La découverte de son potentiel n’est pas (toujours) un long chemin tranquille. C’est une quête, une conquête sur soi et sur son environnement. Le processus s’étend de quelques mois à quelques années, de manière plus ou moins consciente mais selon des étapes qui sont aujourd’hui mieux connues.
 
Si l’on parle de neuro-atypiques, c’est nécessairement en référence à des neuro-typiques, à une forme de tronc commun en fonction duquel – ou en opposition duquel – on se positionne. C’est la longue histoire de vie de Sandra. Son parcours a navigué entre plusieurs tests, diagnostics, en bon nombre erronés. Un parcours qui révèle sa volonté d’en savoir toujours plus sur elle, malgré l’avis divergent de réputés « spécialistes ».

 

« Mon intuition de douance remonte à mon enfance. Je percevais déjà un décalage de rythme et mon incapacité de comprendre les enjeux diplomatiques des conversations. Un ami m’a parlé de la douance, ce qui a fait résonner une première corde en moi. J’ai lu les premiers livres sur le sujet et ai passé un test à Mensa. Ce fut très frustrant, tout juste à 130, sans explication, sans debrief. Il me semblait bien qu’avec le sujet HP, on tenait quelque chose, mais on passait à côté de l’essentiel. Quoi ? Je suis allé voir plusieurs psychologues pour le découvrir. Au lieu de m’aider, cela m’a coûté cher : estampillée schizophrène puis bipolaire, j’ai été mise sous traitement. C’était lourd, très lourd. Physiquement, mon organisme a payé le prix fort. J’ai décidé d’arrêter et de reprendre ma quête, et c’est là que j’ai rencontré des personnes dans le spectre autistique. Je suis allée voir une thérapeute formé spécialement à la détection de femmes autistes Asperger. Il faut savoir que les tests qui y sont associés sont très orientés vers les hommes et non les femmes, qui sont en permanente sur-adaptation pour s’y inscrire. En cabinet privé, cela est allé assez vite et, pour la première fois, le diagnostic était clair, juste, fondé : je suis bien HP mais aussi autiste Asperger, avec TDAH, Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité.

Ça n’a pas été une révolution, mais une confirmation. Une autorisation à accepter mon propre mode de fonctionnement. J’avais déjà fait trois burn-out et j’avais enfin la grille de lecture pour le comprendre. J’assume mes difficultés diplomatiques et sociales. Moi qui suis coach, je refuse le téléphone. Je ne travaille qu’en asynchrone et à distance. Ceux qui veulent absolument me voir ? Nous ne travaillons pas ensemble et cela ne me pose plus aucun problème. Il n’y a pas de numéro sur mes cartes de visite et c’est ainsi.

À titre personnel, cela n’a pas changé grand-chose. Je sais simplement que j’ai besoin de m’accorder, voire de me forcer à prendre des temps de pause. Je saurais aujourd’hui détecter un éventuel burn-out. Cela est compliqué de m’autoriser à ralentir. Je n’ai pas l’intention d’évangéliser sur le sujet de l’autisme et du TDAH, même si je pense que je fais aujourd’hui un meilleur miroir pour les personnes de mon entourage qui sont eux-mêmes en processus de reconnaissance. J’ai notamment exploré la théorie polyvagale, qui me semble essentielle. Je suis en train de finir un livre où il en sera question ».

Cet article est issu du 1er numéro du magazine « Regards Pluriels sur le Haut Potentiel ». Pour vous abonner gratuitement et recevoir mon actualité, cliquez sur le bouton ci-dessous :