Dans son livre «Un Zèbre sur le divan », Hélène Vecchiali explore la question du mal-être chez certains surdoués. À travers le récit de la vie d’Henry et de sa compagne Sylvie, elle aborde les ressources sur lesquelles les personnes concernées par le haut potentiel peuvent s’appuyer pour accueillir leur singularité et trouver un équilibre de vie épanouissant.

L’origine de l’écriture du livre

Hélène Vecchiali avait vraiment à cœur de réhabiliter les hauts potentiels intellectuels qui sont souvent présentés soit comme des génies, soit comme des victimes. La douance est un cadeau, et certainement pas un poids.

Elle met en avant que lorsque certains hauts potentiels sont malheureux, on perçoit cette souffrance comme en lien direct avec la haute potentialité, alors que ce n’est pas toujours le cas.

Cette perception amène vers une posture de victimisation. Cela ne nous fait pas prendre nos responsabilités. Même si, bien évidemment, en étant concerné par la haute sensibilité et le haut potentiel, on peut vivre des choses parfois compliquées.

Quand on écrit, on parle souvent de soi. C’est son histoire personnelle qui a donné à Hélène Vecchiali l’envie de partager cela. Elle a vécu une enfance difficile et a suivi une psychanalyse. Elle a découvert sa haute potentialité bien après la fin de celle-ci.

Hélène s’est trouvée face à une grande émotion, car il y avait certains éléments qu’elle n’avait pas pu déconstruire dans son travail, qui a pourtant été très long. Par exemple, elle ne comprenait pas pourquoi, à certains moments, elle s’ennuyait, ou bien ressentait une angoisse de mort un peu lourde, ou encore pourquoi elle était si créative.

Lorsqu’elle a découvert son haut potentiel, tout s’est éclairé pour Hélène. Elle a eu l’impression que les morceaux de puzzle manquants se complétaient. Elle a ressenti un sentiment de plus grande authenticité et de meilleure compréhension d’elle-même.

C’est comme si elle avait retrouvé la pièce centrale du rouage d’une montre qui permet de faire tourner tout le reste.

Le choix d’une histoire pour partager ces éléments

Il existe énormément de livres sur le haut potentiel intellectuel. Beaucoup sont de très bonne qualité. Hélène Vecchiali ne souhaitait pas proposer de livre similaire, sous forme de guide et sur ce qu’il faut faire ou pas. Elle a donc choisi de mettre en place un plan d’écriture original qu’elle considère comme mi-roman mi-essai.

Dans son livre, Hélène aborde l’enfance d’Henry à travers deux volets. Le premier est narré sous forme de roman. Le zèbre, Henry, raconte les épisodes singuliers de son enfance. Le second volet est « le divan de son enfance ». C’est-à-dire que pas à pas, Hélène analyse d’un point de vue psychanalytique l’enfance d’Henry, avec un souci de vulgarisation pour rendre le contenu accessible à tous. Elle détricote et analyse ce qui s’est passé dans les premières années de la vie d’Henry.

Ensuite, le livre aborde l’adolescence d’Henry, racontée par lui-même, avec par moments des portions de ce que Sylvie, adulte, lui aura raconté de sa propre adolescence. Sylvie va être la compagne d’Henry à l’âge adulte. Hélène Vecchiali analyse pas à pas ce qu’il s’est passé dans leur adolescence.

Puis vient la phase de l’âge adulte, racontée de nouveau par Henry et suivie de l’analyse d’Hélène. Une fois ces trois étapes de vie décrites puis analysées, Hélène explore la psychanalyse d’Henry via les étapes les plus marquantes de son parcours, afin de faire le tri entre la haute potentialité et son enfance difficile.

Enfin, Hélène a eu l’honneur d’accueillir dans son ouvrage trois experts qui ont accepté d’être interviewés : Fabrice Michaud que l’on ne présente plus ; Denis Richet, micro-nutritionniste spécialiste des HPI, puis un pianiste concertiste et pédagogue, Robert Kaddouch, qui parle du piano et de la haute potentialité d’une façon très émouvante.

Hélène Vecchiali a également eu le privilège d’interviewer un haut potentiel intellectuel heureux, Cédric Villani, qui a joué le jeu et a partagé son expérience personnelle.

Hélène voit son livre comme un objet original qu’elle compare à un « Kintsugi ». Dans le Japon ancestral, lorsque des objets très précieux étaient cassés, ils étaient réparés avec de la colle dans laquelle on insérait de la poudre d’or. Au lieu de s’évertuer à camoufler les cassures, celles-ci se trouvaient alors magnifiées.

Dans ce livre, Henry et Sylvie réussissent à cicatriser leurs blessures en les magnifiant.
C’est un livre qui parle de souffrance et de grosses difficultés, mais également d’un chemin de résilience très réussi.

Dans notre société, on a tendance à vouloir être heureux à tout prix. C’est comme si on voulait se défaire d’une souffrance alors que l’on sait que la vie, c’est également cela. Et il faut savoir jongler avec cette part d’ombre.

Dans son ouvrage, Hélène Vecchiali raconte et explique combien il lui semble que les hauts potentiels intellectuels ont une très grande capacité de résilience. La résilience se déroule en deux temps. Un temps de traumatisme, puis un temps de réparation. Ce temps de réparation se fait la plupart du temps avec un « tuteur de résilience », une personne qui va être là pour accompagner cette sortie magnifiée.

La conviction d’Hélène est que les HPI ont en eux-mêmes ce tuteur de résilience. Cela signifie que ce surinvestissement intellectuel est un refuge, un repli sur soi, un refuge créatif qui leur permet d’avoir en eux ce tuteurage qui va faire effet d’auto-réparation et va avoir un caractère antidépressif.

D’ailleurs, c’est ce que Camus et Pascal ont vécu. Camus est orphelin de père et a une mère illettrée, plutôt inaffective. Il va se réfugier dans son intellect et faire le parcours brillant que nous connaissons. Pascal, de même, voit sa mère décéder lorsqu’il a 3 ans, et se réfugie dans les mathématiques. Il va alors résoudre des théories et devenir une personne solide en surinvestissant l’intellect. D’ailleurs, il dit lui-même : « J’ai mes propres brouillards et soleils à l’intérieur de moi ».

Si on en revient à la résilience, Hélène Vecchiali pense que les hauts potentiels ont en eux une grande résilience innée.

L’IMPORTANCE DE CONNAÎTRE NOS RESSOURCES

Parmi les nombreuses ressources que l’on peut utiliser, la créativité tient une place importante. Dans le livre d’Hélène, Henry, en passant à l’âge adulte, va être consultant pour une entreprise. On va lui confier de multiples missions, même celles qu’il ne devrait pas faire, car il est dans une posture de sauveur. Pendant ce temps, il s’oublie un peu. Cela lui permet de souffler dans une identité fragile. Cela peut être ces moments créatifs où on est dans une espèce de « flow », d’un état où on est un peu en hypnose, un état de conscience modifiée où la Terre peut s’effondrer. Cela permet vraiment de se ressourcer.

Cela peut aussi être des moments où on écoute de la musique, où on prend le temps de lire. Par exemple, Henry raconte qu’il a lu le livre d’Alice Miller “ Le drame de l’enfant doué “, et qu’il a pleuré tout le long du livre, mais que cela été une sacrée ressource. Tout à coup, il a réalisé combien il avait surdéveloppé tous ses sens en permanence pour être à l’affût de ce qui pourrait arriver comme danger ou catastrophe. C’est toutes ces ressources et bien d’autres, que nous avons tous en nous.

Il est important d’identifier ces ressources, surtout dans le cas d’Henry. Ses ressources ont pu être mises à jour au moment de sa psychanalyse. Spontanément, il avait repéré pas mal de choses. Mais dans son travail psychanalytique, il a pu trier ce qu’il fallait surmonter de son enfance. Les cadeaux qui se sont faits de son travail thérapeutique et de sa surdouance l’ont aidé à avancer, et cela l’a amené à être de bonne foi. À la fin de son travail analytique, Henry a reconnu qu’une psychanalyse et une surdouance ne rendent pas quelqu’un extraordinaire et parfait. Désormais, il sait qu’il est de bonne foi, en étant capable de reconnaître ses erreurs et ce qu’il a réussi.

Il faut savoir ce qui nous appartient ou pas, ce qui est possible pour nous. On prend la responsabilité de ce que l’on fait de notre vie sans s’en remettre à d’autres personnes.

Enfance difficile : en est-on toujours conscient ?

Dans son livre, Hélène Vecchiali fait référence à quelque chose de méconnu au sujet des traumatismes. Tout le monde sait ce que sont un traumatisme psychique et un traumatisme physique. Un traumatisme psychique peut se référer à des violences dans les propos, cela peut être très douloureux. Les traumatismes physiques peuvent malheureusement concerner des enfants battus… Tout cela est connu. Comme c’est connu, on peut s’en saisir et reconnaître que l’on a souffert de cela et que l’on doit en guérir.

Cependant, il y a un autre traumatisme qui est bien plus sournois : c’est le traumatisme du non advenu. Ce traumatisme est terrible car il est invisible. C’est une maltraitance passive. Ce sont des parents qui ne considèrent pas l’enfant. C’est un enfant à qui on ne pas dire qu’il est important, qu’il existe, que l’on peut dialoguer avec lui. C’est un enfant qui ne va rien recevoir…

Ce traumatisme du non advenu est terrible, car comment se saisir de quelque chose qui n’était pas là ? On ne sait pas que l’on avait droit à telle chose, puisqu’on ne l’a pas eue. Tout cela est un sacré travail.

D’ailleurs, lorsque l’on n’arrive pas à dépasser le traumatisme du non advenu, c’est là que la mélancolie s’installe, parce que c’est le deuil de quelque chose dont on ignore tout. On n’est pas bien, mais on ne sait pas pourquoi, puisqu’on n’a pas eu ce à quoi on avait droit. C’est un peu complexe.

Les retours des lecteurs

Hélène ne s’attendait pas à cela, car elle pensait que la cible était petite et ne concernait uniquement que les personnes à haut potentiel. Or, cela concerne un public beaucoup plus large. Parmi les hauts potentiels intellectuels, elle reçoit tous les jours des messages, des mails, des appels téléphoniques.

Le fait d’avoir raconté une partie de la vie de ses personnages sous la forme d’un roman fait qu’il y a plein de personnes qui lui disent qu’elles se comprennent enfin. Elles sont touchées et bouleversées, car elles se reconnaissent.

Se retrouver dans des exemples permet de ne plus se sentir seul ou fou. Réaliser que nous sommes un certain nombre de personnes à avoir vécu les mêmes choses est très réparateur.

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