Nombre de personnes qui se sentent concernées par la douance se demandent pourquoi c’est vraiment si important de savoir si on est haut potentiel ? Et si c’est le cas, est-ce nécessaire de passer le test ?

Allons-y pas à pas pour comprendre l’importance ou pas de cette démarche…

La manière dont on aborde les choses n’est pas anodine : se dire haut potentiel, ce n’est pas toujours évident, le terme surdoué, encore moins et ce n’est pas pour rien que j’utilise le terme « Emotifs talentueux » qui ouvre à une posture plus humble que d’autres termes.

Une grille de lecture pour mieux se connaître 

Et je ne pense pas que ce soit le terme utilisé qui soit important ; ce qui est important, c’est d’avoir une grille de lecture. Et ça, c’est vraiment un point sur lequel j’insiste ! Une grille de lecture de son mode de fonctionnement et de son mode de fonctionnement atypique pour pouvoir comprendre sa singularité dans un monde qui fonctionne majoritairement différemment de soi. C’est une grille de lecture parmi d’autres, elle n’est pas la seule même si je la trouve assez centrale.

Il me semble donc essentiel de se connaître et de savoir qui nous sommes, cela me parait impossible sans cette grille de lecture là.

Et ce n’est pas parce que nous le savons que nous devons le crier sur tous les toits, c’est une démarche très personnelle et de confiance que d’aller en parler à d’autres personnes.

Se restituer par rapport à la norme 

Ce qui me semble important aussi pour certaines personnes c’est cette capacité à porter un regard neuf sur soi. J’ai rencontré pas mal de gens qui me disent : « mais moi, je pensais que j’étais bête ou on m’avait dit que j’étais bête ou que j’avais une intelligence différente. Comme j’ai eu longtemps du mal à m’intégrer et que je ne fonctionne pas comme les autres, je me suis toujours demandé mais qu’est-ce qui cloche avec moi ? ».

Et c’est là que je trouve que c’est intéressant de comprendre effectivement ce mode de fonctionnement et pouvoir en faire quelque chose, de l’avoir comme grille de lecture et de comprendre que sa différence peut être un atout même si elle vous a fait ressentir un sentiment de décalage. C’est une façon d’accueillir cette nouvelle donne : je suis quelqu’un d’intelligent même si mon expérience de vie semblait montrer le contraire ou que certaines personnes m’ont mis cette étiquette.

Une relecture de son histoire de vie pour y donner du sens 

Cela peut être une mise en lumière des raisons pour lesquelles sa vie a été vécue d’une certaine façon. D’une certaine façon, cela peut être de passer du vilain petit canard à l’aigle. N’oublions pas qu’être haut potentiel ne veut pas dire aller mal… C’est donc très personnel d’identifier jusqu’où la personne a besoin de donner du sens à la façon dont sa vie s’est déroulée en lien avec les autres, pourquoi elle a fait tels choix à certains moments, pourquoi elle a vécu les choses d’une manière particulière, pourquoi elle a toujours ressenti les choses d’une certaine façon.

Cela n’explique pas tout et se superpose à d’autres grilles de lectures bien sûr, il est à mon sens dangereux de tout mettre « sur le dos » de la douance avec le grand risque de se déresponsabiliser du chemin à faire pour vivre en équilibre et oser être soi-même. Les clés sont en nous et pas à l’extérieur ou dans une explication telle que « je suis surdoué alors je vais mal ».

J’invite d’ailleurs les personnes qui se découvrent avec ce nouveau regard à prendre le temps de la digestion et de l’intégration : avec un proche qui est capable d’écouter et d’entendre, éventuellement concerné lui-même, avec un professionnel en individuel ou en groupe, la parole est importante dans cette étape.

Et j’insiste sur le fait qu’il y a des personnes qui vivent très bien leurs différences, qui savent qu’ils sont différents, qu’ils sont intelligents ou différents depuis longtemps. Cela me parait moins « essentiel » de savoir qu’ils sont haut potentiel, ça ne les empêche pas de vivre, ils se sentent épanouis.

Faut-il passer le test ou pas ?  

Je préfère appeler cela un bilan parce dans le mot test, il y a un côté péjoratif qui me dérange, un test je le réussis ou je le rate. Et ici il n’y a pas à réussir ou à rater quoi que ce soit. Faire un bilan, c’est faire un état des lieux de son intelligence, testée sous différents critères. Cela ne dit certainement pas tout. Et c’est vraiment important de savoir avec qui on le passe et de se sentir en confiance, écouté, entendu et compris dans ses questionnements et dans les raisons qui nous poussent à mettre en route ce processus. Car il s’agit bien là d’un processus et pas des moindres.

Difficile de répondre à la question « faut-il le faire ou pas ». Cela dépend vraiment de la personne, de son intention, de ce qu’elle veut en faire, ça dépend de l’état dans lequel la personne va se trouver au moment où elle va faire le bilan ». C’est une vraie réflexion sur les raisons pour lesquelles on veut le passer et elle est liée au moment auquel on veut le passer. Je n’invite personne à se précipiter dans cette aventure mais à y aller en conscience.

Les raisons pour lesquelles on passe un test de QI sont nombreuses et intéressantes, elles peuvent participer à un processus identitaire. Pour quelqu’un qui ne s’est jamais cru intelligent, passer le bilan et recevoir un chiffre qui démontre qu’effectivement, il y a une autre forme d’intelligence, ça peut être quelque chose d’excessivement porteur.

Et la question finale qui stresse la plupart des personnes qui hésitent à rentrer dans cette démarche : et si je ne le suis pas (haut potentiel) ? Quel stress et quelle déception de plus. C’est bien pour cela que je propose d’inscrire ce bilan dans une vraie démarche de connaissance de soi. Cette démarche n’étant pas exclusivement basée sur un score. Je trouve dommage que certaines personnes se prennent en pleine figure un QI de 124 par exemple et qui s’effondrent parce qu’elles « ne SONT pas haut potentiel » (la définition académique et scientifique plaçant la barre à 130). A mon sens, une démarche porteuse viserait à permettre à la personne de comprendre comment elle fonctionne, là où se trouve ses forces et d’être capable de dire qu’elle a une intelligence bien au-delà de la moyenne et de se demander ce qu’elle peut en faire de porteur pour elle et comment cela va lui permettre de s’accomplir.