agit pas de ne pas se défendre, mais simplement d’aborder la situation avec plus de sagesse. C’est la différence entre croire la voix de son égo, que l’on nomme souvent la petite voix intérieure et qui adore se prendre pour une victime, et le fait de laisser parler sa propre sagesse.
Notre propre sagesse est une bien meilleure forme de protection contre les abus que la peur. La sagesse est similaire à l’ouverture du cœur. Effectuer ce travail nous met en contact avec ce que l’on peut appeler notre vraie nature, celle qui est toujours là. Ce n’est pas qu’elle n’est pas présente le reste du temps, mais c’est un peu comme un soleil qui serait dissimulé derrière les nuages. Arriver à dissiper les pensées et les croyances qui viennent dégrader notre vie, c’est arriver à vivre dans une paix joyeuse en prenant tous les aléas de la vie avec énormément de philosophie.
Cela ne signifie pas que l’on ne sait pas dire non, ou qu’on ne sait pas se retirer d’une situation qui est délétère. On n’est pas là pour se faire marcher dessus. Mais on peut le faire dans la paix, on n’est pas forcé de le faire dans la peur et la colère.
Les différentes étapes DE LA méthode
La première clé est donc de se demander si la situation est vraie. Notre pensée est devenue une croyance : est-ce réel ? On le pense, mais on n’est pas forcé de le croire. Le Travail de Byron Katie nous donne une seconde chance. C’est-à-dire que si on répond «oui» à la première question, il faut se demander si l’on peut absolument savoir que c’est vrai. Avons-nous le moyen de savoir que c’est incontestable ?
Cela nous fait étudier l’intérieur de soi : on va se demander si on croit à quelque chose d’avéré, de fondé, ou plutôt à une théorie. Si on ne peut pas prouver que la situation est vraie, cela signifie que l’on croit à une théorie. Ce doute va s’installer de plus en plus en nous. Un doute qui nous fait nous détacher de cette voix très véhémente, insistante et qui provoque ces tempêtes émotionnelles. Il faut donc créer un doute pour désamorcer les choses.
On commence par le doute et ensuite, il faut progresser vers une troisième question qui sera de savoir comment on réagit : que se passe-t-il quand on croit la pensée ? Si on croit que telle personne nous manque de respect, il faut trouver ce qu’il se passe en nous et dans notre vie. Cela peut nous mettre en colère, nous faire peur. On peut avoir le cœur qui se serre. On peut se remémorer des images du passé, d’une autre personne qui, selon nous, nous a aussi manqué de respect. Très souvent, on n’en a à peine conscience.
Le Travail de Byron Katie est une méditation qui nous donne cette chance d’aller voir tous les effets qu’a sur nous le fait de croire à une pensée stressante. On fait le tour de tout ce qui se passe : peut-être a-t-on pris l’habitude de s’adonner à des addictions, ou de prendre la fuite. En tout cas, ce que l’on remarque en méditation, en se penchant sur cette question, est que cela n’est pas confortable.
Enfin, on arrive à la quatrième question qui est le contre-poids de la précédente. Cela signifie que l’on doit se demander qui nous serions sans cette pensée d’origine. Dans le cas d’une personne qui nous dirait que l’on ne doit pas se garer à tel endroit, car c’est sa place de parking, on doit se demander qui nous serions sans la pensée que cette personne nous manque de respect. On peut se poser la question et attendre que la réponse nous vienne, en sachant qu’elle viendra d’elle-même. Dans cette situation, on va se dire par exemple que c’est une personne qui s’énerve contre nous. Quand on s’ouvre à la réponse à cette question, on peut entrer dans un espace où on voit une personne qui est probablement déçue. Cela nous ouvre à beaucoup plus de tolérance et on peut alors trouver une manière plus calme de s’adresser à cette personne, afin de désamorcer toute la peur et la colère que l’on a pu avoir avant. Cela ne veut pas dire que l’on va se laisser marcher dessus. Mais on peut répondre gentiment, tout en restant dans la paix.
Ensuite, il y a encore une étape qui se nomme les retournements. Jusqu’à présent, on est allé voir si une pensée était vraie, si on était absolument certain qu’elle le soit et si on pouvait prouver sa validité. On est allé voir comment elle nous faisait réagir et qui nous serions sans cette croyance. On passe donc au retournement, où on trouve des contraires de la phrase de départ qu’on vient étayer et démontrer par des exemples.
Toujours dans l’exemple où une personne nous manque de respect, on peut commencer par le retournement qui sera : “je me manque de respect “. On peut aller voir dans cette situation en quoi on ne se respecte pas. On est déjà confus du point de vue émotionnel, et ce n’est pas respectueux pour notre corps d’avoir à subir ces attaques émotionnelles. Peut-être que l’on ne se respecte pas en s’énervant sur cette personne, en lui criant dessus, alors que cela ne correspond pas à la manière dont nous souhaitons vivre notre vie. On ne respecte pas nos propres valeurs de partage et de bienveillance dans ces moments-là.
Il ne s’agit pas de susciter de la culpabilité, mais de voir quelle est notre part de responsabilité, en quoi on se manque de respect quand on se met dans tous nos états alors que cela n’est pas vraiment nécessaire.
On peut également appliquer un second retournement en trouvant un autre contraire de la phrase de départ, mais en inversant les rôles. L’égo n’apprécie pas vraiment ce retournement, mais il suffit d’avoir un peu de patience pour voir qu’en fait il va être bénéfique à soi et à l’autre. Ce retournement part de : « il me manque de respect ». En inversant les rôles, cela devient : “je lui manque de respect“. On peut avoir un peu de résistance en se disant que nous sommes toujours respectueux, que l’on n’a jamais rien fait de tel…
Et pourtant, si on arrive à s’ouvrir et à aller voir en quoi on lui manque de respect, on peut découvrir la situation sous un nouvel angle. Il est possible que dans l’esprit de la personne, ce soit bel et bien sa place de parking, et que l’on n’a pas respecté son opinion sur ce point. Il est possible qu’on lui ait manqué de respect car à l’intérieur de soi on l’injure, peut-être verbalement, alors que ce n’était qu’une personne qui cherchait une place de parking, tout comme nous. On peut très bien ne pas être d’accord avec quelqu’un sans pour autant l’attaquer mentalement ou verbalement, ni lui manquer de respect, simplement pour une place de parking.
Un troisième retournement possible est le contraire de la phrase de départ. La phrase : “il me manque de respect“ devient : “il ne me manque pas de respect“. Peut-être que ce n’est pas du tout ce qu’il se passe. La personne est peut-être simplement pressée et ne sait peut-être pas s’exprimer autrement. Il se peut que cette personne nous respecte totalement. C’est quand on va chercher en méditation, que l’on se recueille à l’intérieur de soi avec de la bonne volonté, de la curiosité et de la sincérité que les exemples viennent.
Du coup, on commence à voir cette personne sous un jour nouveau et les mots pour s’adresser à elle viennent beaucoup plus facilement. On remarque qu’au travers de tout cela, on arrive à garder son calme.
Revenir au moment présent
Quand on a une pensée qui vient nous marteler et nous secouer, le simple fait de se demander si c’est vrai permet de faire un pas de recul à l’intérieur de soi. Quand on est pris dans une tempête émotionnelle, si elle est vraiment intense, c’est comme si nos images mentales du passé, ou des projections que l’on fait dans l’avenir, nous coupaient totalement de ce que notre corps est en train de vivre. Celui-ci ne peut pas se déplacer dans le temps et l’espace. Cela signifie que l’on quitte la réalité. Le Travail de Byron Katie est là pour nous ramener à la réalité.
Quand on est vraiment submergé, rien que de nommer les choses autour de soi, de les énumérer, permet de réaliser que la situation que l’on a vécue n’a pas été agréable, mais que maintenant ce n’est pas en train de se passer. On est juste en train de faire un cauchemar dans lequel cette personne est en train de nous manquer de respect. Maintenant, on est dans notre contexte actuel du moment présent.
Juste en nommant les choses qui sont autour de nous, on revient à l’instant présent très simplement. Cela nous montre qu’il y a une différence entre le cauchemar mental qui suit cette tempête émotionnelle et l’instant présent, car la réalité est toujours bienveillante.
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